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Les Casques bleus ne partiront pas demain

mardi 16 septembre 2014

« Compte tenu du climat de volatilité engendré par les élections et de la nécessité d’assurer une transition politique pacifique, ainsi que des difficultés que continue de rencontrer la police nationale pour préserver la stabilité à l’échelle nationale, il s’avère indispensable de maintenir une force de réaction rapide en Haïti », c’est la conclusion faite par le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, dans son rapport sur Haïti, présenté jeudi dernier au Conseil de sécurité. Cette force de réaction rapide devra compter aussi sur la présence d’une composante de police, jusqu’à l’élection présidentielle de 2015 et la mise en place d’un nouveau gouvernement ».

Le processus du retrait de la Mission des Nations unies en Haïti est lancé, il y a trois ans. Le chef de la MINUSTAH, Sandra Honoré, devrait faire des propositions concrètes dans son nouveau rapport sur ce que deviendra la mission onusienne dans les prochaines années. Dans cette perspective, une mission d’évaluation stratégique a été déployée en Haïti en juin dernier. Cette mission, dirigée par le secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, devrait tenir des consultations approfondies avec les principaux acteurs concernés à l’échelle nationale et internationale, les responsables de la MINUSTAH ainsi que l’équipe de pays des Nations unies.

« Il serait bon que l’Organisation des Nations unies continue d’aider les institutions haïtiennes jusqu’au prochain cycle électoral et jusqu’à l’installation d’une nouvelle administration en offrant ses bons offices et son appui aux fins de la stabilisation et du respect des droits de l’homme et de l’Etat de droit, pour pouvoir préserver les acquis obtenus à ce jour et assurer une transition politique pacifique en 2015 », a exhorté la mission d’observation.

Selon les recommandations de la mission publiées dans le rapport de la représentante des Nations unies en Haïti, il est souligné qu’il serait prématuré de liquider la MINUSTAH. « Il faut pouvoir éviter ou régler tous les problèmes qui pourraient surgir dans le cadre des préparatifs de l’élection présidentielle, alors que la sécurité reste précaire, que les effectifs de la police nationale ne sont toujours pas au complet et que la force continue de développer sa capacité de maintenir la stabilité à l’échelle nationale », selon le rapport.

Les avertissements de la mission d’évaluation sont partagés par la plupart des membres du Conseil de sécurité. Plusieurs diplomates occidentaux ont pris la parole après la présentation du rapport par madame Honoré pour appeler à la prudence en ce qui concerne le retrait des troupes onusiennes d’Haïti. C’est le cas pour le représentant du Mexique, l’ambassadeur Jorge Mantano, qui appuie toutefois un retrait progressif des hommes en uniforme en Haïti. « Nous appuyons un retrait progressif mais prudent, fondé sur un plan coordonné entre la mission, le gouvernement haïtien et l’ONU. Un retrait soudain pourrait entraîner une nouvelle instabilité politique », a-t-il prévenu.

Si l’ambassadeur Guillermo Rishchynski du Canada félicite le travail accompli par la MINUSTAH en 10 ans en Haïti, il a demandé que la décision de réduire sa capacité se base sur l’évaluation de la situation sur le terrain. « Il faut cependant éviter une réduction qui mette à mal les résultats engrangés jusqu’à présent, a-t-il dit. La Police nationale haïtienne doit encore être renforcée, a-t-il noté, en se félicitant des progrès dans ce sens et en rappelant que le Canada était un des grands contributeurs dans ce domaine ».

Le représentant d’Haïti à l’Onu, l’ambassadeur Denis Régis, n’appuie non plus un désengagement précipité des bataillons de l’Onu dans le pays. Denis Régis a appuyé la recommandation faite par le secrétaire général d’un désengagement en deux étapes de la MINUSTAH, laquelle aurait une présence réduite sur le terrain, mais maintiendrait une composante militaire d’envergure appropriée, qui fournirait un appui pertinent aux institutions haïtiennes uniquement lorsque des situations de maintien de l’ordre excéderaient les capacités de ces dernières.

« Nous souhaitons que ce mandat, renouvelé et reconfiguré, a-t-il précisé, puisse permettre d’assurer une présence de la mission qui concorde avec les besoins réels d’Haïti et les impératifs de l’heure », a déclaré monsieur Régis. Il a ajouté que cette présence continuerait d’être d’un précieux soutien pour les institutions haïtiennes, notamment dans le contexte du prochain cycle électoral prévoyant des élections législatives et municipales cette année, et l’élection présidentielle en 2015.

L’avis du secrétaire général de l’organisation mondiale ne diffère pas trop de ceux des autres. Celui qui a visité Haïti en juillet dernier affirme dans ses observations que des gains importants ont été réalisés et la consolidation de la mission doit être le reflet de la situation sur le terrain. « Dans le même temps, la MINUSTAH doit conserver une présence adéquate pour pouvoir aider les institutions haïtiennes à faire face aux risques menaçant la sécurité, en particulier dans le contexte du prochain cycle électoral et de la poursuite du renforcement de la police nationale haïtienne », a soutenu Ban Ki-moon dans le rapport présenté le 11 septembre écoulé au Conseil de sécurité.

La composante militaire des Nations unies a continué de réduire ses effectifs comme prévu par la résolution 2119 (2013) du Conseil de sécurité. La MINUSTAH avait ramené sa force à l’effectif autorisé de 5 021 soldats au 30 juin, soit une réduction d’environ 15% du personnel en uniforme. Au 1er juillet, la composante militaire était constituée de 21 compagnies d’infanterie et de deux compagnies mixtes du génie et elle ne disposait plus de capacités maritimes.

Louis-Joseph Olivier
ljolivier@lenouvelliste.com


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