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Conférence des bailleurs/New York

Reconstruction : Le FRH se transforme en fonds d’investissement

vendredi 26 septembre 2014

Environ un an après avoir transformé la CIRH en CAED, c’est maintenant le Fonds de reconstruction d’Haïti qui est changé en Fond d’investissement. Lors du forum des partenaires d’Haïti jeudi, à New York, le chef de l’Etat et le Premier ministre ont vanté leurs réalisations et demandé aux bailleurs de fonds internationaux de voir en Haïti un pays qui a plus besoin d’investissement que de l’humanitaire

Fini le temps des dons et de l’humanitaire. Passons maintenant à l’investissement durable. Tel a été le message des autorités haïtiennes aux bailleurs de fonds internationaux. Si le Fonds pour la reconstruction d’Haïti (FRH) avait été mis sur pied en 2010 à New York, c’est dans cette même ville américaine, quatre ans après, qu’il est changé en Fonds pour l’investissement. « L’heure n’est plus à l’assistanat, mais à la solidarité durable, l’accompagnement des institutions haïtiennes », a déclaré le chef de l’Etat haïtien, Michel Martelly lors de la conférence des partenaires d’Haïti.

Robert Emmanuel, directeur du conseil international de la Banque Lazard, une banque franco-américaine, est chargé de concevoir l’architecture du Fonds d’investissement qui remplace le FRH. Selon lui, le fond disposera de deux fenêtres d’opérationnalisation. « Une fenêtre liée aux projets plus structurants, c’est-à-dire dans le tourisme, l’énergie, la manufacture", a-t-il précisé. Cette première fenêtre, a-t-il ajouté, alimentera la deuxième, qui vise à offrir des garanties aux petites entreprises.

L’étude de faisabilité et la conception de l’architecture de ce fonds seront présentées officiellement le 12 janvier prochain à l’occasion du cinquième anniversaire du tremblement de terre. Elle sera financée par la Banque interaméricaine de développement, selon Marie Carmel Jean-Marie appelant à l’instar du président et du Premier ministre à un nouveau paradigme dans la coopération internationale avec Haïti.

Le Fonds de reconstruction d’Haïti a joué le rôle pour lequel il avait été créé à la satisfaction du gouvernement, a déclaré la ministre de l’Economie et des Finances, qui participait également au forum des partenaires d’Hait à New York. Le FRH devra laisser sa place à un autre outil de financement plus orienté vers la croissance qu’est le fonds d’investissement, a souligné MCJM.

Comme pour le FRH, le nouveau fonds n’a pas été mis sur pied sans la consultation ni l’aval du FMI. « Compte tenu des efforts réalisés par le gouvernement pour la stabilité macroéconomique et des réalisations d’investissements porteurs financés en grande partie par les ressources domestiques, le FMI a accepté de négocier avec nous cette fois un programme basé non sur des ajustements structurels mais plutôt orientés vers la croissance », a déclaré le grand argentier de la République.

« Si nous avions eu, a-t-elle souligné, des investissements privés dans les secteurs productifs à la hauteur des investissements publics que nous avions consentis dans les secteurs tels l’infrastructure, l’agriculture et le tourisme, l’économie haïtienne aurait pu atteindre le taux de croissance à deux chiffres nécessaire pour permettre au pays d’atteindre l’émergence tant souhaitée à l’orée de 2030. »

Il ne faut pas cracher sur le FRH
Si le gouvernement haïtien décide de remplacer le Fonds de reconstruction d’Haïti, cela ne sous-entend nullement qu’il a été sans importance, ont souligné les autorités haïtiennes. « L’aide internationale canalisée à travers le FRH nous a permis de nous relever du tremblement de terre, de reloger les déplacés, d’améliorer la qualité de l’éducation, les infrastructures scolaires et sanitaires », a témoigné MCJM, qui n’a pas voulu avoir l’air ingrate.
Durant ces quatre dernières années, la ministre de l’Economie estime que le pays a fait d’énormes progrès en termes d’investissements et de reconstruction grâce au FRH tout en précisant que le fonds a été utilisé à bon escient.

Pour la période considérée par Jean-Marie, le pays a connu une croissance réelle de 4.8 en moyenne tout en révisant sensiblement le taux d’inflation qui est passé, selon elle, en dessous de deux chiffres dans un premier temps. Actuellement, ajoute-t-elle, « nous sommes à 4.2% en glissement annuel. »

Maintenir l’inflation aussi bas constitue un effort considérable dans un pays où les difficultés sont énormes, s’est félicitée MCJM. La ministre a mis l’accent sur les efforts du gouvernement qui, a-t-elle dit, a pu maintenir le taux de change. « La dévaluation de notre monnaie n’a pas dépassé les 3%.
Nous avons utilisé nos maigres ressources de manière adéquate en vue de financer davantage d’investissements par rapport au fonctionnement des administrations », a-t-elle dit aux bailleurs.
« Nous avons fait beaucoup avec très peu », selon Martelly

Dans son intervention devant les bailleurs de fonds, Michel Martelly a exhorté les investisseurs à considérer les opportunités qu’offre Haïti dans le tourisme, l’assemblage, l’énergie et les infrastructures. « Mon administration, a-t-il dit, a jeté les bases d’une capacité d’exécution et de coordination efficace de l’Etat haïtien. Comme un arbre fraichement planté, les fruits de cette nouvelle orientation, dans certains cas, ne seront récoltés qu’à l’avenir. On a beaucoup fait avec très peu et en peu de temps. »

« Je compte sur votre solidarité respective, je vous exhorte à mieux coordonner vos actions, à exécuter vos projets d’appui et de renforcement de capacité directement au sein des institutions haïtiennes », a-t-il demandé aux décideurs économiques du monde. « Je veux vous rassurer que mon administration, à travers le gouvernement Lamothe, s’accroche fermement à l’Etat de droit », a-t-il promis, soulignant encore une fois la formation du CSPJ qu’il s’est vanté d’avoir mis sur pied. « Permettez-moi de vous rassurer que malgré la perception de crise permanente, le processus démocratique en Haïti est irréversible », a-t-il dit.

Le chef de l’Etat a souligné aux bailleurs de fonds qu’il n’attend que le vote des amendements à la loi électorale pour organiser les élections et qu’il a lancé un processus de dialogue pour trouver une solution à la crise politique qui sévit dans le pays depuis plus d’un an.

Par ailleurs, le chef de l’Etat ne s’est pas fait prier pour souligner que « 1 750 000 enfants vont à l’école gratuitement, presque un million bénéficient d’un repas chaque jour à travers les cantines scolaires, 200 bus scolaires sont mis à leur disposition gratuitement, une dizaine d’écoles et de centres de formation professionnelle ont été construits ou sont en construction. »

Sur le 1.5 million de sinistrés du tremblement de terre de janvier 2010, seulement 75 000 sous des tentes et sont en attente d’être relogés, a-t-il dit avec satisfaction. Après avoir étalé toutes les réalisations de son administration comme du beurre sur le pain, Michel Martelly a reconnu qu’il fait face à beaucoup de difficultés majeures. « Cependant, mon administration et le gouvernement que dirige mon dévoué, talentueux et infatigable Premier ministre ont entrepris la nécessaire tâche d’orienter la République d’Haïti vers un vaste programme de réforme profonde de ses institutions », a-t-il dit aux bailleurs de fonds.

« Haïti plus sûre et prête à recevoir les investissements », selon Laurent Lamothe

Le Premier ministre, Laurent Lamothe, le chef d’orchestre du forum, n’a pas manqué de présenter les réalisations de son gouvernement. Les choses vont mieux en Haïti, a-t-il dit. « Aujourd’hui, Haïti n’est plus le pays qu’il était en 2010, s’est-il félicité, appelant les bailleurs de fonds à continuer à supporter son gouvernement.

« Le pays est ouvert aux affaires », a encore lancé Laurent Lamothe, pour qui la période d’urgence est déjà loin derrière nous. Voulant attiser l’intérêt des investisseurs qui étaient dans la salle à l’Hôtel Marriott à New York, il a souligné qu’Haïti est le cinquième pays le plus sûr dans toute la Caraïbe devant la République dominicaine, placée en dixième position et la Jamaïque, bon dernier sur 15 pays.

La quantité de policiers est passée de 8 000 en 2010 à 11 000 en 2014. Elle sera de 16 000 en 2016, a avancé le locataire de la Primature lors de sa présentation. Au mois d’août 2014, le taux de kidnapping enregistré est de zéro, a-t-il dit avec beaucoup de satisfactions après avoir tourné deux vidéos dans lesquelles les responsables des entreprises telles la Digicel, celle fabriquant le Surtab, la Brasserie nationale, l’Hôtel Best Western, entre autres, ont clairement fait la promotion d’Haïti comme un pays ouvert aux affaires.

« L’administration a mis en place une politique visant à soutenir les petites et moyennes entreprises et a adopté un certain nombre de projets de loi pour améliorer le cadre des affaires, à savoir celui de l’électronique, a indiqué Lamothe. Cette politique est également soutenue par l’amélioration des infrastructures qui comprend la construction en cours de cinq bâtiments publics, la réhabilitation ou la construction de quatre aéroports aussi bien que l’amélioration du réseau routier par la construction de deux viaducs à Carrefour et à Delmas. »

Dans le domaine de la santé, qui est un facteur clé pour les investissements privés, de nombreux pas ont également été franchis. Plus de deux cents infrastructures sanitaires ont été construites ou réhabilitées de 2011 à aujourd’hui, s’est vanté Laurent Salvador Lamothe, qui n’a pas laissé en reste les autres domaines.

Dans ce forum des partenaires d’Haïti organisé avec l’appui du Département d’Etat américain, il n’y a pas eu de nouvelles promesses. Cependant, les autorités haïtiennes ont fait savoir aux donateurs qu’il est impérieux de réorienter l’aide et la rendre plus durable.

Etaient également présents du côté haïtien, le ministre des Affaires étrangères, Duly Brutus, Michaëlle Jean, l’ambassadeur Denis Regis et l’ancienne directrice générale de l’ED’H, Andress Apollon, entre autres.

Robenson Geffrard et Danio Darius à New York


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