MosaikHub Magazine

Vers un pouvoir de facto

samedi 25 octobre 2014

Ce dimanche 26 octobre, des élections auront lieu en Haïti. L’arrêté présidentiel de juin 2014 convoquant le peuple dans ses comices n’ayant pas été rapporté.
Les élections du 26 octobre n’auront pas lieu. Tout le monde le sait. Les conditions pour qu’elles se tiennent ne sont pas réunies. Ne l’ont jamais été.
Haïti, depuis des années, décroche de tous les prescrits de sa Constitution et des dispositions légales qu’elle s’impose. Les élections nons tenues de ce dimanche ne sont qu’une illustration parmi d’autres.
Le Parlement ne sert plus à rien. L’exécutif ne peut rien orienter. Le pouvoir judiciaire est décrié. La société civile pèse peu dans le jeu. Les acteurs politiques signent des accords qu’ils ne respectent pas. Engagent des consultations sans fin, ni objectif. La presse erre avec tout ce beau monde. Le temps passe et tout le monde s’en contente.
Le Conseil électoral, qui a préparé la loi électorale, n’a pas pu la faire voter dans les mêmes termes par les deux branches du Parlement. La présidence et l’opposition radicale ont échoué à se rapprocher d’un dénominateur commun. Aucun médiateur n’est compétent pour appeler à la raison les parties en conflit ouvert ou larvé.
Pendant ce temps, les citoyens de bonne volonté et la majorité silencieuse assistent au spectacle de notre incapacité à dépasser nos petites lacunes. Avec un rare appétit, les forces politiques attendent le deuxième lundi de janvier 2015 pour constater que le pays a échoué sur toute la ligne.
Si la tendance se maintient, nous n’aurons plus ce jour-là de Parlement correctement constitué. Nous n’aurons pas de budget régulièrement ratifié. Nous n’aurons aucune perspectives d’élection en vue de renouveler les élus, et ce à aucun niveau. Le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire n’aura pas la sérénité, n’inspirera pas confiance pour éviter la contestation de chacune de ses décisions.
Le 12 janvier 2015, comme le 12 janvier 2010, le pays risque de subir les affres d’un séisme. Si les responsables politiques ne dépassent pas leur ego, nous serons un pays revenu au temps des pouvoirs de facto.
Quand on se rappelle que la recherche des accommodements raisonnables n’a jamais été un sport pratiqué avec talent par les politiciens haïtiens, il faut s’attendre à ce que tous les excès soient de sortie dans les semaines et les mois à venir.

Frantz Duval
duval@lenouvelliste.com


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