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Aristide reçoit ses alliés, le juge Bélizaire observe

mercredi 17 septembre 2014

L’ordre de mise en résidence surveillée émis par le juge d’instruction Lamarre Bélizaire contre l’ex-président Jean-Bertrand Aristide n’est pas respecté. Ce mardi, Jean-Bertrand Aristide a reçu des parlementaires et des militants politiques venus lui exprimer leur « solidarité ». Il n’y avait pas d’agents de l’Apena ni de la DCPJ à l’intérieur ni à l’extérieur de la résidence de JBA. Entre la PNH et le juge d’instruction, les violons ont définitivement du mal à s’accorder.

Le juge d’instruction Lamarre Bélizaire est poussé dans les cordes. Ses ordres sont systématiquement ignorés dans l’instruction menée contre l’ex-président Jean-Bertrand Aristide, inculpé pour trafic de drogue, blanchiment des avoirs et une flopée de crimes financiers. Constatant que le mandat d’amener décerné début août contre JBA n’a pas été exécuté, Lamarre Bélizaire, après l’audition du chef de la police Godson Orélus en vue de connaître les causes de ce retard, a décerné le 9 septembre 2014 un ordre de mise en résidence surveillée. Il a ordonné à la direction de l’administration pénitentiaire de sécuriser le domicile de JBA à Tabarre tandis que l’extérieur devait être gardé par la DCPJ. Pour visiter l’ex-président, a indiqué l’ordonnance, il faut l’autorisation du juge Lamarre Bélizaire.

Petit pied de nez

Comme un ultime pied de nez au juge, une délégation composée de députés, dont Pauly Faustin, Sinal Bertrand, Olivard Richard, Jean Tholbert Alexis, des ex-sénateurs Nenèl Cassy, Louis Gérald Gilles, et des militants politiques Biron Odigé, Rony Timothé de (FOPARC), a rendu une « visite de solidarité » à l’ex-président Jean-Bertrand Aristide ce mardi 16 septembre 2014. « Il est en forme. Il comprend très bien et digère la situation », a confié Tholbert Alexis, ex-président de la Chambre des députés. Le président Aristide se concentre sur la rentrée universitaire, a ajouté le député de Croix-des-Bouquets-Thomazau.

Est-ce un défi au juge Lamarre Bélizaire ? « Le juge d’instruction navigue dans l’illégalité. Il est récusé et on lui a demandé de se dessaisir », a insisté Tholbert Alexis, ajoutant que « l’ex-président Aristide n’est pas inculpé mais poursuivi à tort par le juge qui torpille la loi ». « Ce juge se comporte en bourreau », a accusé le député avant d’indiquer « que le président Aristide considère qu’il est victime de persécution politique de la part du juge ».

Rony Timothée de la FOPARC dont les paroles sont souvent mouillées d’acide, a confié que la délégation voulait savoir s’il fallait avoir un tract du juge Bélizaire avant de rendre visite à l’ex-président Aristide. On a compris que tout ce qui a été dit n’a aucun fond de vérité, a expliqué Rony Thimothée, voyant dans les accusations de trafic de drogue contre Aristide une manœuvre politique. JBA n’était pas inquiété, son nom n’était pas cité quand la DEA est venue procéder à l’arrestation d’un ex-président de l’Assemblée nationale (NDLR Fourel Célestin ).

Rony Thimothée a cependant souligné que la visite de la délégation à l’ex-président Jean-Bertrand Aristide « n’est ni un défi, ni une obstruction à la justice ». Il a indiqué que des poursuites judiciaires contre JBA et contre tout citoyen doivent être respectueuses de la loi dans la forme comme dans le fond.

Tous les amis d’Aristide s’activent

Si des alliés politiques de Jean-Bertrand Aristide s’activent dans le pays, ceux de l’étranger sortent de leur mutisme. Les actes d’instruction du juge Lamarre Bélizaire rendent « perplexes » et « outragés » des supporteurs de JBA comme le représentant de la Californie au Congrès des USA, Maxine Waters, selon le Miami Herald. Maxine Waters, révèle le journal, a appelé le secrétaire d’Etat américain John Kerry à « intervenir » pour « empêcher un affrontement dangereux et inutile » susceptible de provoquer le chaos dans le pays.

« Personne ne voudrait d’une confrontation entre les partisans d’Aristide et la police », a écrit Maxine Waters, cité par le Miami Herald. « J’ai peur que la situation dangereuse qui se développe ne conduise à des pertes en vies humaines et à une instabilité politique plus profonde en Haïti », selon la congresswoman, « très préoccupée » pour la sécurité de Jean-Bertrand Aristide. « Il est dans une situation à risque », a-t-elle insisté. Préoccupé lui aussi, le pasteur Jesse Jackson a indiqué ne « pas comprendre la légalité de tout ce qui se fait comme de nombreuses autres personnes ».

Sanon, simple conseil

« Je n’ai pas de commentaires. Je ne suis même pas au courant », a confié au journal le ministre de la Justice Jean Renel Sanon, interrogé sur la visite de la délégation à l’ex-président Jean-Bertrand Aristide, mis en résidence surveillée. Questionné sur son appel à JBA l’invitant à faciliter le travail de la justice en répondant au juge, Jean Renel Sanon souligne que « cela n’a rien de contraignant ». « C’était une conseil », a-t-il dit.

Lamarre Bélizaire n’a « pas de problème personnel avec Aristide »

Joint par le journal, le juge d’instruction Lamarre Bélizaire a confié avoir « agi avec la loi en main ». « Le mandat est émis selon les dispositions de l’article 77 du code d’instruction criminelle », a confié Lamarre Bélizaire. « Je n’ai pas de problème personnel avec M. Aristide. Je ne le connais même pas », a-t-il souligné en attendant l’exécution des ordres émis.

Dans l’ordonnance de mise en résidence surveillée contre JBA, le juge d’instruction Lamarre Bélizaire a pris le soin de décanter. Sans arrêt de débet, il met en veilleuse les accusations de crimes financiers. Le juge part à la chasse, cherche une connivence présumée entre Jean Nesly Lucien, ex-directeur général de la PNH et Oriel Jean, ancien chef de la sécurité du palais national. Deux hommes qui eurent des démêlés avec la justice américaine et la justice canadienne dans des affaires de drogue et de blanchiment d’argent. En juillet 2005,l’ancien directeur général de la police haïtienne, Jean Nesly Lucien, a été condamné à cinq ans de prison pour blanchiment d’argent. L’ancien chef de la sécurité du président Jean-Bertrand Aristide, Oriel Jean, avait plaidé coupable en mai de la même année devant un tribunal de Miami de blanchiment d’argent.

La décision de mise en résidence surveillée en toute illégalité a provoqué une levée de boucliers. Des juristes n’ayant a priori aucune affinité avec la mouvance lavalas ont qualifié cette mesure d’illégale. Le 11 septembre 2014, cinq jours avant la visite de cette délégation, en pleine nuit, les agents de l’USGPN attachés à la sécurité de JBA ont été rappelés. Sur un ton grave, Me Mario Beauvoir, avocat d’Aristide, avait indiqué dans la presse que la sécurité de l’ex-chef de l’Etat est désormais entre les mains du président Michel Martelly, du ministre de la Justice Jean Renel Sanon, du juge d’instruction Lamarre Bélizaire. Enfonçant le clou de la gravité, Maryse Narcisse, candidate à la présidence désignée par le parti Fanmi Lavalas, avait dit que l’objectif de cette machination politique est « l’assassinat de Jean-Bertrand Aristide ».

Le chef de la police, de retour d’un voyage au Nicaragua, souligne qu’il n’était pas au courant de cette décision opérationnelle prise par les responsables de l’USGPN, unité spécialisée de la PNH. S’agissant de l’absence de l’Apena et de la DCPJ chez l’ex-président Jean-Bertrand Aristide, le commissaire Frantz Lerebours, porte-parole de la PNH, a parlé de mises en place opérationnelles.

Roberson Alphonse
robersonalphonse@lenouvelliste.com


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