MosaikHub Magazine

Quand nos présidents peuvent voyager sans peur ni reproche !

jeudi 2 octobre 2014

MEYER, 27 Septembre – Haïti a beaucoup évolué, quoi qu’on dise. Un président de la république peut s’absenter pendant plusieurs jours sans risquer le moindre soubresaut. Qui plus est, son premier ministre l’accompagne, laissant le pays aux mains d’aucun responsable en particulier, que tout est tranquille. Pas un pétard. Plus rien ne bouge. Et ce n’est pas qu’il n’y ait pas de mécontents. Ceux-ci font un boucan, sur les ondes. Mais c’est tout. Tout se passe bien.
Du jamais vu en Haïti !
Les absences présidentielles ont toujours été le moment idéal pour faire mariner les complots. Aussi les présidents haïtiens ont toujours été de grands casaniers. L’exemple le plus typique reste les Duvalier père et fils. Il est vrai que du haut de leur présidence à vie, ils ne laissaient aucune autre alternative.
Le seul voyage de Baby Doc a été de gagner l’exil (1986).
Et son second voyage a été de retourner en Haïti (2011) dont il n’est plus reparti depuis. C’est atavique.
L’exemple contraire c’est Jean-Bertrand Aristide. Dès qu’il bougeait, le renversement se rapprochait.
Pas étonnant qu’il ait deux fois été basculé (en 1991 et 2004) avant la fin de son mandat.
Aussi qu’est-ce qui a changé ?
Est-ce la présence de la force internationale de maintien de la paix (Minustah) qui désamorce la violence inséparable de la confrontation politique de toute l’histoire de notre pays ?
Probablement. Il n’y a pas à sortir de là. On comprend que les pouvoirs en place veulent tous la fin de la présence militaire internationale (disent-ils) mais plutôt à la fin de leur mandat !
Ceci du président René Préval (2006-2011) à Michel Martelly à qui il reste encore une année à parcourir (2011-2015).
Ou est-ce la conséquence de moins de haine dans l’atmosphère, ou que celle-ci soit moins prononcée, cela au niveau des secteurs socio-économiques ?

La politique des boucs émissaires …
Le coup d’état militaire qui renversa Aristide en 1991, malgré ses milliers de morts, a été ouvertement endossé par l’élite économique et aussi, mine de rien, par une bonne partie des classes moyennes, ces dernières par peur d’être balayées de l’échiquier par l’émergence des forces dites populaires.
Mais aujourd’hui est-ce que l’élite et les classes moyennes sont plus rassurées ou serait-ce qu’elles se soient faites coiffer au poteau par la plus forte percée internationale ? A tous les niveaux. Neutralisées ? Qui a perdu ? Qui a gagné ?
Aussi faut-il continuer à jouer la politique des boucs émissaires comme on nous y pousse aujourd’hui encore (Duvalier bien sûr, non seulement dictature à vie mais liberticide, l’antithèse de toute liberté, publique ou privée ; Aristide à cause de son amour quasi-obsessionnel du pouvoir, évident dans son rêve d’incarnation de Toussaint Louverture – du moins jusqu’à son second renversement en 2004 ; et puis aujourd’hui Martelly, chercher toujours celui par qui le scandale arrive sinon tout serait meilleur mais hélas, plus ça change plus c’est la même chose …) ; ou n’est-il pas plus que temps de nous attaquer au fond du problème, et au problème de fond (c’est-à-dire également F-O-N-D-S) ? Aujourd’hui plus que jamais …

Le grand bouleversement ! …
Est-ce Aristide vraiment mon problème ou plutôt l’émergence de ces catégories dites populaires dont il se réclame, mais chose que je ne veux pas avouer à moi-même ?
Non par discrimination, point du tout, mais parce que le système - dont j’ai crû depuis toujours pouvoir me réclamer – socialement, même en ne pensant pas au pouvoir politique – oui, n’est pas encore arrivé à savoir comment intégrer ce grand bouleversement !
Après plus d’un siècle et demi de monopole exercé par une infime minorité.
Oui, en dehors de mes discours accusateurs, qu’ai-je fait ? … Est-ce que, en effet, je ne suis pas plus apte à manier le martinet, à distribuer le blâme qu’au changement véritable ?

Le couloir des tentations ( ?) …
Ou dernière explication, et cela paraît même évident, parce que aujourd’hui les héros sont fatigués ?
Près de trois décennies (1986-2014) passées à se crêper le chignon, à se tendre cruellement des traquenards les uns aux autres – élite, classes moyennes et leaders (même prétendument) issus des masses – pour aboutir à ça !
Est-ce un moment de réflexion que nous traversons ? Ce serait trop beau.
Car c’est peut-être tout simplement aussi le résultat de la corruption. Comme dans la fable ‘Le couloir des tentations.’ Les acteurs qui en sortent ont les poches si lourdes qu’ils ne peuvent plus bouger.
Mais non, je plaisante !

Marcus - Haïti en Marche, 27 Septembre 2014


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