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Obama diminué sur la scène internationale

vendredi 7 novembre 2014

Editorial du « Monde ». Barack Obama peut chercher un peu de réconfort dans l’histoire. Après tout, ce qui lui arrive − une retentissante défaite aux élections de mi-mandat – n’est pas exceptionnel. Le parti qui tient la Maison Blanche est en général sanctionné lors de ce scrutin. Enfin, face à un Congrès entièrement aux mains des républicains, au Sénat comme à la Chambre des représentants, le président conserve son droit de veto.

Il n’empêche : au lendemain du vote du mardi 4 novembre, M. Obama apparaît comme singulièrement affaibli à l’intérieur, ce qui ne manquera pas d’avoir un impact à l’extérieur. Son aptitude à mener la politique étrangère de son choix va s’en trouver diminuée, son poids sur la scène internationale aussi. Ce n’est pas une bonne nouvelle.

La majorité républicaine n’a pas le pouvoir, ni sans doute le désir, de revenir sur les grands axes de la diplomatie américaine : relatif désengagement du Moyen-Orient ; affichage d’une présence renforcée des Etats-Unis dans la zone Pacifique face à une Chine de plus en plus sûre d’elle-même ; front commun avec les Européens face à un président russe, Vladimir Poutine, parti en croisade contre « l’Occident ».

Divisés en politique étrangère, les républicains jouent les durs face à l’explosion djihadiste au Moyen-Orient. Mais ils savent l’opinion opposée à toute nouvelle aventure extérieure : ils ne proposent rien de plus que ce qu’a entrepris M. Obama pour contenir les djihadistes de l’Etat islamique en Irak et en Syrie.

Sur quelques dossiers importants, ils vont, cependant, s’efforcer de torpiller la diplomatie du président. La première victime en sera la politique environnementale des Etats-Unis. Pour les républicains, le réchauffement climatique est une faribole inventée par des gauchistes. Rien ne doit venir entraver l’exploitation du charbon, du pétrole et du gaz ou la compétitivité des entreprises américaines. Autant dire que la perspective de voir ce Congrès ratifier un quelconque accord sur la lutte contre les gaz à effet de serre est inexistante.

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Sénatoriales américaines : défaites en série chez les démocrates

C’est la douche froide dans le camp démocrate. Il vient de perdre le contrôle du Sénat, lors d’un vote sanction contre la politique de Barack Obama. Dans le Kentucky, la candidate démocrate n’a pas pesé lourd face au chef de file républicain au Sénat Mitch McConnell. Elle s’était abstenue d’afficher son soutien à Barack Obama, très impopulaire. ’Même si cette soirée ne nous a pas apporté les résultats attendus, ce combat valait la peine. Je vais continuer à lutter pour le bien commun du Kentucky tous les jours. J’espère que le message est passé au Congrès sur le fait qu’il faut augmenter le salaire minimum, réduire l’écart salarial entre les hommes et les femmes, et ramener les emplois bien rémunérés dans le Kentucky’ a déclaré Alison Lundergan Grimes après sa défaite. Les démocrates ont notamment perdu dans l’Arkansas, le Dakota du Sud, le Montana, la Virginie-Occidentale et le Colorado. ’Depuis que j’ai le privilège de servir le peuple du Colorado, je me suis toujours senti gagnant et ce soir ne fait pas exception’ a déclaré le démocrate sortant Mark Udall. En Caroline du Nord, la candidate démocrate sortante Kay Hagan a été battue. Barack Obama avait déclaré que s’il perdait cet Etat, le Congrès serait perdu. ’Vous n’étiez pas seulement à mes côtés, mais aux côtés de toutes les familles de travailleurs de Caroline du Nord. Ce sont les familles pour lesquelles je me suis battue pendant six ans au Congrès, et ce sont celles qui ont toujours besoin d’une voix’ a affirmé Kay Hagan. Barack Obama a invité les responsables du Congrès vendredi à la Maison Blanche. Il finira son mandat avec le parti adverse contrôlant les deux chambres, comme nombre de ces prédécesseurs avant lui.

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Convaincus que l’Amérique est une manifestation du Bien, les républicains ont besoin d’une puissance incarnant le Mal absolu. Ils l’ont trouvée en la personne de la République islamique d’Iran. Ils feront tout pour s’opposer à un accord sur le nucléaire avec l’Iran, préfigurant un début de normalisation entre Washington et Téhéran. Tant pis si une telle évolution est pourtant l’une des rares perspectives de stabilisation de la région. Sur ce dossier, comme sur celui de la négociation israélo-palestinienne, les républicains sont alignés sur les positions du gouvernement de Benyamin Nétanyahou.

S’il se réjouit de la défaite électorale de M. Obama, M. Poutine a bien tort. Car, face à la Russie, et à sa politique ukrainienne notamment, la majorité républicaine cuvée 2014 risque d’être plus portée encore que la Maison Blanche sur une diplomatie de sanctions économiques renforcées.

Enfin, plus libre-échangistes que les démocrates, les républicains vont aider le président sur au moins une de ses priorités étrangères : la conclusion de deux traités de libéralisation commerciale, l’un avec l’Europe, l’autre avec l’Asie.

En politique moins qu’ailleurs, rien n’est écrit. Face à un Congrès aux mains de l’opposition, un président décidé, prêt à l’affrontement comme à l’opération de charme, peut beaucoup. Il est vrai que ces deux dispositions ne sont pas la marque de Barack Obama.


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