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Vincent Odira a la passion des voiliers

jeudi 23 octobre 2014

C’est son ami Blaise Emilien qui l’a convaincu de participer à Artisanat en fête cette année. Il en avait vaguement entendu parler, mais ne s’en était jamais vraiment préoccupé. De toute façon, il construit des voiliers miniatures par simple passion. Mais quand Martine Blanchard de IRPAH l’encourage aussi, ses réticences s’envolent et c’est avec un plaisir anticipé qu’il redoute la foire de ce week-end.

Vincent Odira n’est pas trop bavard. C’est un homme qui aime l’action. Quand il fabrique ses voiliers, il s’y met à fond. C’est sa vraie passion. Dommage qu’il ne puisse vivre que de celle-ci. Odira est aussi un contremaître et un spécialiste en distillation et fermentation. Pour lui, quelqu’un ne peut pas dépendre que de l’artisanat. « Le pays n’est pas assez organisé pour permettre cela. En tout cas, pas dans mon domaine. Les rares commandes que je trouve proviennent d’étrangers. Il faudrait avoir un flot constant de touristes pour garantir une vente sérieuse. Comme ce n’est pas le cas, c’est compliqué de survivre avec les maigres moyens du bord. »

De petite taille, 28 ans, et père d’une adolescente de 14 ans, Vincent se passionne des voiliers depuis l’âge de 10 ans.C’est de Bruno, le Blanc français qui habitait son quartier à l’époque, qu’il apprend tout ce qu’il sait aujourd’hui. « J’avais appris, mais je ne pratiquais pas. Puis j’ai remarqué que dans la ville personne ne pouvait les faire comme Bruno me l’avait appris. Un jour j’ai décidé de m’y mettre. J’ai fait un petit et tout le monde a été émerveillé tant le voilier était fini et parfait. » Travailleur solitaire, il fabrique seul toutes les petites pièces qu’il faut pour monter son bateau. « J’utilise du bois, du papier mâché, de la ficelle, de la toile pour les voiles, de la colle et je bâtis seul tout ce dont j’ai besoin. Cela demande du temps, de la patience et un savoir-faire exemplaire. Tout le monde ne peut pas s’aventurer sur ce terrain. »

Par son œuvre, il recrée aussi l’histoire. Ces trois premières constructions sont la Nina, la Pinta et la Santa Maria. « Certes, tous les clients n’achètent pas les voiliers pour ceux qu’ils représentent. Surtout pas les Haïtiens (rire). Les étrangers sont plus susceptibles de placer une commande de ce genre et partir avec. » Pour fabriquer un voilier, gros ou petit, s’il s’y met chaque jour de 8 heures du matin à 4 heures de l’après-midi, cela prendra vingt-deux jours. « Certaines pièces doivent sécher avant que je puisse continuer. » Il faut au minimum quinze mille (15 000) gourdes pour se procurer un voilier d’Odira. Un petit tout au moins. « On peut payer jusqu’à quarante mille (40 000) gourdes pour un grand voilier », explique l’artisan. Son secret ? Ses voiliers sont légers et facilement transportables.

Pour sa première participation à Artisanat en fête, Vincent est sceptique. Mais il apportera quand même son stock de 12 voiliers pour ceux que cela intéresse et qui voudraient quelque chose de différent pour décorer leur bureau ou leur maison.Même s’il n’espère pas grand-chose, Vincent voudra se faire connaître et exposer son travail.
Si tout va bien, il espère tout vendre et décrocher des commandes.

Gaëlle C. Alexis


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