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Six questions sur la bataille de Kobané

jeudi 16 octobre 2014

Kobané, qu’est-ce que c’est ?

Kobané est la troisième ville kurde de Syrie. C’est aussi l’une des trois régions qui forment le Kurdistan syrien, situées à l’extrême ouest, au centre, et à l’est de la frontière turque. Elles sont séparées par des zones de peuplement non-kurdes tenues par d’autres groupes armés, principalement l’Etat islamique. Elles sont intimement connectées aux villes et villages kurdes situés de l’autre côté de la frontière.

Kobané et ses deux régions sœurs ont proclamé leur indépendance vis-à-vis du régime Assad en novembre 2013. Elles se sont dotées d’un embryon d’État kurde, sous l’autorité de la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), force militaire clandestine née en Turquie et basée dans les monts Kandil, dans l’extrême nord de l’Irak.

Les Kurdes de Syrie se sont longtemps tenus à l’écart du conflit entre les rebelles syriens et le régime de Bachar Al-Assad, négociant en ce sens avec le régime. Certaines villes de l’est du Kurdistan sont longtemps restées cogérées par les Kurdes et le régime.
Où en est la bataille ?
L’EI a lancé son attaque contre Kobané le 16 septembre. Les djihadistes ont progressé sans difficultés à travers les villages de la région, à l’aide des tanks qu’ils ont probablement saisis de l’armée irakienne lors de la prise de Mossoul, en Irak. Les principales forces kurdes qui défendent Kobané, les Unités de protection du peuple (YPG, émanation syrienne du PKK) ne disposent pas de missiles anti-chars pour les arrêter. Leur puissance de feu est de loin inférieure.

A Kobané, en terrain urbain, la progression de l’EI s’est ralentie. Divisés en petites unités, les Kurdes mènent une guerre de harcèlement efficace, pour partie de nuit. Ils frappent et se retirent. Les djihadistes attaquent la ville de tous côtés, à l’exception du nord adossé à la frontière turque. Ils ont essentiellement progressé à travers les quartiers de l’est, faisant tomber, vendredi 10 octobre, le « quartier de sécurité » des forces kurdes, une zone du centre où sont situés le principal poste de police, la mairie et une partie des bâtiments administratifs.

Les Kurdes tiennent encore environ 70 % de la ville, mais l’EI peut la faire tomber en coupant l’accès à la frontière, achevant d’encercler les forces kurdes. Celles-ci évacuent leurs blessés par cette voie. Les combattants font des allers-retours en Turquie, des renforts en arrivent probablement.
Les frappes aériennes sont-elles efficaces ?


Mardi 14 octobre, la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis a intensifié ses frappes sur la ville. Selon le Pentagone, ces bombardements ont notamment pour objectif de couper les lignes de ravitaillement de l’EI à travers les campagnes, et de disperser les djihadistes lorsqu’ils se concentrent près des blocs d’habitation que tiennent les forces kurdes. L’EI réplique en lançant notamment des voitures chargées d’explosifs vers le centre.

Force est de constater que ces frappes aériennes, conjuguées à la guérilla urbaine des YPG, permettent pour l’heure à la ville de tenir. L’EI s’est vue forcée de dépêcher des renforts cette semaine dans la ville, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. Les YPG ont affirmé avoir pour la première fois repris du terrain en ville, et dans un village voisin cette semaine.

◾Pourquoi l’EI attaque-t-il Kobané ?

L’Etat islamique cherche à enlever aux Kurdes le contrôle de près de 100 km de frontière avec la Turquie. Le groupe en tient déjà un large pan au nord d’Alep, à l’est duquel il a combattu les forces kurdes à plusieurs reprises cette année.

Si Kobané tombe, l’EI ferait la jonction avec un autre tronçon qu’il détient entre Kobané et le pays kurde frontalier de l’Irak. Cette prise pourra faciliter encore le trafic de pétrole et l’entrée en Syrie de djihadistes étrangers arrivés par les aéroports turcs. Cependant, la région reste adossée au Kurdistan turc, où les combattants des YPG circulent. Le long de la route qui mène à Kobané, les villages sont tous kurdes, et peuvent encore présenter un obstacle à ces trafics.


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