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Goût et saveurs lakay, la cuisine haïtienne nous émerveille

mardi 30 septembre 2014

La gastronomie haïtienne émerveille encore une fois. Vendredi soir, l’hôtel Karibe, hôte de la première soirée de la 4e édition de ‘’Goût et saveurs lakay’’, fourmille de monde. Pourtant, il pleuvotait quelques minutes auparavant. Sur la cour, dans les deux salles dédiées à l’évènement, le décor –attrayant – est planté. L’odeur des plats, fruit de créativité et d’innovation des chefs de divers horizons, titille les narines. Les bribes de conversation ne durent pas. Salut monsieur, salut madame, quelques petites plaisanteries entre amis. Quelques petites accolades. Ça suffit. L’heure est à la dégustation d’excellents mets de toutes les couleurs. Boulette de tchaka, boulette de pâte au hareng, Enchilada… les créations des magiciens de la cuisine pleuvent.

« C’est super ! », lâche un monsieur tiré à quatre épingles, qui fait allusion à une crème de patate fraîchement mise en vue sur la table autour de laquelle les spécialistes de la vieille institution Anne Marie Desvarieux œuvrent avec passion. C’est super intéressant pour la cuisine haïtienne et pour le pays dans son ensemble, la foire, explique une formatrice, qui travaille depuis bientôt dix ans dans cette institution. Angie Salellas Jacques, Espagnole d’origine, estime que la foire représente une grande vitrine de valorisation de tout ce qui est haïtien. « J’ai déjà fait l’expérience dans plusieurs pays, je trouve que c’est très innovant en Haïti », dit celle qui sert gentiment des vins issus de Bordeaux à des gourmets jusqu’ici insatiables.

Jean Max Chauvet, membre fondateur de ‘’Culinary Events’’, principal initiateur de la foire, explique que celle-ci participe d’une démarche visant à promouvoir les produits locaux, la cuisine haïtienne dans son ensemble. En quoi la participation des chefs étrangers peut contribuer à y apporter quelque chose de nouveau ? « Goût et saveurs lakay, c’est surtout la mise en relation des chefs haïtiens et ceux d’autres pays depuis quatre ans, ce pour la reconnaissance et la valorisation de la cuisine nationale », explique-t-il, pris dans l’engrenage d’autres soucis dans un Karibe chic, enthousiasmé, totalement tourné vers la dégustation…

La foire ? « C’est très bien comme chaque année », lâche Thony Desmornes de La Réserve. Pour ce chef, ayant plus de dix ans d’expérience au compteur, qui est à sa 3e participation à la foire, il n’y a pas mieux que l’univers culinaire. Qu’est-ce qu’il faut changer dans le long terme ? « Je crois que tout est super », estime-t-il, soucieux de servir des dégustateurs férus de ‘’Canapé de gibier ‘’, une composante délicieuse de pintade, pigeon et farine de manioc. À quelques encablures de sa table, une file s’étire pour la ‘’boulette de tchaka’’ (farine de maïs et de pois et poulet) du très connu chef Alain Lemaire. « À côté de l’excitation qui est à son comble, il y avait beaucoup d’engouement pour ma touche ce soir », confie ce dernier dans un ricanement au cœur des mastications, des gorgées de rhum, de vins européens, de bière…

« C’est profitable pour l’image du pays dans la mesure où les chefs issus de l’étranger vont assurément parler des richesses, des beautés, des qualités de la cuisine haïtienne à leurs compatriotes », pronostique Dimitry Lilavois, chef à l’hôtel Le Plaza. À ses yeux, cela attirera davantage l’attention sur la gastronomie haïtienne. C’est d’autant plus important de mettre différents plats en évidence dans un seul espace, renchérit la chef Stéphanie Jean Louis Jean, qui dit faire le va-et-vient autour des différentes tables d’où se dégagent des images, de l’odeur incitatif au goûter…

« Transformer des produits de la terre en quelque chose d’exquis, c’est merveilleux », s’exclame Melord Joseph, qui opère des miracles avec le cacao, le chocolat, dont un ‘’crémas ultra délicieux’’ qui séduit les palais. Pour cet actionnaire de Choco-max, jeune entreprise de Saint-Louis du Nord, cette activité est à répercuter dans d’autres régions du pays. Ses produits, pour la plupart à base de cacao et chocolat, épatent des fins gourmets, et ce pas des moindres, dont William Eliacin de la Barbancourt qui souhaite voir l’année prochaine beaucoup plus d’étrangers pour une plus large vulgarisation de la cuisine haïtienne. « La 4e édition c’est déjà un succès », tranche-t-il tout sourire, avec dans le viseur d’autres merveilles culinaires à essayer…

Pour Jean-Luc Grabowsky, chef international français de Saint-Barthélemy, c’est une très louable initiative dans la mesure où elle permet de valoriser les fruits, les légumes et les épices. Estimant qu’il y a eu beaucoup de progrès dans la réalisation de Goût et saveurs lakay en quatre ans, il souligne la nécessité de connecter la ferme à la table. « Au cours d’une tournée que j’ai entreprise dans le Sud, les agriculteurs sont très enthousiastes à une telle idée », révèle-t-il, à l’occasion de cette grande fête culinaire, signée ‘’Culinary Events’’, en partenariat avec Le Nouvelliste et l’ATH, qui continue d’enticher jusqu’au 5 octobre avec 28 chefs et des milliers de saveurs à délecter…

Juno Jean Baptiste
jjeanbaptiste@lenouvelliste.com


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