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Israël : la police en alerte après la mort d’un Arabe israélien, abattu par un officier

dimanche 9 novembre 2014

Un nouveau degré a été franchi en Israël dans le cycle de violences qui fait planer la menace d’une nouvelle Intifada. Dans la ville arabe de Kafr Cana, près de Haïfa (Nord) plusieurs milliers de personnes ont participé aux funérailles, samedi 8 novembre, d’un jeune homme de 22 ans, Kheir Hamdan, tué la nuit précédente par un policier israélien. Un « meurtre de sang froid », selon le maire de la ville, et qui a provoqué la fureur des Arabes israéliens. Ces derniers représentent 20 % de la population du pays, mais s’estiment victimes de discriminations incessantes, comme des citoyens de seconde zone.

Des affrontements avec la police ont eu lieu à l’entrée de Kafr Cana. Dimanche, dans la crainte d’une propagation de la contestation, les forces de l’ordre ont été placées en état d’alerte. Un appel à la grève générale des commerces et des écoles a été lancé par des représentants de la communauté arabe israélienne. Pendant ce temps, les émeutes nocturnes se poursuivent dans les quartiers arabes de Jérusalem-Est, comme Chouafat, Sur Baher ou Wadi Joz.
DES PREMIERS ÉLÉMENTS ACCABLANTS

Les circonstances de la mort de Kheir Hamdan, décédé à l’hôpital, font l’objet d’une enquête interne. Les premiers éléments sont accablants pour les fonctionnaires d’une unité de Nazareth, qui se trouvaient dans le village pour procéder à l’arrestation de l’un de ses proches. Selon leur version, ils auraient tiré sur le jeune homme, car leur vie se trouvait en danger. Or, une vidéo de surveillance montre distinctement Kheir Hamdan en train de cogner à plusieurs reprises les vitres d’une voiture de police avec un objet qui pourrait être un couteau, puis reculer. Un officier sort alors du véhicule et tire sur lui à une distance de deux mètres, alors qu’il ne se trouvait pas en situation de péril immédiat.
Dans un premier temps, la police a déclaré qu’il y avait eu un tir de sommation, ce qui semble faux. Autre violation des procédures, les fonctionnaires portent l’homme abattu vers la voiture, au lieu d’appeler une ambulance et de procéder aux constats d’usage sur les circonstances de l’incident. La vidéo a provoqué une onde de choc parmi la population arabe. Interrogé par le quotidien Ma’ariv, le père de Kheir Hamdan estime que les policiers « l’ont tué de sang froid parce qu’il était arabe. Ça ne se serait pas terminé ainsi s’il avait été juif. Ils n’auraient pas tiré, ou alors ils auraient tiré dans la jambe, et il ne serait pas mort ».

UNE BAVURE ÉVIDENTE

Le maire de Kafr Cana, Moujahid Awawida, a réclamé une autopsie de Kheir Hamdan et a dénoncé le « terrorisme d’Etat » que représenterait « le comportement d’Israël envers les Arabes ». Malgré l’évidence de la bavure, ni la hiérarchie policière ni le gouvernement n’ont émis la moindre critique des agissements des fonctionnaires impliqués. Le chef de la police, Yohanan Danino, a apporté son plein soutien à ses fonctionnaires. « J’ai été le témoin aujourd’hui d’attaques non fondées et irresponsables contre les officiers de la police israélienne », a-t-il déclaré samedi.

Le 5 novembre, après une nouvelle attaque palestinienne à la voiture-bélier à Jérusalem, le ministre de la sécurité publique, Yitzhak Aharonovitch, avait semblé donner blanc-seing aux policiers en déclarant : « Un terroriste qui attaque des civils mérite d’être tué. » La petite phrase avait déclenché une polémique politique. De nombreux manifestants à Kafr Kanna ont réclamé sa démission.

De son côté, le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a publié un communiqué menaçant de déchoir de leur nationalité les Arabes israéliens agissant contre l’Etat, en réaction, semble-t-il, à certains slogans lancés par les manifestants à Kafr Cana.

« Israël est un Etat de droit. Nous ne tolérerons ni les troubles ni les émeutes. Nous agirons contre les lanceurs de pierres, contre ceux qui bloquent les artères routières, et contre ceux qui appellent à l’instauration d’un Etat palestinien à la place de l’Etat d’Israël. Quiconque ne respecte pas la loi israélienne sera puni dans toute sa rigueur. Je vais demander au ministre de l’intérieur d’envisager la destitution de la nationalité pour ceux qui appelent à la destruction de l’Etat d’Israël. »

Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant


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