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Elections/Crise politique

Martelly reprend ses consultations et se dit prêt à rencontrer vendredi le G-6 n’importe où

mercredi 1er octobre 2014

Après sa participation à la 69e Assemblée générale de l’ONU, le président de la République a repris au palais national la série de consultations sur la crise politique. Pour la première journée de la reprise, mardi, Michel Martelly s’est entretenu séparément avec les membres de Religions pour la paix, de la CONACED, de la Conférence des évêques. Encore une fois, les sénateurs du groupe des six ont refusé de rencontrer Martelly au palais national.

Entouré de ses conseillers, le président Martelly poursuit sa série de consultations politiques au palais national. Les invités les plus attendus ont brillé par leur absence. Troisième invitation au palais national boudée par le groupe des six sénateurs. Ils campent sur leurs positions. Pas de rencontre au palais national avec Michel Martelly. Finalement, ils devront rencontrer le chef de l’État lundi, mais le lieu reste à déterminer, a annoncé le président du Sénat. Dieuseul Simon Desras et six autres sénateurs proches du pouvoir en place ont quand même répondu à l’appel même si leurs positions sur l’organisation des élections se rencontrent en presque tout point avec celle du chef de l’État.

Une longue journée de consultations pour Michel Martelly. De 11 heures du matin à 7h20 du soir, le chef de l’État a multiplié les rencontres. Pour lui, il n’y a aucune satisfaction personnelle. « Dans ma vie privée, je suis satisfait, a-t-il dit à la fin des rencontres. Pour ce que j’ai à faire, je dois rester calme pour rencontrer tous les secteurs jusqu’à ce qu’on trouve ce qu’on cherche… »

Pour sa part, le président du Sénat, avec qui Michel Martelly a terminé la série de consultations pour la journée de mardi, a indiqué que le chef de l’État a exprimé sa volonté d’organiser les élections au moment opportun. « Par respect pour l’institution qu’est le Sénat, il a voulu nous consulter », a rapporté Dieuseul Simon Desras, soulignant que le chef de l’Etat est prêt à rencontrer vendredi prochain le groupe des six sénateurs en dehors du palais national. « Le président m’a chargé de les inviter pour vendredi 1h, le lieu reste à déterminer », a-t-il dit.

Selon le sénateur Desras, le président Martelly a indiqué que l’heure est enfin arrivée pour organiser les élections afin d’éviter une crise. Le parlementaire a estimé que le CEP dispose de la loi de 2013 pour organiser les compétitions électorales et croit que les élections peuvent être tenues cette année. « Nous ressemblons à des ‘’bourik an bwa’’ qui avancent vers un mur sans savoir si c’est nous ou le mur qui va être victime », a-t-il critiqué.

En début de journée, le président s’est entretenu avec les membres de Religions pour la paix. Dans la situation où se trouve actuellement le pays, le ciel s’assombrit, a estimé Monseigneur Pierre André Dumas. Le chef de l’État a souhaité avoir l’avis des leaders religieux sur la crise politique et surtout sur comment s’en sortir. « Nous avons expliqué comment il est urgent de s’asseoir et nous lançons cet appel à l’opposition, l’opposition radicale, le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif. Il faut qu’il y ait des pourparlers sur les problèmes sérieux, notamment la question des élections », a indiqué le coordonnateur de Religions pour la paix.

Si, avant le 12 janvier 2015, une entente n’est pas trouvée entre les protagonistes, l’évêque de Nippes prévoit qu’il sera très triste pour le pays. « Nous autres leaders religieux, nous allons continuer à rencontrer d’autres groupes afin de faciliter ce qui devait être fait, a-t-il annoncé. Nous ne demandons pas à être des médiateurs. Nous demandons qu’une entente soit trouvée. »

Le prélat a souligné que Religions pour la paix n’a fait aucune proposition de sortie de crise, sinon que les acteurs en présence se rencontrent pour trouver ensemble une solution consensuelle. « Le président Martelly a dit lui aussi souhaiter ces pourparlers autour des questions électorales », a rapporté Monseigneur Dumas, soulignant que pour y arriver, il faut de la bonne volonté de part et d’autre.

L’homme d’Église a annoncé qu’il va prier pour les politiques avec l’espoir qu’ils arriveront à un dépassement de soi. « On doit prouver qu’on peut prendre de la hauteur 100 ans après l’occupation américaine et 210 ans après notre indépendance », a-t-il dit.

De son côté, le président de la Coalition nationale du centre démocratique (CONACED), qui a rencontré le chef de l’État dans l’après-midi du mardi 30 septembre, a confié aux journalistes qu’il a demandé à Michel Martelly, quelles que soient les circonstances, que le Parlement doive rester fonctionnel même après le 12 janvier 2015. « On lui a dit aussi d’éviter l’immixtion étrangère sous le couvert de bons offices et le vide institutionnel », a précisé Me Osner Févry.

Le chef de la CONACED rejoint en partie l’OPL en proposant que le Parlement reste en fonction jusqu’aux prochaines élections. Me Févry a demandé au président, en outre, de mettre en place une commission de garantie électorale en y adjoignant la commission de suivi de l’Accord d’El Rancho, la formation d’un gouvernement d’ouverture avec la participation de l’opposition, un réaménagement du CEP dans l’esprit de l’article 298 de la Constitution et une rencontre avec tous les secteurs vitaux de la société pour rendre compte des différentes consultations et faire une synthèse.

L’homme de loi a soutenu qu’il existe une loi qui réglemente la question électorale dans le pays faisant référence à la loi électorale de 2013. Il faut rappeler que cette loi n’avait prévu des élections que pour un tiers du Sénat et les collectivités territoriales alors que le CEP doit organiser des élections pour deux tiers du Sénat, la Chambre des députés et les collectivités.

Toujours au palais national, Monseigneur Pierre-Antoine Paulo, évêque de Port-de-Paix et vice-président de la Conférence épiscopale, a estimé que la série de consultations entamées par le chef de l’État ne donnera aucun résultat sans une force de dépassement de soi et une volonté du côté des protagonistes. A l’issue de sa rencontre avec le chef de l’État en compagnie de Monseigneur Kenel Alphonse et des pères Jean Désinor et Hans Alexandre, il a souligné d’entrée de jeu qu’ils n’étaient pas au palais national comme médiateurs.

« Comme le président a rencontré tous les secteurs, il a jugé bon de rencontrer aussi les évêques pour savoir ce qu’on pense de la situation politique du pays, surtout en ce a trait aux élections », a-t-il précisé. « Nous croyons toujours que le dialogue est possible et nous croyons qu’il serait bon que le chef de l’État fasse tout son possible pour rencontrer l’opposition ailleurs que le palais national », a exhorté le prélat.

Selon lui, tout le monde voudrait voir changer la situation politique du pays. L’évêque de Port-de-Paix a insisté sur le fait que le président Martelly doit tout faire pour rencontrer l’opposition. Il a appelé à un dépassement de soi pour trouver une solution à la crise politique. Il a reconnu que le président a déjà fait des concessions, mais il doit encore faire plus.

Le président Martelly a annoncé qu’il va continuer avec la série de consultations. Des organisations politiques de l’opposition ont déjà boudé ses invitations et réclament tout simplement son départ à la tête du pays.

Robenson Geffrard
rgeffrard@lenouvelliste.com


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