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La Corée du Nord condamne l’Américain Miller à six ans de camp de travail

lundi 15 septembre 2014

Matthew Miller, jugé dimanche pour être entré en Corée du Nord, devient le second Américain condamné aux travaux forcés par Pyongyang.

L’Américain Matthew Miller a été condamné dimanche par un tribunal nord-coréen à six ans de camp de travail pour être entré en Corée du Nord, deux semaines après avoir appelé Washington à l’aide aux côtés de deux autres Américains détenus par Pyongyang. Matthew Miller, 24 ans, devient le second Américain condamné aux travaux forcés par la Corée du Nord, qui chercherait ainsi à obtenir des concessions politiques de la part de Washington.

Matthew Miller "a commis des actes hostiles" à la Corée du Nord "en entrant" sur son territoire "déguisé en touriste en avril dernier", a déclaré l’agence officielle KCNA dans une courte brève d’un paragraphe, sans précision sur la nature de ces actes. La Cour suprême l’a condamné à l’issue d’un procès qui s’est déroulé dimanche, a ajouté l’agence.

Matthew Miller, âgé de 24 ans, avait été arrêté en avril après avoir été accusé d’avoir déchiré son visa et demandé l’asile auprès de l’État communiste, où sont également détenus Jeffrey Fowle et Kenneth Bae. Kenneth Bae a été arrêté en novembre 2012. Accusé d’être un militant chrétien évangéliste cherchant à renverser le gouvernement nord-coréen, il a été condamné à 15 ans de camp de travail. Jeffrey Fowle, également entré en Corée du Nord au mois d’avril, a été accusé d’avoir laissé une bible dans un hôtel.

"Mon seul espoir"

Le 8 septembre, Les États-Unis avaient appelé à la libération de leurs trois ressortissants. "Pour des raisons humanitaires concernant Jeffrey Fowle, Matthew Miller, et leurs familles, nous demandons que la République populaire démocratique de Corée (RPDC, la Corée du Nord) les libère afin qu’ils puissent rentrer chez eux", avait dit le Département d’État américain. "Nous demandons également à la RPDC de pardonner à Kenneth Bae, de lui accorder une amnistie exceptionnelle et de le libérer pour qu’il rejoigne sa famille et bénéficie de soins", avait-il ajouté.

Le 2 septembre, les trois Américains avaient lancé un appel pour demander à Washington d’envoyer un émissaire afin de négocier leur libération avec Pyongyang.

Alors qu’ils étaient surveillés par des représentants du gouvernement, ils ont évoqué leurs conditions de détention dans une interview à la chaîne CNN, ce qui est très inhabituel en Corée du Nord. Les trois prisonniers étaient dans un hôtel de la capitale nord-coréenne. Kenneth Bae en particulier avait expliqué que sa santé était déclinante, même s’il était traité "autant que possible humainement", demandant à Washington d’agir rapidement. "Je demande au gouvernement américain d’envoyer un émissaire aussi vite que possible. Je pense que c’est mon seul espoir", a-t-il dit, expliquant qu’il travaillait huit heures par jour et six jours par semaine dans un camp de travail.

Une "diplomatie du détenu"

D’après les analystes, ce procès entre dans le cadre des efforts de Pyongyang pour pousser Washington à la négociation. "Le Nord sait probablement que les États-Unis sont trop occupés par la situation au Moyen-Orient et dans d’autres régions en proie à des crises plus importantes", a déclaré le professeur Yang Moo-jing, de l’Université des études nord-coréennes. "Cette diplomatie du détenu semble être le seul moyen de pression qui lui reste pour attirer l’attention des États-Unis."

Washington n’entretient aucune relation diplomatique avec la Corée du Nord. Dans le passé, Pyongyang a libéré des détenus américains après des visites des anciens présidents Bill Clinton et Jimmy Carter.

L’envoyé spécial américain en Corée du Nord pour des questions de droits de l’homme, Robert King, a tenté à deux reprises de se rendre dans le pays communiste pour faire libérer Kenneth Bae, mais Pyongyang a annulé son déplacement à la dernière minute.


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