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Martelly entame une série de consultations

mardi 23 septembre 2014

Première journée de consultation politique. Ce n’est pas encore le début du troisième round de dialogue proprement dit. Mais, ce lundi 22 septembre, parlementaires, hommes politiques, responsables de la société civile ont défilé au palais national pour donner au président de la République leur avis sur une sortie de crise. En 6h de consultation, Michel Martelly a fait le tour de la crise préélectorale. Même s’il se dit satisfait et promet de poursuivre les pourparlers, le problème reste entier.

Michel Martelly prend l’avion ce mardi pour New York où il va participer à la 69e Assemblée générale de l’ONU. Il veut partir avec le sentiment d’avoir lancé le processus de dialogue. Il a réussi le coup. En une seule journée à portes fermées, Michel Martelly a rencontré six personnalités importantes de la société. En début de la journée, il s’est entretenu avec le directeur exécutif de l’Initiative de la société (ISC), Rosny Desroches, et le responsable du Conseil national haïtien des acteurs non étatiques (CONHANE), Edouard Paultre. A la mi-journée, il a rencontré les présidents des deux branches du Parlement et le président du CSPJ. Dans l’après-midi, il s’est entretenu avec le coordonnateur national de l’OPL.

« Je suis pour des consultations », a soutenu Michel Martelly à l’issue de la première journée de consultation politique. Il ne veut pas en dire davantage. « Nous attendons la fin du processus avant de nous prononcer », a-t-il dit. Le chef de l’Etat a fait savoir qu’il n’a pas d’adversaires politiques, soulignant que des personnes peuvent ne pas partager sa vision, mais ne sont pas pour autant ses adversaires. Le locataire du palais national se dit satisfait de la première journée de consultation et dit voir dans le dialogue un outil important.

Invités puis tenus à l’écart de la salle des discussions, les journalistes devraient attendre chaque fin d’entretien pour arracher quelques mots de la bouche des participants.

Rosny Desroches plaide pour une sortie de crise« gagnant-gagnant »

Sans vouloir donner de détails à la presse, le directeur exécutif de l’Initiative de la société civile (ISC) a indiqué qu’il a fait une proposition de sortie de crise de huit points au chef de l’Etat. Rosny Desroches a plaidé pour une solution « gagnant-gagnant » entre l’exécutif et l’opposition qui respecte le plus possible la Constitution et les prérogatives de chaque pouvoir. Selon lui, dans un esprit de compromis, il faut gérer « convenablement le présent, oublier un peu le passé et préparer l’avenir… ».

En invitant deux membres de la société civile au palais national, Rosny Desroches et Edouard Paultre, le président Martelly a voulu avoir leurs points de vue sur la crise préélectorale avant le démarrage du processus de dialogue. Tout en reconnaissant qu’il y a un aspect de communication dans le lancement des consultations, Rosny Desroches a pris la défense du président Martelly contre ceux qui l’accusent de vouloir donner à la communauté internationale l’impression qu’il veut trouver une solution à la crise. « Je crois que le président a compris qu’il doit négocier avec l’opposition s’il veut organiser les élections », a dit le directeur de l’ISC, exhortant le chef de l’Etat à se mettre d’accord d’abord sur un agenda avec les acteurs politiques.

Pour sa part, Edouard Paultre a souligné que cette rencontre avec le président n’était qu’une consultation préliminaire avant le dialogue et les négociations formelles. Le responsable du CONHANE a dit attirer l’attention du chef de l’Etat sur la nécessité de trouver un compromis avec l’opposition avant le mois de janvier 2015.

« Il ne faut pas mettre des pansements là où il n’y a pas de blessures », dixit Desras

« Aujourd’hui, nous avons discuté globalement sur la situation politique, sur l’avenir du pays et sur ce qui devrait être fait pour trouver une solution de crise », a déclaré le président du Sénat à sa sortie de la salle de consultation. Le sénateur Dieuseul Simon Desras a dit encourager le chef de l’Etat à continuer sur la voie de la consultation. « Cependant, on lui a suggéré de ne pas mettre des pansements là où il n’y a pas de blessures. C’est-à-dire, il doit rencontrer les vrais concernés par la crise… »

Interrogé sur l’absence du groupe des six, le sénateur Desras a fait savoir qu’il avait automatiquement ordonné que l’invitation envoyée par le palais national vendredi après-midi leur soit acheminée via leur adresse électronique le jour même. Sur Radio Magik 9 lundi matin, le sénateur Jean-Baptiste Bien-Aimé a déclaré n’avoir pas été touché par cette invitation et a réaffirmé la position du groupe des six de ne pas rencontrer le président Martelly au palais national.

Alors que le groupe des six sénateurs avait déjà boudé une invitation et avait clairement fait savoir qu’il ne rencontrera pas le chef de l’Etat au palais national, ces parlementaires de l’opposition ont été invités une deuxième fois au palais national. Sur ce point, le sénateur Desras ne souhaite pas donner son opinion. Pour lui, chaque sénateur est un Sénat. Il laisse le soin à ses collègues d’en décider.

Après cette journée de consultation, le sénateur Desras a avoué qu’il n’a aucune information sur la suite. « La prochaine étape ne dépend pas de moi, a-t-il dit. C’est le président qui mène les consultations et ne je connais pas son agenda. » Cependant, le parlementaire a dit espérer que ces consultations déboucheront sur une sortie de crise.

Le président du Sénat s’est demandé si ce round de pourparlers est un « dialogue, une négociation, un consensus, ou encore une combinaison des trois ».

Pour sa part, le président de la Chambre des députés a indiqué que le cadre légal permettant au CEP d’organiser les élections a été abordé sans toutefois donner de précisions. « Le président du Sénat a sa position… », a-t-il dit, évitant de donner la position du sénateur Dieuseul Simon Desras sur le dossier. Rappelons que le président du Sénat avait déjà à maintes reprises rejeté toute possibilité d’appliquer l’article 12 de l’Accord d’El Rancho comme solution au blocage à l’organisation des élections.

Le président du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CEPJ), Me Arnel Alexis Joseph, n’a voulu rien dire sur sa présence au palais national : « Je ne suis pas autorisé à parler », a-t-il dit de façon laconique.

L’OPL, l’opposition modérée

C’est avec le coordonnateur de l’Organisation du peuple en lutte (OPL) que le chef de l’Etat a mis fin à la première journée de consultation. « Nous avons parlé de la complexité du contexte politique », a indiqué Sauveur Pierre-Etienne. Selon lui, il faut éviter au pays un vide institutionnel au deuxième lundi de janvier 2015.

Sauveur Pierre-Etienne n’a demandé qu’une seule chose au chef de l’Etat : 12 janvier 2015, cinq ans après le tremblement de terre, de trouver un compromis avec l’ « opposition radicale » afin d’éviter de souiller la mémoire des victimes du séisme avec un vide institutionnel. « Le président a promis de faire tout ce qui est possible et imaginable afin de trouver un compromis avec ses adversaires politiques », a-t-il dit.

Il a souligné que le chef de l’Etat ne demande que le vote des amendements de la loi électorale. Le Dr Sauveur Pierre-Etienne continue de s’accrocher à l’Accord d’El Rancho et souligne qu’on ne peut pas négocier avec quelqu’un sans avoir dialogué avec lui.

Le Nouvelliste a appris que le chef de l’Etat avait souhaité rencontrer au palais national l’organisation politique Fusion ce mardi avant son départ pour l’ONU. La Fusion aurait refusé, exigeant un agenda avant toute discussion avec le chef de l’Etat. Dès son retour de New York le week-end prochain, Michel Martelly reprendra les consultations.

Rappelons que, le 20 août dernier, le bureau du Sénat avait jugé bon d’écrire au président Michel Martelly, lui demandant de s’asseoir avec l’opposition politique que constituent le groupe des six sénateurs et les six partis et regroupements politiques. Ces séries de consultations font suite à cette demande du grand Corps.

Robenson Geffrard
rgeffrard@lenouvelliste.com


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