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22 octobre 1926. L’illusionniste Houdini reçoit un crochet mortel au ventre.

jeudi 23 octobre 2014

Le coup, asséné par un jeune étudiant voulant plaisanter, déclenche une péritonite fatale

Le 22 octobre 1926, l’illusionniste Houdini se produit au théâtre de Montréal. Après avoir fait disparaître Christophe de Margerie, il se retire, épuisé, dans sa loge. Depuis plusieurs jours, une douleur qui lui tenaille le ventre ne le lâche pas. Allongé sur un divan, il pose pour un jeune artiste venu faire son portrait. Sans prévenir, une bande d’étudiants de l’université de McGill fait irruption dans la pièce. L’un d’eux, nommé Joselyn Gordon Whitehead, veut faire le malin. Il demande au prestidigitateur s’il est vrai qu’il peut encaisser n’importe quel coup de poing dans l’estomac sans ressentir de douleur. À peine Houdini acquiesce-t-il que ce jeune imbécile se met à le bourrer de crochets au ventre. Avec la rage d’une Martine Aubry voulant expédier Valls au tapis. Cueilli à froid sans avoir pu bander ses abdominaux, Houdini s’effondre, grimaçant de douleur. Et Whitehead de parader, fier comme BHL le jour de sa première théâtrale, sans se douter que l’illusionniste souffre depuis plusieurs jours d’une appendicite qu’il refuse de soigner pour ne pas interrompre sa tournée. Les coups de Whitehead ont probablement fait exploser l’organe malade.

"Je suis fatigué de me battre"

Mais Houdini est un dur. Malgré la douleur amplifiée par les coups reçus à l’estomac, il refuse toujours de consulter. Le 24 octobre, il arrive au Garrick Theater, à Detroit, dans le Michigan. Avant d’entrer en scène, il est ruisselant de sueur. Sa température pointe à 40. Durant le spectacle, ses souffrances sont terribles. Il s’évanouit même une fois, obligeant ses assistants à le réanimer. Mais, comme Sarko, il préfère mourir sur scène plutôt que de frustrer le public. Dès que le rideau tombe, il est hospitalisé d’urgence. Une semaine plus tard, le 31 octobre, il est mort. C’est son ultime disparition. Cette fois, il ne fait pas sa réapparition. Sans antibiotiques, impossible de lutter contre une septicémie foudroyante. Avant de s’éclipser à jamais, Houdini murmure : "Je suis fatigué de me battre." Le 4 novembre 1926, ses funérailles grandioses se déroulent à New York devant deux mille personnes.

Fils d’un rabbin, Harry Houdini naît à Budapest sous le nom d’Ehrich Weisz. Ses parents émigrent aux États-Unis quand il a 4 ans. À l’âge de 12 ans, il réalise ses premiers tours de magie en public sous le nom d’Eric the Great. Déjà mégalo, le gamin. À 13 ans, il s’enfuit de chez lui pour se produire dans les cirques et les foires. Après un an, il retourne à la maison, puis exerce de nombreux métiers, dont celui de serrurier. Forcément, les serrures et les cadenas n’ont plus de secret pour lui. À 15 ans, le démon de la magie le rattrape, il prend le nom d’Houdini en hommage à Jean-Eugène Robert-Houdin, le célèbre magicien français. Avec son frère Théo, il monte un numéro d’illusionniste qu’il produit un peu partout dans les fêtes foraines. Ils font disparaître le Coréen Kim Jong-un avant de le renvoyer chez lui... Quand le jeune Ehrich se marie, son épouse devient naturellement sa partenaire. Il a le génie de la pub. Ainsi promet-il cent dollars à celui qui parviendra à lui enfiler une paire de menottes dont il ne pourrait pas se libérer. Il gagne à tous les coups. Quand il arrive dans une nouvelle ville, il file aussitôt à la prison locale pour demander à s’y faire enfermer. Cinq minutes plus tard, il est libre ! Christiane Taubira applaudit sa rapidité à faire libérer un détenu... La renommée de Houdini ne fait qu’augmenter dans tout le pays.

Toujours plus insaisissable

En 1900, il débarque à Paris, où il convoque la presse au bord de la Seine pour assister à un de ses numéros. Il saute à l’eau, menotté, avant de réapparaître, libéré. Son succès est assuré. Au cours de ces années, son grand numéro est de se faire ficeler sur un fauteuil avec vingt mètres de corde puis de s’en échapper en quelques secondes. Houdini devient le roi de l’évasion. Il s’échappe d’un énorme sac en papier sans le déchirer, d’une cellule capitonnée, d’un cercueil, d’un bureau à cylindre, d’un coffre-fort anti effraction, d’un calamar géant, d’un ballon de foot gigantesque, d’une chaudière en métal, d’un sac contenant le courrier des États-Unis. Le 7 janvier 1906, il s’évade de la cellule du couloir de la mort de la prison de Washington. Il plonge dans la baie de San Francisco, les chevilles attachées à une boule en fer de 35 kilos et les poignets menottés. Il se fait lier à la bouche d’un canon, s’échappant juste avant que la mèche ne brûle entièrement.

En 1914, séjournant en Angleterre, il met au point l’une de ses plus fameuses illusions : "la chambre aux tortures". Ses assistants poussent sur la scène un grand coffre vertical aux parois en verre, rempli d’eau. Houdini est descendu dedans, la tête en bas, suspendu à une corde. Le bocal est fermé. Un rideau cache le dispositif au public. Les assistants prennent un air anxieux. Une musique lancinante fait monter la tension. Deux minutes plus tard, Houdini apparaît mouillé et bien vivant, au grand soulagement du public. Dans son numéro de la malle des Indes, il se fait ligoter dans un sac et enfermer dans une malle cadenassée et entourée de cordes. Quelques secondes plus tard, il réapparaît libre et triomphant. Sarkozy vient serrer la main à un confrère... En 1918, il fait disparaître l’éléphant Jenny sur une scène géante de l’hippodrome de New York. L’année suivante, il devient le héros d’une série de films policiers.

Harry Houdini a une sainte horreur de ceux qui se prétendent médiums, mais lui-même affirme qu’il est capable de communiquer avec sa mère chérie morte depuis plusieurs années. Après le 31 octobre 1926, ce n’est plus un problème. Il l’a rejointe au paradis des illusionnistes.
C’est également arrivé un 22 octobre

1988 - Incendie criminel à Paris lors d’une séance de La dernière tentation du Christ de Martin Scorsese.

1987 - Décès de Lino Ventura, 68 ans, à Saint-Cloud.

1978 - Premier couronnement depuis 455 ans d’un pape non italien, Jean-Paul II.

1938 - L’Américain Chester F. Carlson invente la photocopie.

1921 - Naissance à Sète de Georges Brassens.

1906 - Décès à Aix-en-Provence du peintre Paul Cézanne, à 67 ans.

1895 - Une locomotive traverse la façade de la gare Montparnasse pour tomber sur le trottoir.

1844 - Naissance de Sarah Bernhardt, souvent considérée comme la plus grande actrice du XIXe siècle.

1811 - Naissance du compositeur hongrois Franz Liszt.

1797 - André-Jacques Garnerin effectue le premier saut en parachute, s’élançant d’un ballon au parc Monceau à Paris.

1785 - Le marquis de Sade entreprend la rédaction des Cent vingt journées de Sodome.

1721 - Pierre Le Grand prend le titre de tsar de toutes les Russies


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