MosaikHub Magazine

Otage en Algérie : « La France ne cèdera pas au chantage »

mardi 23 septembre 2014

Depuis Berlin, le premier ministre Manuel Valls a répété qu’il n’y aurait ni discussion, ni négociation avec le groupe djihadiste qui menace de mort un otage français en Algérie.

Le gouvernement maintient sa fermeté. Depuis Berlin où il est en visite officielle, le premier ministre Manuel Valls a réaffirmé mardi matin la position déjà affichée lundi soir par le chef de la diplomatie Laurent Fabius : la France n’engagera « aucune discussion, aucune négociation » avec le groupe lié aux djihadistes de l’organisation qui se fait appeler État islamique (EI) et qui menace de d’exécuter un Français en Algérie d’ici la fin de journée de mardi si la France ne cesse pas ses frappes en Irak.

Hervé Gourdel, un Niçois de 55 ans et guide de haute montagne, a été enlevé dimanche soir dans la région de Tizi Ouzou, à 110 km à l’est d’Alger. Le groupe djihadiste algérien Soldats du califat (Jound al-Khilafa) a revendiqué cet enlèvement dans une vidéo. Assis par terre, entouré de deux hommes masqués et armés de kalachnikovs, l’otage demande à François Hollande de le sortir de cette situation. Selon RTL, ce groupe serait celui qui avait revendiqué les attentats de Mohamed Merah, qui avait tué sept personnes en mars 2012 en France.

« C’est toute la perfidie du terrorisme que d’avoir recours au chantage, à la mort, de menacer » a dénoncé Manuel Valls. « Si on cède, si on recule d’un pouce, on lui donne cette victoire. » La France « est une grande nation qui assume totalement ses responsabilités » en Irak, a insisté le premier ministre, qui donnera mercredi, à l’Assemblée nationale, « les explications, les fondements, les buts de ces frappes » avant un débat avec les parlementaires. « Il faut, face à l’essentiel, c’est-à-dire la terreur qui veut frapper nos intérêts et nos valeurs, oui, se rassembler », a-t-il plaidé.

« Une situation extrêmement critique » selon Laurent Fabius


La fermeté du premier ministre succède à celle du ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui ne cache toutefois pas son pessimisme. Le patron du Quai d’Orsay a évoqué lundi soir une situation « extrêmement critique ». Le numéro 2 du gouvernement venait de confirmer l’authenticité de la vidéo diffusée par le mouvement Soldats du califat (Jound al-Khilafa), qui a fait allégeance la semaine dernière à l’État islamique, lors d’une conférence de presse à New York, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU.

Aussi délicate soit la situation, Laurent Fabius, le visage grave, a assuré que ces menaces ne changeraient rien à l’engagement de la France en Irak. « Il n’est pas question de céder aussi peu que ce soit aux menaces d’un groupe terroriste », a martelé le ministre des Affaires étrangères. « L’attitude de la France est constante. Nous essayons de faire le maximum pour libérer des otages, mais un groupe terroriste ne peut pas infléchir la position de la France », a-t-il insisté, estimant avoir « affaire à un groupe terroriste d’une cruauté extrême ». « Ils veulent inspirer la terreur et faire pression sur la politique de la France », a encore ajouté Laurent Fabius, qui a précisé être « en concertation étroite avec les autorités algériennes pour obtenir la libération de notre compatriote
Paris appelle ses ressortissants « à la plus grande prudence »

Mardi, des troupes d’élite du service de la lutte antiterroriste de l’armée algérienne tentaient de localiser l’otage en passant au peigne fin une zone montagneuse à l’est d’Alger, entre les départements de Tizi Ouzou et de Bouira. À Paris, le parquet a ouvert une enquête pour enlèvement et séquestration en lien avec une entreprise terroriste, confiée à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

L’ancien magistrat anti-terroriste Alain Marsaud a estimé que les chances de libération d’Hervé Gourdel sont « nulles ». « Nous n’avons pas la capacité, et certainement pas les Algériens, pour régler un tel problème. Soit on est parti sur une longue prise d’otage, soit, hélas, pour un nouveau drame. Sans doute le premier d’une longue liste de Français qui seront capturés », a déploré sur RTL le député UMP des Français de l’étranger.

Face à la mise en garde de l’EI, ciblant explicitement « les méchants et sales Français », Paris a appelé « à la plus grande prudence » ses ressortissants résidant ou étant amenés à se déplacer dans une trentaine de pays, notamment au Maghreb, au Moyen-Orient et en Afrique.


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie