MosaikHub Magazine

Les ratés du Secret Service américain

mercredi 1er octobre 2014

Après une série de bévues, la directrice du service de protection de Barack Obama a démissionné.

Le 19 septembre, l’ex-militaire Omar Gonzalez a sauté par-dessus la grille du jardin de la Maison-Blanche, sur l’entrée nord, sans avoir été repéré par les gardes du Secret Service, censés surveiller le périmètre du lieu sacro-saint du pouvoir exécutif américain. Il a piqué un sprint vers la demeure présidentielle sans que le chien dressé à traquer les intrus ne le prenne en chasse, ni qu’un agent ne le rattrape. Il a pénétré dans la Maison-Blanche dont la porte n’était pas fermée à clé. L’alarme avait été désactivée pour ne pas gêner le maître de cérémonies de la présidence. Omar Gonzalez a poursuivi sa course, un long couteau à la main, montant quelques marches pour parvenir jusqu’à la salle Est, lieu de réception officiel. Il allait atteindre la salle Verte, quand il a enfin été maîtrisé par un agent du Secret Service qui terminait sa journée. Gonzalez, un déséquilibré, avait stocké deux haches et une machette dans sa voiture. Il a plaidé mercredi non coupable alors qu’il comparaissait devant la justice.

Six personnes ont franchi la grille de la demeure présidentielle cette année, et seize depuis cinq ans, selon la patronne du Secret Service, Julia Pierson, qui a été mise sur le gril mardi, devant le Congrès. Mais avant Gonzalez, aucune n’était jamais parvenue à entrer dans le bâtiment. L’absence de la famille présidentielle n’enlève rien à la gravité, proprement stupéfiante, de l’incident. Trois jours plus tôt, en visite à Atlanta, Barack Obama s’est retrouvé dans un ascenseur avec un garde armé privé, condamné par trois fois pour des attaques. L’homme avait attiré l’attention du Secret Service parce qu’il ne voulait pas arrêter de filmer le président avec son portable. Ce n’est qu’après qu’Obama eut quitté l’ascenseur que le Secret Service a réalisé qu’il était armé. Aucune personne armée autre que ses gardes n’est censée approcher du chef de l’État.

Cette affaire pose de vraies questions sur les failles de la sécurité du président quand il est à l’extérieur

Cette affaire pose de vraies questions sur les failles de la sécurité du président quand il est à l’extérieur. Le Washington Post a rapporté qu’en 2011, un homme assis à bord d’une voiture garée près de la face sud de la Maison-Blanche avait tiré sept balles sur le bâtiment. Le Secret Service avait omis de réagir, concluant à un bruit de moteur. C’est seulement quatre jours plus tard qu’il a réalisé la gravité de l’incident, quand une employée a retrouvé les débris d’une vitre cassée sous l’impact des balles dans les appartements présidentiels. Sasha, la fille cadette des Obama, était à l’intérieur. « Effondrement du Secret Service », titre mercredi le New York Times, résumant la stupéfaction, face à cette série noire digne des Pieds nickelés. Les excuses de Julia Pierson, qui a promis mardi aux élus que « cela n’arriverait plus jamais », n’ont pas convaincu. Elle a démisionné mercredi. « J’aimerais que vous protégiez la Maison-Blanche aussi bien que vous protégez votre réputation », a lancé furieux le représentant démocrate Stephen Lynch. Le Congrès a demandé l’ouverture d’une commission indépendante sur le fonctionnement du Secret Service. La Maison-Blanche, qui redoute l’accusation d’incompétence, est sur la défensive. Ce n’est pas la première fois, loin de là, que le Secret Service fait polémique. Il y a deux ans, plusieurs agents avaient reçu des prostituées dans leur chambre, durant un voyage d’Obama à Carthagène.

La Maison-Blanche a toujours été l’objet d’incursions, par le sol et par les airs, rappelle le New York Times. En 1974, un hélicoptère avait atterri sur la pelouse sud, puis redécollé et atterri de nouveau avant que son pilote ne soit maîtrisé. Très ouverte aux visiteurs, la « Maison du peuple » a renforcé sa sécurité au fil des ans, bloquant la circulation à l’entour, installant des snipers et restreignant son accès. Visiblement pas assez. Sur le site Internet Politico, le journaliste d’investigation Ronald Kessler évoque un défaut majeur d’organisation du Secret Service et une arrogance rédhibitoire. Des agents lui ont confié qu’« il était un miracle qu’un assassinat n’ait pas déjà eu lieu ».


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