MosaikHub Magazine

Ebola : l’épidémie dépasse les 4.000 morts, la peur s’étend dans le monde

samedi 11 octobre 2014

L’Espagne, où une aide-soignante malade d’Ebola lutte contre la mort, s’est dotée vendredi d’un comité de crise pour prévenir l’épidémie qui a déjà fait plus de 4.000 victimes, alors que la peur conduit les Etats à renforcer les contrôles aux frontières.

Critiqué pour son manque de réaction depuis l’hospitalisation tardive d’une aide soignante qui a contracté le virus à Madrid, première contamination en dehors d’Afrique, le gouvernement espagnol a créé un comité ministériel de crise.

Dans le même temps, le chef de l’exécutif Mariano Rajoy se rendait pour la première fois à l’hôpital où Teresa Montero lutte contre la mort et rendait hommage au personnel qui la soigne.

L’épidémie partie de Guinée à fait à ce jour 4.033 morts a annoncé l’Organisation mondiale de la Santé.

Les Nations Unies ont annoncé la mise en quarantaine de 41 membres de leur personnel au Liberia, l’un des pays les plus touchés par l’épidémie, après la découverte d’un deuxième cas de contamination en une semaine dans leurs rangs. La mission de l’ONU au Liberia compte 6.000 personnes.

Alors que le principal centre de traitement de Médecins sans frontières (MSF) était proche de la "saturation" en Guinée, des personnels de santé du Liberia ont entamé vendredi un débrayage pour réclamer des primes de risques.

Le gouvernement libérien a interdit à la presse l’accès aux centres de traitement d’Ebola, l’empêchant de couvrir ce mouvement de grève.

Après les Etats-Unis et la Grande Bretagne, qui ont décidé d’envoyer des troupes et des médecins en Afrique de l’Ouest, les Philippines ont par ailleurs annoncé étudier le déploiement d’un nombre substantiel de travailleurs de santé.

Avec les voyageurs, les alertes se multiplient à travers le monde. Le Brésil a annoncé l’hospitalisation d’un cas suspect, un Guinéen de 47 ans arrivé d’Afrique il y a trois semaines, bien qu’il ne présente pas de symptômes. Si les tests étaient positifs ce serait le premier cas en Amérique latine.

Du coup, le Pérou a aussi annoncé une augmentation de la vigilance aux frontières, comme le Brésil l’avait fait en août.

L’aéroport J.F. Kennedy, à New York, renforcera dès samedi le contrôle des voyageurs en provenance des trois pays africains les plus touchés, Guinée, Liberia et Sierra Leone. Le Canada a annoncé des mesures similaires.

Londres a aussi décidé de renforcer le dépistage aux aéroports de Heathrow et Gatwick et aux terminaux de train Eurostar pour les personnes provenant de ces trois pays.

Le premier cas de contagion hors d’Afrique, et le décès mercredi d’un patient sur le sol des Etats-Unis, ont donné une dimension planétaire à l’angoisse : fausses alertes, rumeurs, hospitalisations de précaution se sont multipliées ces derniers jours.

A New York, quelque 200 personnes employées à nettoyer les cabines des avions se sont brièvement mises en grève à l’aéroport La Guardia mercredi soir, inquiètes des risques. Elles devaient reprendre le travail, après avoir reçu une formation.

Les standardistes du "911", le numéro de téléphone à composer en cas d’urgence, sont notamment formés à poser des questions pour repérer d’éventuels malades.

- Rumeurs et désinformation -

La France a annoncé l’entrée en service samedi d’un numéro de téléphone vert pour informer le public. La région de Madrid l’a déjà fait pour tenter de lutter contre les faux bruits qui circulent sur les réseaux sociaux.

En France, après un cas de panique dans une école primaire accueillant des enfants arrivés de Guinée, un bâtiment public en banlieue parisienne a été brièvement bouclé jeudi après le malaise d’un jeune homme, lui aussi arrivé de Guinée, une fausse alerte.

La police espagnole multiplie, elle, les mises en garde contre les faux bruits sur la contagion du virus Ebola qui circulent sur les réseaux sociaux.

Mais les collègues de l’aide-soignante contaminée ne pouvaient s’empêcher d’avoir peur d’être à leur tour touchés. Une crainte qui a entraîné la désaffection du personnel censé s’occuper de la patiente à titre volontaire, c’est-à-dire en provenance d’autres services, selon Charly Manuel Torres, l’un des infirmiers qui s’occupe d’elle.

La colère du personnel soignant est d’autant plus forte qu’il attribue une partie des difficultés aux coupes sombres dans le secteur de la Santé, en lien avec les mesures d’austérité décidées au plus fort de la crise espagnole.

"Il y a beaucoup de gens qui viennent travailler, nettoyer, et ils doivent tous savoir qu’ils ont l’appui, le soutien et l’affection de l’immense majorité des Espagnols", a déclaré Mariano Rajoy pour les rassurer.

Outre l’aide-soignante, 13 personnes étaient hospitalisées dans un service spécialisé, à titre préventif.

La ministre de la Santé espagnole Ana Mato a annoncé des renforcements des protocoles à appliquer dans la lutte contre Ebola. Les seuils de température "alerte" "seront abaissés de 38,6°C à 37,7°C", a-t-elle déclaré après une réunion de coordination avec les 17 régions espagnoles, qui ont chacune leur département de la santé.

La fièvre hémorragique à virus Ebola tue environ sept malades sur dix, selon l’OMS.

L’infection se produit par contact direct avec les fluides corporels, sang, liquides biologiques ou sécrétions. La période d’incubation va de 2 à 21 jours. Le patient devient contagieux à partir du moment où des symptômes se manifestent mais ne l’est pas pendant la période d’incubation.

Les Bourses européennes ont clôturé en forte baisse vendredi, Paris, Londres et Francfort touchant même leur plus bas de l’année, plombées par la mauvaise conjoncture européenne, l’avancée de l’organisation Etat islamique en Irak et la dissémination du virus Ebola.


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie