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S’allier avec Washington, la question divise en Iran

mercredi 18 juin 2014

Téhéran et Washington pourront-ils mettre de côté leurs divergences vieilles de plus de trois décennies, pour envisager des opérations communes visant à éradiquer la menace des djihadistes de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ?

Alors que les Etats-Unis, par la voix de son secrétaire d’Etat, John Kerry, ont fait savoir qu’ils n’excluraient "rien qui puisse être constructif", en Iran, cette question divise aussi bien la presse que les politiques. Sur la possibilité de pourparlers entre les deux pays, qui n’ont plus de relations diplomatiques depuis la prise d’otages à l’ambassade américaine à Téhéran en 1980, il semble que le président iranien, Hassan Rohani, ne soit pas celui qui aura le dernier mot.

"Dès le moment où les Etats-Unis commencent à agir contre l’EIIL, il sera possible de réfléchir à comment collaborer avec ce pays", avait indiqué Hassan Rohani, samedi 14 juin. Face à cette déclaration, pour le moins surprenante du chef d’Etat iranien, n’excluant pas de possibles négociations directes entre les deux pays, Ali Shamkhani, chef-adjoint du Haut conseil de la sécurité nationale, a dû tout nier en bloc. Selon ce ténor conservateur, il s’agissait là d’une information produite par "les médias occidentaux" qui "cherchent à mener une guerre psychologique et complètement irréelle" contre l’Iran.

"Comme nous l’avons [déjà] annoncé, en cas d’une demande officielle de la part du gouvernement irakien, nous étudierons comment l’aider dans le cadre des lois internationales, a précisé Ali Shamkhani, lundi 16 juin. Cela sera une affaire entre les deux pays et n’impliquera aucunement une troisième partie [les Etats-Unis]."

La presse divisée

Les mêmes divisions se font entendre dans les quotidiens iraniens qui prennent partie pour ou contre les éventuels pourparlers directes entre les deux pays, qui auront "pour prétexte" la montée en puissance des djihadistes sunnites en Irak.

Le journal ultraconservateur Kayhan accuse, dans son numéro du 16 juin, la presse réformatrice qui, en "prétextant des insécurités en Irak", "s’emballe en vue d’un rapprochement", et qui essaie de "construire un pont entre l’Iran et les Etats-Unis".

Le même jour, le quotidien réformateur Shargh avait explicitement demandé aux autorités iraniennes de saisir cette "occasion sans précédent", offerte par "les évolutions dans toute la région" pour parler directement avec "le chef du village", à savoir les Américains. "Les deux pays [l’Iran et les Etats-Unis] peuvent jouer un rôle constructif sur la scène internationale dans un climat de respect et de compréhension mutuels", soutient l’analyste de la diplomatie Fereydoun Majlessi. Selon ce spécialiste, les Etats-Unis ont enfin compris que, à l’origine du "terrorisme meurtrier", de la catastrophe du "11-Septembre" et des "assassinats dans les rues de Boston", se trouve "leur propre allié de longue date, l’Arabie saoudite".

Le quotidien appartenant au gouvernement, Iran, est plus prudent dans sa ligne politique face à l’éventualité des négociations directes entre Téhéran et Washington. Sans mentionner le nom des Etats-Unis, il invite le président Rohani, ce 16 juin, à "envisager des initiatives adéquates pour assurer les intérêts et la sécurité du pays". "Une victoire définitive, rapide et permanente de l’EIIL en Irak est loin et peu imaginable. Or, même un enracinement temporaire sur une partie du pays est contraire aux intérêts et à la sécurité du pays", peut-on lire dans l’éditorial d’Iran.


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