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« Simplement Marcha », de fil et de crochet

jeudi 9 octobre 2014

Martine C. Chataigne, « Simplement Marcha » attend ses clients à Artisanat en fête les 25 et 26 octobre pour croiser le crochet de la qualité et du bon prix. Les prêts-à-porter en crochet sont devenus la spécialité de cette femme qui a raccroché la banque pour décrocher ses crochets

Martine C. Chataigne, banquière de formation, a raccroché au bout de 23 ans de banque. Le dos tourné à cet univers réglé, cette femme de 53 ans, mariée et mère de deux enfants, s’adonne à ce qui a été pendant longtemps un passe-temps, un amusement : le crochet. Poussé par son beau-frère, le designer Michel Chataigne, Martine était loin de penser, après avoir lancé sa collection « Simplement Marcha » le 18 mai 2009, qu’un sobriquet lui serait tricoté à la dimension de la référence qu’elle est devenue dans le milieu. « Je suis Madame Crochet », a plaisanté Martine Comeau Chataigne dans le salon de sa résidence à Delmas 33, presque en face du terrain vague de l’ancien hôtel le Chandelier.

Avec ses crochets, les pelotes de fil, une imagination renforcée par l’observation des créateurs d’ici et d’ailleurs, elle a donné forme à des objets prêts à porter. « Sacs à main, valises, sandales, maillots de bain, corsages, culottes, sous-plats et nappes, ect », a détaillé Martine Chataigne, très tatillonne sur les bords quant à la qualité. Son côté puriste se voit dans ses pièces. « Je suis sensible à la finition », a enchaîné celle qui travaille avec un petit réseau composé de quatre « crocheteuses » et d’un crocheteur.

« C’est comme en Chine, ils travaillent chez eux, dans leurs ateliers »,a expliqué la patronne de « Simplement Marcha » qui est en train de monter une association de crocheteuses et souhaite fonder une école pour apprendre aux jeunes ce métier intéressant. La tête pleine de projets, Martine Chataigne rêve de ce temps où il y avait une usine qui exportait des pièces faites en crochet. Dans presque tous les quartiers de Port-au-Prince, les femmes crochetaient. De l’argent rentrait dans les ménages, a confié sur une pointe de nostalgie cette femme, membre du réseau de « Femmes, création et production ».

Tout n’est pas rose. « Le fil coûte très cher. L’accès à toutes les variétés et à toutes les couleurs n’est pas facile en Haïti », a détaillé Martine C. Chataigne, un peu peinée face aux difficultés rencontrées par les PME pour obtenir des financements. « Si j’avais du financement, c’est évident que j’aurais augmenté le volume de ma production et donné plus d’emplois », a assuré cette entrepreneure, impatiente de retrouver sa clientèle à Artisanat en fête les 25 et 26 octobre 2014 au Parc historique de la Canne à sucre à Tabarre. « Je serai là, bien là », a martelé Martine C. Chataigne. Ce n’est pas sa première participation à cette foire, un trait d’union entre le public et les créateurs, une plateforme importante pour exposer et valoriser le potentiel créateur des Haïtiens, a expliqué celle qui croisera le crochet de la qualité et du bon prix avec ses clients au Parc. « C’est une promesse », a dit Madame Crochet…

Roberson Alphonse
robersonalphonse@lenouvelliste.com


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