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État islamique : Barack Obama en guerre, malgré lui

jeudi 11 septembre 2014

Contraint de réagir contre l’État islamique, le président américain a lancé mercredi une ébauche de stratégie en Irak et en Syrie, sans calendrier précis.

"Détruire" l’État islamique. Voilà le but que s’est fixé Barack Obama. Lors d’une allocution solennelle mercredi depuis la Maison-Blanche, prononcée à la veille du 13e anniversaire des attentats du 11 Septembre, le président américain a promis de frapper l’organisation djihadiste "où qu’elle soit". Vivement critiqué pour avoir publiquement admis fin août ne "pas avoir de stratégie" face à l’hydre djihadiste, Barack Obama a annoncé qu’il allait intensifier les frappes aériennes américaines contre les positions djihadistes, mais aussi renforcer son soutien aux forces irakiennes.

Debout devant un pupitre, drapeau américain en toile de fond, le président s’est montré décidé : "Notre objectif est clair : nous affaiblirons, et, à terme, détruirons l’EI", a-t-il martelé. Pour ce faire, le pensionnaire de la Maison-Blanche a annoncé dans un premier temps l’envoi de 475 conseillers militaires supplémentaires sur les 800 déjà présents en Irak, afin de soutenir les forces kurdes et irakiennes en termes d’équipement, de formation et de renseignement. Une ébauche de stratégie donc, mais aucun calendrier précis.

Pas de troupes au sol

Seule certitude, le président américain a exclu - pour l’heure - l’envoi de troupes américaines au sol. À la tête d’un pays toujours profondément marqué par une "décennie de guerre" en Irak, Barack Obama a assuré que cette campagne serait fondamentalement "différente" de celles d’Afghanistan et Irak, lancées par son prédécesseur, George W. Bush. Au contraire, le chef des armées a indiqué qu’il s’inspirerait davantage des opérations menées depuis des années contre les islamistes au Yémen ou en Somalie.

Obama, qui a pourtant été élu sur une promesse de "ramener les soldats américains à la maison", n’avait en réalité d’autre choix que d’agir, notamment à l’approche des élections de mi-mandat, qui pourraient voir le Sénat passer aux mains des républicains. Les images insoutenables de la décapitation des deux journalistes américains James Foley et Steven Sotloff ont profondément marqué l’opinion publique américaine, une majorité de citoyens étant désormais favorables à un des bombardements contre l’État islamique, "une organisation terroriste qui n’a d’autre vision que le massacre de tous ceux qui s’opposent à elle", a d’ailleurs souligné Barack Obama.

Collaboration États-Unis-Syrie ?

Pour mieux légitimer sa riposte sur le plan international, le président américain oeuvre à mettre sur pied une large coalition d’une quarantaine de pays, censés apporter un soutien militaire, humanitaire, ou simplement politique à l’opération. L’accent est notamment mis sur les monarchies du Golfe, soupçonnées d’avoir un temps financé le groupe radical, et dont le soutien demeure désormais indispensable aux États-Unis afin que l’opération ne soit pas perçue en Irak contre une "agression occidentale".

Nombre de pays occidentaux ont d’ores et déjà apporté leur appui, notamment le Royaume-Uni, l’Allemagne, et la France qui, outre l’organisation lundi à Paris d’une conférence internationale sur l’Irak, a précisé qu’elle participerait "si nécessaire" à une action militaire aérienne. Problème, si de nouvelles frappes en Irak ne rencontrent pas d’obstacles majeurs - plus de 150 bombardements efficaces ayant été déjà menés depuis le 8 août dernier -, l’hypothèse d’une action militaire en Syrie, où est basé l’État islamique, se révèle bien plus complexe.

Barack Obama a beau affirmer qu’il "n’hésitera pas à agir contre l’EI en Syrie, comme en Irak", une telle opération paraît improbable, sans l’aval préalable du régime de Bachar el-Assad, devenu son allié objectif contre les djihadistes. Profitant de l’occasion pour se racheter une bonne conduite, Damas a d’ailleurs proposé à Washington une "collaboration" contre la menace terroriste, officiellement rejetée d’un revers de main par les États-Unis. Pourtant, d’après l’Agence France-Presse qui cite plusieurs sources régionales, les deux "ennemis" auraient déjà commencé à échanger des informations sur les positions de l’État islamique en Syrie.


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