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Plateforme haïtienne des organisations éducatives

Mise en garde des syndicalistes au ministre Manigat

mercredi 5 novembre 2014

Alors que le titulaire du MENFP, Nesmy Manigat, avait affirmé haut et fort que toutes les grandes décisions du ministère sont prises en accord avec les syndicats d’enseignants, la Plateforme haïtienne des organisations éducatives, qui regroupe quelque huit syndicats d’enseignants, est montée au créneau ce lundi pour se laver les mains des récentes initiatives du ministère. Par la voix de ses deux porte-paroles Josué Mérilien et Dorcely Masly, la plateforme dit ne pas être informée des décisions du ministère et lance une mise en garde au ministre Nesmy Manigat, l’invitant à respecter les clauses du protocole d’accord signé, il y a quelques mois, avec les syndicats. Dans le cas contraire, elle réitère sa volonté de recourir aux manifestations et à la grève en janvier 2015 en vue de trouver une réponse favorable à ses revendications.

« Contrairement à ce que dit le ministre Manigat, c’est dans la presse comme tout le monde que nous apprenons que le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) organise une formation pour des directeurs de lycées et compte organiser cette semaine une formation pour des professeurs des écoles publiques », a déclaré le secrétaire général du Réseau des enseignants haïtiens (REEH), Dorcely Masly, lors d’une conférence de presse tenue ce lundi au local de l’UNNOH au Bois-Verna. Concernant la formation que le ministère prévoit d’organiser pour des professeurs « cette semaine », M. Masly a fait savoir que la plateforme n’a pas été informée d’une telle initiative.

« Le ministère a donné congé cette semaine afin de faire des formations pour des professeurs, alors qu’aucun des professeurs membres de la plateforme qui regroupe plusieurs syndicats ne sait pas jusqu’à présent où cette formation sera organisée. Nous nous demandons qui sont ces professeurs qui vont bénéficier de cette formation. »

En ce qui a trait au bac permanent que le ministère relance pour cette année, le syndicaliste dit ne pas comprendre pourquoi le MENFP exige 750 gourdes des candidats pour participer à cet examen alors que les frais étaient de 250 gourdes avant.

D’un autre côté, le secrétaire général du REEH demande au ministère de doter, « le plus vite possible », tous les enseignants d’une carte d’assurance en vue de leur permettre d’avoir accès à des soins de santé, « comme il est écrit dans le protocole d’accord ». « Si le ministère ne fait rien pour répondre à nos revendications et s’il ne respecte pas ses engagements dans le cadre de ce protocole d’accord, nous lancerons en janvier prochain une vaste mobilisation en vue de trouver des solutions à nos problèmes », a-t-il menacé.

Pour sa part, le coordonnateur de l’Union nationale des normaliens haïtiens (UNNOH) prétend qu’il a des indices prouvant que le ministre Nesmy Manigat subit la pression de ceux qu’il appelle « des racketteurs, des corrompus professionnels » afin de ne pas appliquer les mesures qu’il avait lui-même lancées pour redresser la qualité de l’éducation, et afin qu’il se mette en face des syndicats d’enseignants. Josué Mérilien lance une mise en garde au ministre contre ceux qui voudraient l’entraîner dans une telle logique.

« Il y a des indices qui montrent que des corrompus professionnels qui se trouvent à l’intérieur comme à l’extérieur du ministère, n’aimant pas les syndicats, utilisent le mensonge et la flatterie comme armes pour traîner le ministre dans la corruption, comme ils ont l’habitude de le faire avec tous les dirigeants de ce ministère », croit savoir Josué Mérilien sans mentionner qui sont « ces professionnels corrompus ». Et de prévenir : « Si le ministre se laisse faire et se dresse en face de nous, nous serons également en face de lui et de tous les mauvais actes qui auraient des conséquences sur le virage vers la qualité que le ministre prône lui-même. »

Interrogé sur le vœu du président Martelly, lors de sa récente visite en France, de voir des professeurs retraités français venir enseigner en Haïti, Josué Mérilien, conscient que notre système éducatif manque d’enseignants qualifiés, n’y voit pas d’inconvénient. « Au niveau de la plateforme, il n’y a pas de problème à ce que des professeurs français viennent enseigner dans le système éducatif haïtien. D’ailleurs, dans le temps, il y avait des professeurs étrangers (canadiens, français, entre autres) qui enseignaient en Haïti », indique le syndicaliste, avant de nuancer : « Nous sommes ouverts à l’apport de tout professeur étranger, mais dans un cadre bien défini par le ministère... L’État doit mettre en place des structures pour assurer la formation continue des maîtres. »

Plus loin, le coordonnateur de l’UNNOH invite à considérer le problème du système éducatif haïtien sur un plan global, précisant que le problème de professeurs qualifiés est l’un de ses nombreux problèmes. « Il y a par exemple ce qu’on appelle les conditions de travail dans les écoles publiques, poursuit le professeur Mérilien. Lorsque dans un lycée, on a entre 150 et 200 élèves dans une salle de classe, alors que la norme internationale est de 20 ; quand on a une classe de 200 élèves, c’est comme si on avait 10 classes dans une seule classe, il est fort difficile à un enseignant de bien dispenser son cours... »

Bertrand Mercéus
mbertrand@lenouvelliste.com

Voir en ligne : Le Nouvelliste

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