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Nouveau bras de fer sur le nucléaire iranien

vendredi 19 septembre 2014

Les négociations reprennent ce jeudi à New York en marge de l’Assemblée générale de l’ONU.

La crise dure depuis douze ans, mais, en théorie, les deux parties ont besoin d’un accord : l’Iran pour obtenir une levée des sanctions qui ravagent son économie et la communauté internationale pour avoir la garantie que Téhéran ne se dotera pas de la bombe nucléaire. Alors que les négociations reprennent ce jeudi à New York après la reconduction, en juillet, de l’accord intérimaire sur le nucléaire, les spécialistes doutent que la crise puisse être résolue avant la nouvelle date butoir, fixée au 24 novembre.

Malgré les espoirs suscités par l’élection de Hassan Rohani à la présidence de la République, l’Iran n’a pas renoncé à son programme nucléaire militaire. Les rendez-vous de « transparence » prévus avec l’Agence internationale de l’énergie atomique n’ont pas été respectés par l’Iran, qui n’a pas transmis les informations relatives à ses activités au gendarme du nucléaire. Aucun progrès non plus sur la question ultrasensible de l’enrichissement de l’uranium et du nombre de centrifugeuses que les autorités iraniennes pourraient être autorisées à conserver. L’objectif des six négociateurs internationaux - le Conseil de sécurité plus l’Allemagne - est d’obtenir un « délai de sécurité » qui leur laisserait au moins un an pour réagir si l’Iran ne respectait pas ses engagements et reprenait sa marche rapide vers la bombe. Ce délai ne serait aujourd’hui que de deux ou trois mois. Or, « les Iraniens ont répondu non à toutes les propositions », explique une source proche du dossier.
À Téhéran, ultraconservateurs et « modérés » n’ont toujours pas trouvé de consensus sur la question. « En Iran, les implications stratégiques vont bien au-delà du nucléaire. Décider de passer d’une logique d’autarcie et de confrontation avec les États-Unis à une normalisation des relations avec l’Occident est un choix très lourd », poursuit cette source. Il est d’autant plus difficile à faire que l’Iran se sent en position de force vis-à-vis des Occidentaux depuis que la poussée des djihadistes en Syrie et en Irak a mis au jour des intérêts convergents entre les protagonistes de la crise nucléaire. Alliés de Bachar el-Assad, les Iraniens tentent de s’imposer dans la lutte internationale contre Daech, (acronyme arabe de l’État islamique, EI). Principaux soutiens de Bagdad, ils ont joué un rôle déterminant dans le changement récent du premier ministre irakien, Nouri al-Maliki.

« Une crise à mèche longue »

Jusque-là, le groupe des six a réussi à isoler la question nucléaire du dossier géopolitique. Mais il n’est pas dit que cette position soit tenable. Pendant l’été, des contacts bilatéraux ont eu lieu entre Iraniens et Américains. Le secrétaire d’État, John Kerry, envisage des discussions sur l’Irak avec les Iraniens en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York. Acteur majeur de la crise, Barack Obama sait qu’il lui sera encore plus difficile de régler la question après les élections de mi-mandat en novembre, qui devraient être gagnées par les républicains.

L’Iran et la communauté internationale ont jusqu’au 24 novembre pour trouver un accord définitif. S’ils échouent, plusieurs scénarios sont déjà sur la table : une énième reconduction des négociations, même si ce cas de figure n’est pas prévu par l’accord intérimaire. Car, comme le dit un responsable français, le nucléaire iranien est « une crise à mèche longue ». Ou une rupture du processus diplomatique, qui pourrait entraîner une escalade des sanctions, l’accélération du processus d’enrichissement et la menace d’une intervention militaire.


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