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« Je pratique un métier que j’aime » Jean Ednor Joseph, artisan

jeudi 23 octobre 2014

Voilà 18 ans aujourd’hui que Jean Ednor Joseph s’est lancé dans le milieu artisanal. Après ses études classiques, il décide de devenir tailleur. Plus tard, diplôme en main, il n’a même pas le temps d’exercer son vrai métier, qu’il tombe en amour des paillettes. Il commence alors à faire des drapeaux vaudoues. Quelques années après, il se laisse tenter par d’autres expériences, dont les sacs à main et les sandales. Depuis, il est passé maître dans cet art.

« Je ne vis que par et pour l’artisanat », affirme l’artisan d’un ton ferme, lorsque je le rencontre ce mercredi après-midi. Chemise et pantalon sérieux, il ne donne pas l’allure décontractée habituelle des artisans. « Je n’ai jamais envisagé de faire quelque chose de différent. Ce que j’avais appris heureusement m’aide encore aujourd’hui. Je peux tailler les formes, coudre et monter les sacs moi-même. » Fontamara 27 prolongé, c’est là que se trouvent sa maison et son atelier de travail. « J’ai cinq employés sous ma direction. Je leur ai appris à travailler les paillettes. Mais je suis le seul à dessiner mes modèles et à monter mes sacs et sandales. J’ai vite compris que plusieurs artisans ne faisaient pas ce métier par passion. Donc, c’était difficile pour moi de trouver leurs produits satisfaisants. Je préfère faire certaines choses avec mes propres mains, comme ça je suis sûr d’un travail bien fait. »

En effet, les produits de l’artisan ont un fini irréprochable. Même si on retrouve d’autres designers qui font des pièces similaires, Jean Ednor ne se plaint pas de la vente de ses créations. « Je suis toujours en train d’ajouter de nouvelles choses à mes collections. Je crois que c’est mon ange gardien aussi qui veille sur moi. J’ai toujours des commandes. La Fokal m’aide beaucoup aussi. Ils sont actuellement en train de voir si je peux avoir un point de vente à l’étranger. J’ai toujours eu des gens merveilleux sur mon chemin et qui m’ont aidé à devenir ce que je suis aujourd’hui. » Père de famille, célibataire, Jean Ednor ne fera pas de choix pour ses enfants le moment venu. « S’ils veulent me suivre, je les encouragerai, sinon, tant pis ! »

Pour sa quatrième participation à Artisanat en fête, il ne se détourne pas de sa spécialité. Avec de nouveaux modèles de sacs et de sandales, l’artisan croit que la foire du 25 et du 26 octobre sera pour lui un succès. « Je dois avouer que c’est grâce à Artisanat en fête que je suis devenu un artisan recherché. Je vends toujours tout ce que j’apporte à la foire. Et les jours suivants, je reçois souvent des appels de clients qui me demandent de leur apporter d’autres produits. C’est une vraie opportunité pour les artisans de se faire connaître et je suis confiant et excité à l’idée d’y participer à nouveau. »

L’aîné d’une famille de quatre enfants, Jean Ednor n’a jamais regretté son choix de se lancer dans ce secteur. « Je ne suis pas riche, mais je pratique un métier que j’aime, je mange tous les jours, mon enfant va à l’école, j’ai un toit et j’ai des clients satisfaits, tout cela grâce à l’artisanat. Je n’ai besoin de rien d’autre. En plus, je sais qu’un jour ce métier prendra vraiment son essor et j’en bénéficierai grandement. » Contrairement à d’autres, Ednor avoue que ce sont les Haïtiens du pays qui achètent ses produits. Rares sont les étrangers qui viennent à lui. « M pa janm kontre a blan non mwen », lâche-t-il dans un rire étranglé. Son inspiration, il le tient de son environnement et de son envie de toujours améliorer ses œuvres. « Chaque année, chaque saison, chaque mois, j’essaie de changer ce que j’offre. J’ajoute des couleurs, des formes, des arrangements différents. Mes articles ne se ressemblent pas », précise t-il.

Une journée de Jean Ednor Joseph débute à 6 heures du matin. Et quand il ferme l’atelier vers 6 heures du soir, l’artisan compte au moins une quinzaine de petits sacs en bandoulière, cinq gros sacs à main, et six paires de sandales. « Je travaille vite et bien. Je suis très méticuleux, presque maniaque au point de vue de ce que je représente. Je ne cesserai jamais de louanger ce métier. Donc, je dois bien le pratiquer. Il m’a donné un nom et pour cela je lui en suis toujours redevable. »

Gaëlle C. Alexis


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