MosaikHub Magazine
Haiti-Manifestation

Une manif en soutien à Aristide

mercredi 1er octobre 2014

Plusieurs milliers de personnes ont gagné les rues de Port-au-Prince mardi à l’occasion du 23e anniversaire du coup d’Etat militaire contre le président Jean-Bertrand Aristide le 30 septembre 1991. Les manifestants ont profité de l’occasion pour apporter leur soutien à l’ancien président Aristide et dénoncer ce qu’ils appellent des dérives du pouvoir en place.

La manifestation lancée par le Parti Fanmi Lavalas réunissait déjà plusieurs centaines de personne au moment de son départ. Il était dix heures 30 du matin quand les organisateurs ont donné le coup d’envoi, en face des ruines de l’église Saint-Jean Bosco. « Depuis son accession au pouvoir, le président Martelly multiplie vainement ses attaques contre le mouvement Lavalas. Jodi a Lavalas pran lari a pou l fè gòl », lance l’un des animateurs, monté à bord d’une voiture assurant l’animation musicale tout au long du parcours.

Plusieurs bandes de rara se joignent aussi à ce qui s’apparente à une célébration populaire du sanglant coup d’Etat militaire de septembre 1991. Sitôt le signal de départ donné, la manifestation met le cap sur le quartier de La Saline. Le temps de gagner l’autoroute de Delmas, la foule a considérablement augmenté. Bicolore dans une main et poster de l’ancien président Aristide dans l’autre, la plupart des manifestants veulent plutôt apporter leur soutien à l’ancien prêtre de Saint-Jean Bosco aujourd’hui dans le collimateur de la justice.

« On ne laissera pas passer ce coup. Si vous touchez à Aristide, c’est au peuple que vous touchez », scandent des manifestants indexant l’utilisation politique des poursuites judiciaires entamées contre l’ancien président Aristide. « Plus on le persécute, plus nous l’aimons », pouvait-on lire sur des posters à l’effigie de l’homme fort du mouvement Lavalas, très visibles dans la marche.

Les protestataires profitent aussi de l’occasion pour dénoncer ce qu’ils appellent les dérives du pouvoir en place. « Martelly n’a aucune volonté de réaliser des élections, il se plaît plutôt à persécuter notre leader, le président Jean Bertrand Aristide », scande un jeune homme visiblement très en colère contre l’administration du président Martelly.

Encadrée par différentes unités de la Police nationale d’Haïti, dont le Corps d’intervention et de maintien d’ordre (CIMO), et l’Unité départementale de maintien d’ordre (UDMO), la manifestation remonte tranquillement la route de Delmas. Des chansons ayant marqué le mouvement Lavalas facilitent la marche aux manifestants qui sont désormais plusieurs milliers au moment d’atteindre le carrefour de l’aéroport. Le soleil de plomb n’empêche pas des riverains de rejoindre la marche.

Plusieurs personnalités proches du mouvement Lavalas, dont l’ancien sénateur Louis-Gérald Gilles, le porte-parole de la FOPARK, Rony Timothé, le militant René Civil, sont présentes dans la marche. « 23 ans après le coup d’Etat sanglant contre le président Aristide, nous sommes tristes de constater que nos bourreaux sont aujourd’hui au pouvoir », déclare l’ancien sénateur Gérald Gilles, qui dénonce une mainmise du pouvoir actuel sur les ressources économiques du pays.

Les milliers de manifestants doivent longer Delmas 33 pour mettre le cap sur Tabarre, où réside l’ancien président Jean-Bertrand Aristide qu’ils disent vouloir rendre visite. Près de la résidence de l’ancien prêtre, quelques dizaines de sympathisants sont remarqués, alors que les unités de la PNH montent la garde. A l’approche de la marche, les policiers ordonnent à tout le monde de vider les lieux. La police a fait usage de canon à eau pour disperser les sympathisants à l’entrée de la résidence de monsieur Aristide.

Arrivé au carrefour Rita, les agents de la PNH interdisent aux manifestants l’accès de la route de Clercine. Les policiers du CIMO et de l’UDMO font usage de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants qui tenaient à se rendre à Tabarre. Certains d’entre eux ont riposté en lançant des pierres en direction des forces de l’ordre. Cette situation a créé une vive tension dans la zone. Des jeunes écoliers qui passaient dans la zone n’ont pu résister sous l’effet du gaz utilisé par les agents de la PNH pour disperser la foule.

Le président Jean-Bertrand Aristide a été renversé par un coup d’Etat militaire dans la nuit du 29 au 30 septembre 1991, soit 7 mois après son accession au pouvoir. Plusieurs milliers d’Haïtiens ont perdu la vie au lendemain de ce coup d’Etat qui allait déboucher sur une longue période de bouleversements sociopolitiques.

Louis-Joseph Olivier
ljolivier@lenouvelliste.com


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie