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La fenêtre du dialogue s’ouvre à Hongkong

mardi 21 octobre 2014

Après trois semaines de manifestations, les positions de l’exécutif et des étudiants restent antagonistes.

Après plus de trois semaines de manifestations marquées par des heurts violents, une fenêtre de dialogue s’est ouverte mardi soir à Hongkong. Retransmises en direct par les chaînes de télévision de l’ancienne colonie britannique, ces consultations réunissent cinq délégués des syndicats étudiants et cinq personnalités de l’exécutif local, dans une petite salle de la faculté de médecine. Mais il est peu probable qu’elles aboutissent à une sortie de crise tellement les positions des protagonistes sont éloignées.

« J’espère que ce dialogue peut adoucir l’atmosphère relativement tendue de la société », a déclaré Carrie Lam, numéro deux de l’exécutif hongkongais, dans une déclaration liminaire. Ces consultations sont les premières depuis l’accélération du mouvement de désobéissance civile le 28 septembre et l’occupation par les manifestants de grandes avenues de Hongkong et de trois quartiers commerçants et administratifs, partiellement dégagés depuis par la police.

Dans une ville où 20 % des sept millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté, le suffrage universel plein et entier donnerait une voix prépondérante aux plus modestes

Le chef de l’exécutif, Leung Chun-ying, avec lequel les protestataires refusent de dialoguer et dont ils réclament la démission, a répété avant la réunion que les manifestants ne devaient se faire aucune illusion sur leurs chances d’obtenir des élections totalement libres en 2017, comme ils le réclament. « CY » Leung a jugé dans un entretien avec des médias occidentaux que si le gouvernement accédait aux demandes des étudiants, les « pauvres » et la classe ouvrière prendraient l’ascendant sur le système politique à Hongkong. Dans une ville où 20 % des sept millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté, le suffrage universel plein et entier donnerait une voix prépondérante aux plus modestes. Cette perspective est inacceptable pour cet ancien homme d’affaires, qui agite le spectre d’une désaffection des investisseurs et d’un déclassement de Hongkong, parmi les premières places financières de la planète.

« L’élection directe du chef de l’exécutif par cinq millions d’électeurs est beaucoup plus démocratique que sa sélection par un comité de 1200 membres », a plaidé Carrie Lam pendant la réunion. À l’heure actuelle, le patron de la plus grande place financière d’Asie est désigné par un collège de 1 200 grands électeurs, dominé par l’élite pro-Pékin. Avec le nouveau système proposé par le pouvoir chinois cet été, la République populaire conserverait la main sur le processus en filtrant les candidatures, soumises par la suite au suffrage universel.

Avant l’ouverture des négociations, Leung a ouvert la porte à une concession, proposant que le comité de désignation des candidats, composé de 1200 membres, soit plus représentatif de toutes les composantes et sensibilités de la société hongkongaise. « Il existe une marge pour rendre le comité de nominations plus démocratique », a-t-il concédé. Cependant, il a aussi prévenu qu’au final, Pékin conservera le pouvoir de reconnaître ou non le vainqueur de l’élection. Et pour le gouvernement central, seul un chef de l’exécutif « patriotique », autrement dit qui lui sera fidèle, est acceptable pour gouverner Hongkong.


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