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La mangue, une source de devises peu exploitée

samedi 27 septembre 2014

S’il est vrai que l’exportation de mangues rapporte annuellement 10 millions de dollars américains à l’économie nationale, Haïti n’en exporte pourtant que 3% de sa production. En effet, le pays exporte seulement 13 500 tonnes de mangues sur 400 mille produites. Dans le Sud du pays, l’Association des producteurs et vendeurs des fruits du Sud (ASPVEFS) et le CRS (Catholic Relief Service) abordent ensemble ce problème.

C’est par le biais d’un forum organisé le jeudi 25 septembre, à l’hôtel Le Manguier des Cayes, que le CRS et l’ASPVEFS ont choisi de sensibiliser les décideurs, les exportateurs, les producteurs et d’autres acteurs impliqués dans les activités de la filière mangue à ce problème qui représente un manque à gagner pour l’économie nationale. Au cours de ce forum auquel ont participé des représentants du ministère de l’Agriculture, de l’American University of the Caribbean aux Cayes et d’autres organisations non gouvernementales, les problèmes liés à la production, la traçabilité et la mouche des fruits ont été abordés.

« Ce forum est organisé autour du thème : La mangue dans le Sud, une source de revenus à valoriser. Son objectif consiste à analyser les progrès accomplis dans la filière de mangues en Haïti. Mais, c’est aussi pour nous une occasion de voir comment relever les défis. D’ici 2016, si le pays ne remplit pas les critères exigés pour exporter vers les Etats-Unis, il n’aura pas l’opportunité d’écouler ses mangues sur le marché américain », a indiqué Jude Marie Banatte, directeur du bureau des Cayes du CRS précisant que l’exportation des mangues représente la première source de devises actuellement pour le pays.

La traçabilité qui permet de retracer la provenance des produits est l’une des exigences internationales. « La traçabilité est essentielle puisqu’elle nous permettra de nous mettre en règle avec les nouvelles normes internationales pour les produits exportés. Elle est aussi importante pour la population locale qui saura la provenance des produits qu’elle consomme », a affirmé Jean Maurice Buteau qui, dans son exposé, a souligné les éléments sur lesquels repose le programme de traçabilité. « Le programme de traçabilité repose sur un découpage géographique adapté à la réalité de la production agricole. Il comporte deux fonctions : l’enregistrement des acteurs impliqués dans la chaîne de production et l’enregistrement des opérations et des transactions sur les produits. »

Outre la traçabilité, les producteurs ont beaucoup appris sur l’écologie de la mangue lors d’une présentation de l’agronome Ludger Jean-Simon. Ce dernier a expliqué aux participants les différentes phases du cycle de développement des mangues et les facteurs climatiques qui les affectent. « Le manguier est un arbre qui peut donner son fruit pendant une période allant de plus de 50 à 100 ans », a martelé Ludger Jean-Simon conseillant aux producteurs de ne pas laisser tomber les autres variétés de mangues au profit de la mangue francisque. Pour la région Sud, selon lui, il y a un bel avenir dans la transformation de ce fruit.

Absent des zones de production de mangues sur la carte du ministère de l’Agriculture, le Sud veut se faire un nom dans la filière de mangues. « La mangue francisque est un cadeau de la nature pour la côte Sud », a exprimé un producteur participant au forum qui se demande pourquoi le ministère de l’Agriculture ne fait pas grand-chose pour combattre la mouche des fruits dans sa région. Il a affirmé que cet insecte a provoqué une grande perte, l’année dernière, dans la production de mangues.« Dans le Sud du pays, nous aimerions avoir la mangue disponible pendant les 365 jours », a souhaité Pierre-Jacques Willio, coordonnateur de l’ASPVEFS.

Au cours de ce forum, les intervenants ont abordé d’autres sujets importants dont le greffage des mangues, ses avantages et ses désavantages. Des membres du CRS et de l’ASPVEFS ont présenté également un rapport sur une visite effectuée en Floride où ils ont rencontré le directeur et manager de Caribbean Fruit Connection Corp, un importateur de la Floride. Cette visite qui leur a permis de découvrir l’importance de la mangue francisque a eu lieu dans l’objectif de renforcer la capacité commerciale de ladite association. L’ASPVEFS a aussi profité de ce forum pour parler de sa participation au cinquième congrès international de la mangue en Equateur.

Jeanty Gérard Junior
jeantygerardjr@lenouvelliste.com


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