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Ukraine : à Olenivka, les combattants prorusses se replient et accusent

dimanche 14 septembre 2014

Repliés en seconde ligne, allongés dans l’herbe d’un talus, les rebelles prorusses qui défendent une position près du village d’Olenivka, au sud de Donetsk, accusent les forces ukrainiennes de violer un cessez-le-feu largement symbolique dans la région.

Leur chef répond au surnom de "Dron" (aucun n’accepte de révéler son identité) et raconte qu’à 20 ans, en 1989, il était dans l’un des derniers convois de l’armée soviétique à quitter l’Afghanistan. Il désigne la crête des arbres, à cinq cents mètres, où l’on devine une position fortifiée par des sacs de sable.

"Je suis responsable de la vie de mes hommes", dit à l’AFP cet homme de 45 ans aux yeux bleu clair. "Ce matin, ils nous ont attaqués à l’obus de char, ils en ont 28 ici, en face de nous. Alors, j’ai donné l’ordre de nous retirer, c’était trop dangereux. Nous avons eu de la chance de ne subir aucune perte. Ce cessez-le-feu, les mercenaires de Kiev n’en ont rien à faire".

Il tripote machinalement la croix orthodoxe en or qui pend à son cou, sur la marinière rayée de bleu. "S’ils avancent, même avec leurs chars, nous avons de quoi les arrêter. Et s’il le faut, nous y irons au couteau. S’ils passent, ce sont nos familles qui seront massacrées".

Éloignés, d’après eux, de cinq à six kilomètres de leurs ennemis, la vingtaine de combattants se détend au soleil, plaisante. On distribue le ravitaillement qui arrive dans le coffre d’une vieille Lada. Un blindé de transport de troupes est caché sous les arbres. Un jeune homme, la tête couverte d’un foulard kaki, se sert de la lunette de visée de son fusil de tireur d’élite pour observer l’ennemi.

- "L’armée du peuple" -

Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de celui qui se fait appeler Panda. Il a 26 ans et a reçu de ses amis une grenade, deux chargeurs de kalachnikov, des chaussettes et des sous-vêtements propres. Son visage rond est surmonté d’un béret noir frappé de l’étoile rouge, faucille et marteau.

"Ça a été dur ce matin, les obus tombaient de partout, dit-il. Nous avons reculé, mais pas abandonné nos positions. Dieu et Marie sont avec nous, nous tiendrons".

"Dron" (drone en russe) reçoit des instructions et passe des consignes par téléphone portable, aucun système de transmissions par radio n’est visible. "Chaque pays doit avoir une armée", dit-il. "Nous, nous sommes l’armée du peuple du Donbass, un peuple qui décidera par référendum s’il veut être indépendant ou s’il veut être rattaché à la Russie".

Celui qui a choisi comme surnom "Snoopy", 25 ans, lunettes noires et joues adolescentes, pistolet-mitrailleur à l’épaule, affirme qu’il "ne veut tuer personne". "Mais je dois défendre mon peuple. Mon rêve, c’était de devenir policier, mais là j’accomplis mon devoir. Pour nous, il n’y a pas d’autre issue".

"Dron" lui met la main sur l’épaule. "Tu sais, quand nous faisions partie de l’Ukraine, ils nous promettaient un avenir en or, mais on voit que ce n’étaient que des mensonges", dit-il. "Ils ne vont pas nous laisser en paix. Mais à la fin, on vivra beaucoup mieux sans eux".


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