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Dakar : des milliers de peaux de lions, de léopards et de hyènes saisies

jeudi 6 novembre 2014

Informées par l’ONG Wara, les autorités sénégalaises ont démantelé un trafic international d’animaux protégés.
Par Frédéric Lewino

Voilà un an que la Française Charlotte Houpline, 32 ans, attendait ce moment-là : le démantèlement d’un des plus importants réseaux de trafic de peaux et d’autres organes d’animaux sauvages d’Afrique de l’Ouest. Un an que les enquêteurs de son ONG Wara, fondée en 2010, étaient sur la piste de ces trafiquants installés à Dakar.

Quand les policiers du DIC (division des investigations criminelles) ouvrent les portes de l’entrepôt, la jeune femme découvre avec horreur une caverne d’Ali Baba du crime faunistique. "Nous avons compté 2 600 peaux et objets provenant d’animaux sauvages tués illégalement : des peaux de hyènes, de léopards, de pythons et surtout de lions." Des peaux et canines appartenant à une douzaine de lions sont saisies. Le chiffre est considérable puisque les derniers recensements menés en Afrique de l’Ouest évoquent l’existence de 250 lions sauvages survivants.

Un an d’investigation

"Ce trafic illégal menace d’extinction les lions", assure Charlotte Houpline. Le roi de la jungle a déjà disparu de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest. Un véritable génocide. Une peau de lion se négocie autour de 2 300 euros. Les acheteurs sont des expatriés, des Libanais ou encore des Asiatiques. "Nous allons pratiquer des analyses ADN pour trouver l’origine des lions", précise l’activiste.

Cette arrestation spectaculaire est le résultat d’un an d’investigation. L’ONG Wara opère de la même façon que l’ONG Laga, fondée par l’Israélien Ofir Drori au Cameroun (à ce sujet, voir notre reportage : Ofir, la terreur des braconniers). C’est un fonctionnement quasi militaire. Des enquêteurs anonymes commencent par se faire passer pour des acheteurs en quête de souvenirs. Ils doivent rechercher les vendeurs, acquérir leur confiance, leur faire donner le maximum d’informations sur leur trafic. Cette première phase a duré un an. "Une fois en possession de toutes les preuves du trafic, nous avons pu passer à la deuxième étape, celle de l’arrestation. Nous avons alors fait appel aux autorités du pays pour opérer les arrestations dans le cadre de la loi", poursuit Charlotte. En effet, Wara entretient d’excellents rapports avec le ministre de l’Environnement du Sénégal.

© Wara-Eagle

Le 31 octobre, la souricière est en place. Les trafiquants pouvant se révéler dangereux, c’est donc l’unité d’élite du DIC qui procède aux arrestations en présence du représentant de la convention Cites, Abba Sonko. Les enquêteurs de l’ONG fixent rendez-vous à deux des trafiquants dans un hôtel de Dakar, où ils sont aussitôt menottés. Puis les policiers se ruent dans l’entrepôt des trafiquants, où trois autres malfaiteurs, dont le chef du réseau, sont arrêtés. Un succès total, et certainement le démantèlement du principal réseau de trafic faunistique de ces dernières années en Afrique. Les objets saisis proviennent du Niger, du Mali, du Congo, du Kenya et de plusieurs autres pays africains.

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