MosaikHub Magazine

Ebola, partir n’est pas le problème…

samedi 4 octobre 2014

Si Michel Joseph Martelly, vendredi dernier, du haut de la tribune de la 69e Assemblée générale des Nations unies, disait de sa plus belle voix : « Je tiens à rendre un vibrant hommage à nos frères cubains, parmi d’autres peuples du monde, qui ont apporté leur soutien aux pays africains touchés par l’Ebola », moins d’une semaine plus tard le gouvernement haïtien, dans un communiqué musclé signé de trois ministres (Santé publique, Intérieur et Défense nationale), a interdit le départ de ressortissants haïtiens vers les pays affectés par le virus Ebola.
Les pouvoirs publics réagissent ainsi à des rumeurs diffusées sur les réseaux sociaux au sujet du recrutement massif de professionnels de la santé par des agences de l’ONU.
Dans une première lecture, on peut comprendre que le principe de précaution et l’émotion du moment aient poussé à cet excès de zèle des ministres pour les porter à mettre fin à la liberté de tout un chacun de travailler où il veut, si cela lui est possible.
Dans un second temps, on peut se demander quelle mouche peut avoir piqué nos responsables pour soustraire Haïti à son devoir de solidarité envers des pays qui partagent avec nous la terre ?
Depuis les grandes épidémies de peste du Moyen Age jusqu’aux ravages du choléra en Haïti, il y a toujours eu des religieux, des médecins, des bons samaritains, des volontaires qui portent secours et assistance aux affligés. Un pays, une société, l’Etat ne peuvent pas s’élever contre le choix délibéré de servir de ses citoyens.
Dans un autre registre, comment, dans un monde interconnecté et globalisé, peut-on vouloir empêcher à des Haïtiens de partir ? D’aller là où bon leur semble ?
Après les stigmatisations dont nous avons souffert à l’époque où le sida était dénommé 4H, dont un signifiait Haïtien, après la contamination de ressortissants haïtiens par le choléra, on peut comprendre qu’il faut nous prémunir contre une nouvelle pandémie, mais est-ce la bonne manière de le faire que d’interdire les départs ?
Les autorités n’ont-elles pas simplement cherché la formule la plus simpliste pour couvrir de graves lacunes ?
Quels sont les mécanismes mis en place à nos frontières maritimes, terrestres et dans nos aéroports pour détecter les éventuels patients atteints d’Ebola ? Qui regarde le parcours de ceux qui rentrent en Haïti pour savoir s’ils ne reviennent pas de pays à risque ? Que ferons-nous le jour où un cas sera détecté ? Quelles sont les mesures et les moyens de la prise en charge d’un malade d’Ebola ? Pouvons-nous simplement faire les tests pour détecter la maladie ?
Le prochain communiqué des ministères de la Santé publique, de l’Intérieur et de la Défense nationale est très attendu

Frantz Duval duval@lenouvelliste.com Twitter :@Frantzduval


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie