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Brésil : 142,8 millions d’électeurs appelés aux urnes

dimanche 5 octobre 2014

Les Brésiliens ont commencé à voter ce dimanche pour élire leur président, 27 gouverneurs, 513 députés nationaux, 1 069 députés fédéraux et 27 sénateurs.

Plus de 142 millions de Brésiliens ont commencé à voter dimanche pour le premier tour de la présidentielle, partagés entre fidèles à la continuité des conquêtes sociales de la gauche au pouvoir depuis 12 ans, et partisans d’une alternance pour relancer l’économie en panne du géant émergent d’Amérique latine.

Les ultimes sondages samedi montrent que la présidente de gauche Dilma Rousseff, candidate à sa réélection, est favorite avec plus de 40 % des intentions de vote. Mais elle a besoin de 50 % des voix plus une pour éviter un second tour face au social-démocrate Aecio Neves ou à l’écologiste Marina Silva.

Ils doivent élire aussi leurs 513 députés fédéraux, 1 069 députés régionaux, 27 gouverneurs et renouveler un tiers du sénat (27 sièges) parmi plus de 26 000 candidats dont 31,7 % sont des femmes. Le vote est obligatoire au Brésil et une heure avant l’ouverture des bureaux de vote, de longues files s’étaient déjà formées, comme à Rio où 12 millions d’électeurs votent.
"J’aime voter, je crois au système"

Dans la plus grande favela de Rio, la Rocihna, située dans la zone sud et touristique, deux voitures de police se trouvaient près de l’école Ayrton Senna transformée en bureau de vote. De nombreux dépliants de candidats jonchaient le sol, a constaté un journaliste de l’AFP. Odilia Velino, 50 ans, déclare qu’elle est "arrivée tôt pour éviter de faire la queue". "J’aime voter, je crois au système. Je sais pour qui je vais voter, c’est un vote conscient", dit-elle.

Dilma Rousseff, 66 ans, a voté à un peu avant 09 heures locales à Porto Alegre (sud) puis a posé pour les photographes, tout sourire, en levant le pouce, selon des images de la chaîne Globo news. Elle a souligné qu’elle pensait "devoir affronter un second tour". Révélatrices des doutes qui agitent un Brésil en pleines mutations, ces élections interviennent au terme d’une folle campagne électorale aux incessants rebondissements.

Le dernier s’est produit samedi, à la veille du scrutin, quand pour la première fois Aecio Neves a dépassé dans trois sondages Marina Silva, l’ex-favorite de la présidentielle. Propulsée de manière inattendue dans la campagne après la mort dans un accident d’avion en août de son allié, le candidat du PSB Eduardo Campos, cette transfuge du PT avait déclenché un tsunami dans les sondages, au point d’être donnée largement victorieuse sur Dilma Rousseff en cas de second tour.

Mais elle a peu à peu été rattrapée puis dépassée par la présidente. Avant de voir revenir sur ses talons le sénateur Neves, tous deux poussés par les puissantes machines électorales de leurs partis de gouvernement. En cas de second tour, Aecio Neves finirait deuxième et éliminerait Marina Silva avec une légère avance : 24 % contre 21,4 % ou 26 %-27 % contre 24 % pour sa rivale, selon les instituts.

Vers un second tour classique ?

Le phénomène Marina Silva et sa promesse de "nouvelle politique" en rupture avec le jeu des grands partis traditionnels pourraient donc n’avoir été qu’un feu de paille. Et le Brésil se dirige vers un second tour classique entre représentants des deux grands partis qui se partagent le pouvoir depuis 20 ans, le PT de Mme Rousseff et le PSDB d’Aecio Neves et de l’ancien président Fernando Henrique Cardoso (1995-2002).

Plus de 400 000 policiers et militaires ont été mobilisés pour assurer la sécurité de ces élections, dans ce pays continent de 202 millions d’habitants grand comme 14 fois la France. Le panorama de ces élections est bien différent de celles de 2010, remportées par Dilma Rousseff et le PT dans l’euphorie finissante du miracle socio-économique des mandats de son prédécesseur et mentor Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010).

Le vent a tourné : quatre ans de croissance au ralenti jusqu’à l’entrée en récession au premier semestre, sur fond de poussée de l’inflation (6,5 %) et de dégradation des comptes publics. Un maigre bilan contrebalancé par un taux de chômage historiquement bas (4,9 %). Le Brésil a également été ébranlé par la fronde sociale historique des Brésiliens en juin 2013, qui avaient manifesté en masse contre la corruption des élites et exigé une amélioration radicale de l’éducation, des hôpitaux et des transports publics.

Le PT au pouvoir a vu son image ternie par des scandales de corruption. Les plus pauvres et l’intelligentsia de gauche défendent l’héritage des programmes sociaux et de l’amélioration du niveau de vie des 12 années de gouvernement du PT. Plus de 40 millions de pauvres ont rejoint la classe moyenne et ont accédé à la consommation depuis 2003, voyant leurs conditions de vie s’améliorer considérablement.


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