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Elections/Crise politique

Etes-vous prêt à diriger par décret Monsieur le président ? "Oui, je suis prêt"

jeudi 25 septembre 2014

"Je suis le président d’un pays, je dois faire face à n’importe quelle situation. Vous me demandez si je suis prêt, je suis prêt", a affirmé le président de la République. Entre une rencontre avec Edmond Mullet et une autre avec le célèbre pasteur afro-américain Jessy Jackson mercredi à New York, Michel Martelly a accordé une vingtaine de minutes aux journalistes haïtiens qui ont fait le déplacement pour couvrir la 69e Assemblée générale de l’ONU au cours de laquelle il s’est prononcé sur plusieurs points d’actualité.

Le chef de l’Etat continue de demander aux sénateurs de voter les amendements à la loi électorale. Il ne rate jamais une occasion pour le faire. Il fait des consultations afin de trouver une meilleure façon pour résoudre la crise politique et se dit prêt à rencontrer les protagonistes n’importe où. Mais, si d’ici le deuxième lundi du mois de janvier 2015 un compromis n’est pas trouvé et "si le 12 janvier 2015 le Parlement est caduc, il y a un président qui n’est pas caduc, il gérera le pays et nous ferons tout ce que nous avons à faire", a déclaré Michel Martelly répondant à une question directe du Nouvelliste. Etes-vous prêt à diriger par décret Monsieur le président ? "Oui, je suis prêt !" "Je suis le président d’un pays, je dois faire face à n’importe quelle situation. Vous me demandez si je suis prêt, je suis prêt", a soutenu le locataire du palais national.

"L’essentiel, c’est qu’aujourd’hui je veux aller vers les élections, parce que personne ne veut la caducité du Parlement, a souligné le président Martelly. Pour bien fonctionner, l’Etat doit avoir ses trois composantes. C’est la loi électorale que nous attendons pour aller vers les élections. Sans un compromis, l’exécutif ne peut pas organiser les élections sans une loi électorale’’. A l’hôtel Surrey où résident le président et le Premier ministre pendant leur séjour à New York, Michel Martelly laisse parler son cœur aux micros des journalistes.

Le premier des citoyens de la République a dit suspecter que l’opposition, au moment des élections, peut être à l’origine de bien de troubles. " On a vu des gens qui devraient prêcher par l’exemple circuler en pleine rue armés, a-t-il dénoncé. Alors qu’ils devraient encourager le dialogue, ils boudent les invitations aux consultations et ne réclament que le départ du pouvoir. Nous avons un mandat que le peuple haïtien nous a donné. Nous savons quand il faut partir. S’il y a des gens qui veulent semer des troubles, nous ne souhaiterions pas avoir à réagir tandis que nous sommes des démocrates. Nous préférons l’unité et le dialogue pour résoudre le problème."

« Ils sont des destructeurs »

Selon le président Martelly, ceux qui ont boudé ses invitations ne sont pas intéressés à discuter des problèmes du pays « Alors que c’est vous qui dites qu’il y a des problèmes. Si vous refusez l’invitation du président cela veut dire que vous ne voulez pas résoudre les problèmes de la population, et si le président voit que vous ne voulez pas résoudre les problèmes de la population il avancera sans vous », a dit Michel Martelly en s’adressant directement à ses opposants.

Il a vertement critiqué le groupe des six sénateurs qui, selon ses calculs, pouvaient organiser 96 séances dans une année parlementaire mais n’en ont organisé que quatre. « C’est votre droit, sauf que l’argent mis à votre disposition est mal utilisé. Mais on continuera à vous payer. Mais c’est aussi le droit du président d’attirer l’attention de la population sur votre mode de fonctionnement. A quand remonte la dernière fois que des membres du gouvernement se sont rendus à La Gonâve, à Mirebalais, à Jérémie pour rencontrer la population ? », a-t-il questionné.

« Si vous refusez de participer au dialogue pour donner votre avis sur comment trouver la meilleure formule pour avancer, si vous organisez des manifestations de rue et que vous brûlez des pneus sur l’asphalte, vous êtes "des destructeurs, selon le président de la République. Cependant, Michel Martelly vous reconnait le droit d’exister. « C’est la population qui doit savoir qui voter aux elections », a-t-il dit. Pour le chef de l’Etat, il est des partis politiques dans le pays qui n’ont aucune vision. De son avis, aujourd’hui quand on parle de "Tèt kale", on voit au moins l’éducation gratuite. " Mais on pourrait voir aussi la création d’emplois, le tourisme... N’importe quel parti de l’opposition si on leur demande quelle est sa vision, on se souviendra uniquement qu’ils veulent renverser le président Martelly et le Premier ministre Lamothe."

« Tout le monde sait que l’opposition, nous lui donnons sa place et nous la laissons ralentir beaucoup de choses dans le pays.Tout le monde sait qu’elle perd du poids et n’a pas le support de la population », a expliqué le chef de l’État. Tout en se défendant d’avoir attaqué les partis politiques après ces déclarations, le président Martelly a dit qu’il veut renforcer les partis politiques.

Fort de tout ceci, le président Martelly a dit préférer avoir la Minustah dans le pays pendant la période de l’élection présidentielle. Après quoi, les Casques bleus peuvent commencer à plier bagage. " Il est important de conserver les dix ans de stabilité que nous venons d’avoir et de ne pas les perdre pendant trois mois », a-t-il ajouté. « Il n’est pas de bon ton qu’à la veille des élections on réduise l’effectif des Casques bleus dans le pays, a-t-il soutenu. Nous nous sommes déjà mis d’accord avec les Nations unies que d’ici 2016 si les choses se passent bien, la Minustah aura totalement quitté le pays. Mais à partir de 2015 il y aura une réduction considérable dans l’effectif des Casques bleus dans le pays », a-t-il fait savoir à la suite d’une rencontre avec Edmond Mullet, ancien chef de la Minustah, sous-secrétaire général adjoint au maintien de la paix de l’ONU.

Le chef de l’Etat haïtien a souligné que d’ici à la fin de l’année, l’effectif de la Police nationale passera à 13 000 et 15 000 en 2016. Il a aussi souligné la mise sur pied d’un corps de défense. Ce qui, a-t-il dit, permettra au pays de faire des avancées sur le plan sécuritaire avant le départ de la Minustah.

A New York cette semaine dans le cadre de la 69e Assemblée générale de l’ONU, le chef de l’Etat a un agenda très chargé et compte, selon ses dires, mettre Haïti sur le plateau du monde

Robenson Geffrard, envoyé spécial du Nouvelliste à New York


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