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A la fin, la République dominicaine gagne…

mardi 30 septembre 2014

A la tribune de l’Organisation des Nations unies vendredi dernier, le chef de l’Etat haïtien a raté une belle occasion pour parler de la situation migratoire entre Haïti et la République dominicaine et dénoncer la décision de la Cour constitutionnelle dominicaine.

Alors que Michel Martelly a indiqué que les deux pays ont pris le chemin du dialogue, le coordonnateur du GARR a estimé que le président aurait dû en profiter pour permettre à l’ONU de se positionner. Pour le responsable de la Fondation Zile, l’occasion a été ratée de demander l’appui technique des organismes onusiens compétents pour éviter l’apatridie.

Les autorités dominicaines font face à de moins en moins de pressions après la levée de boucliers contre l’arrêt de la Cour constitutionnelle dominicaine rendant apatrides plus de 200 000 Dominicains d’ascendance haïtienne. Prenant la parole à l’ONU à l’occasion de la 69e Assemblée générale, le président Martelly a indiqué que « Nous, dans la Caraïbe, avions choisi d’emprunter la voie du dialogue avec notre voisin de l’Est pour le bien de nos deux peuples et afin de préserver la paix dans la région. »

« Nous croyons en la vertu du dialogue, a-t-il dit dans son discours. Nous sommes convaincus qu’il est nécessaire de toujours s’engager dans la voie de la négociation et des discussions productives. »

« Nous avons accepté volontiers, a-t-il ajouté, de nous mettre à la table des négociations avec nos amis de la République dominicaine pour poser les vrais problèmes d’intérêt commun au bénéfice de nos deux peuples, et résoudre des malentendus vieux d’un demi-siècle. Nous nous réjouissons qu’un certain nombre d’accords aient pu être trouvés sur des questions qui ne se sont pas toujours révélées faciles à résoudre. Nous espérons pouvoir continuer sur cette lancée pour une meilleure compréhension entre les deux Etats se partageant la même île. »

Dans une interview accordée au Nouvelliste sur cette partie du discours de Michel Martelly, le coordonnateur du Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (GARR) a dénoncé le fait que « le président de la République n’a pas profité de la 69e Assemblée générale de l’ONU pour expliquer clairement ce qui s’est passé et permettre à cette organisation mondiale de se positionner ». Si rien n’est fait, « l’establishment dominicain qui prône le racisme et l’antihaïtianisme gagnera », a dit Jean-Baptiste Azolin.

Il a souligné que la crise provoquée par l’arrêt de la Cour constitutionnelle dominicaine est d’abord une crise dominico-dominicaine. « La façon dont on a essayé de résoudre le dossier la présente comme une crise haïtiano-dominicaine, a indiqué Jean-Baptiste Azolin. La sentence qui a dénationalisé environ 250 000 Dominicains d’origine étrangère est une crise dominicaine. »

Selon lui, après cette décision de la justice dominicaine, malheureusement, le gouvernement haïtien est entré dans un processus de dialogue avec les autorités dominicaines et n’a jamais officiellement résolu le problème définitivement. Le dossier de la situation des migrants en République voisine s’est greffée sur le problème et le montre comme une crise haïtiano-dominicaine, a souligné M. Azolin. « C’est pourquoi, a-t-il dit, que les pressions des organisations hémisphériques et régionales ont baissé sur les autorités dominicaines… »

Comme le président Martelly, Jean-Baptiste Azolin a dit, lui aussi, prioriser le dialogue. Cependant, le responsable du GARR a estimé que les deux pays doivent dialoguer sur de bonnes bases dans l’objectif de résoudre le problème commun. « C’est pourquoi nous avons toujours demandé l’implication de la société civile des deux pays dans le dialogue », a-t-il rappelé.

M. Azolin a estimé que les victimes ont été sacrifiées sur « l’autel des affaires » avec le mode de négociations entamé par les autorités des deux Etats se partageant l’île. Jean-Baptiste Azolin croit que le problème est plus profond que la façon dont Michel Martelly l’a présenté à la tribune de l’ONU.

Par ailleurs, le responsable de la Fondation Zile a salué « la disposition réciproque et réitérée des dirigeants de l’île à l’ONU de poursuivre le dialogue bilatéral engagé depuis le commencement de l’année. Cependant, Edwin Paraison a dit constater que « les problèmes de fond n’ont pas encore été touchés afin de garantir la convivialité et la paix entre les deux peuples face aux agissements de plus en plus menaçants de secteurs et acteurs politiques ouvertement antihaïtiens en République dominicaine et d’un courant hostile aux négociations avec la République dominicaine en Haïti. »

Selon l’ancien ministre des Haïtiens vivant à l’étranger, il est regrettable que les deux parties n’aient exprimé aucune préoccupation sur l’éventualité d’une apatridie massive sans précédent dans la région des Amériques, par le fait que près d’une centaine de milliers de Dominicains d’origine haïtienne sans papiers exclus par la loi 169/14 sont techniquement empêchés d’ obtenir la nationalité haïtienne.

« Alors que la République dominicaine a sollicité l’aide de la communauté internationale en faveur d’Haïti pour octroyer des documents à ses nationaux, sans tenir compte qu’il s’agit d’un problème, même lorsque plus crucial en Haiti, qui affecte aussi 18% de la population dominicaine, l’occasion a été ratée de demander l’appui technique des organismes onusiens compétents pour éviter l’apatridie », a expliqué le responsable de la Fondation Zile dans une interview accordée au Nouvelliste.

Robenson Geffrard
rgeffrard@lenouvelliste.com


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