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La Police nationale d’Haïti sur une pente dangereuse

mercredi 22 octobre 2014

Le mouvement de protestation déclenché, samedi, à l’Académie de Frères, par plusieurs centaines d’agents 4 à l’occasion d’un concours pour le recrutement d’inspecteurs au sein de l’institution policière, montre à quel point la gestion de l’unique force publique du pays mérite d’être repensée. La première grogne est venue des agents qui n’ont pas vu leurs noms sur la liste des admis à prendre part au concours. Ce mouvement a permis à beaucoup de policiers de vider leur sac. Des agents révoqués de l’institution pour conduite répréhensible sont réintégrés avec des grades supérieurs. Des agents faisant partie des promotions récentes sont plus gradés que ceux issus de promotions antérieures. L’ancienneté et la compétence sont reléguées au second rang depuis l’arrivée de Godson Orélus à la tête de la Police nationale d’Haïti. Ces dénonciations et accusations sont le résultat du constat de bon nombre de policiers qui ne peuvent ni manifester ni exprimer leur désarroi face aux agissements controversés de la Direction générale de l’institution.

Ces reproches de policiers sur les manquements des dirigeants de l’institution coïncident cette semaine avec les critiques de différents secteurs sur le comportement des agents de la PNH par rapport à l’opposition, alors que l’institution est censée être en dehors des clivages politiques. Comment Godson Orélus peut-il encaisser toutes ces critiques, les unes plus acerbes que les autres, dans cette conjoncture marquée par la polarisation de deux groupes antagoniques ?

L’institution policière réagit-elle avec la même proportion face aux manifestants proches du pouvoir et ceux de l’opposition ? Godson Orélus a-t-il bien appris les leçons du passé concernant la conduite de l’institution par rapport à la volonté du pouvoir politique au timon des affaires ? Les observateurs les plus avisés n’ont pas hésité à comparer la conduite actuelle de la PNH à celle de l’ère Jean Neslie Lucien sous la présidence de Jean-Bertrand Aristide. Les mêmes critiques avaient été adressées aux dirigeants d’alors pour le recrutement des agents de la 17e promotion, dévoués pour la plupart à la cause lavalassienne. Aujourd’hui, Godson Orélus a-t-il commis l’imprudence d’accorder des grades aux policiers dévoués à la cause de Tèt Kale ? Comment des policiers qui ont dix années de carrière peuvent-ils être nommés inspecteurs sans subir aucun concours, tandis que d’autres qui ont quinze années d’ancienneté ne sont que des agents 4 ?

En agissant ainsi, il ne fait que fragiliser l’unique force publique du pays. L’ancien directeur général de la Police nationale d’Haïti, Mario Andrésol, a le mérite d’avoir dirigé l’institution policière loin des rivalités politiques. Il avait aménagé un plan de carrière et se détournait totalement de la politique en conduisant l’institution sur la voie de la professionnalisation. Il demeure entendu que l’ancien président René Préval ne souffrait ni de mégalomanie ni de la maladie de chef suprême et effectif de l’Etat. Il se contentait des prérogatives dévolues par la Constitution et des lois de la République. Et c’est sans doute pourquoi il n’avait persécuté personne et est aujourd’hui à l’abri de persécution quelconque
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Et si Martelly décidait de suivre les traces de René Préval après l’avoir vu et entendu ?
Lemoine Bonneau
Lbonneau @lenouvelliste.com


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