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C’est show pour Bill Cosby

mercredi 14 janvier 2015

Par Stéphane Lauer (New York, correspondant)

La star des années 1980 est accusée de viol par une quinzaine de femmes. Des révélations qui interviennent alors qu’il préparait son come-back.

Le retour du comédien américain Bill Cosby avait été méticuleusement préparé. Publication d’une biographie laudatrice, production d’une émission spéciale sur Netflix, exposition de sa collection d’art afro-américain au Smithsonian museum de Washington… NBC, la chaîne qui l’avait propulsé en haut de l’affiche avec la série « Cosby Show » dans les années 1980, travaillait même sur un nouveau projet le mettant en vedette.

Mais à 77 ans, M. Cosby, rattrapé par des vieux démons, est en train de voir tout ce bel édifice s’effondrer. L’acteur fait l’objet d’une série d’accusations de viols, qui se seraient déroulés au cours des dernières décennies. Face à l’ampleur du scandale, NBC a annulé mercredi 19 novembre son projet, tandis que la veille Netflix annonçait le report de la diffusion de son émission. Sa présence a également été déprogrammée du « Late Show » de David Letterman, une émission très populaire diffusée sur CBS, ainsi que du « Queen Latifah Show ».

Pas de plainte

Les révélations se sont multipliées ces derniers jours. Dernière en date, l’auteure de comédies, Joan Tarshis, a accusé lundi 17 novembre Bill Cosby de l’avoir droguée et violée en 1969, alors qu’ils travaillaient ensemble sur un scénario. Elle avait alors 19 ans. Ce sont au total une quinzaine femmes qui aujourd’hui sont sorties de l’anonymat pour porter des accusations similaires.

Les soupçons qui pèsent sur Bill Cosby ne sont toutefois pas nouveaux. En 2005, Andrea Constand avait porté plainte pour avoir été droguée et agressée par Bill Cosby. Mais à l’époque, le procureur en charge de l’affaire affirme n’avoir pas assez de preuves. Mme Constand accepte d’abandonner ses poursuites après le règlement d’une somme d’argent.

Mais la plupart des victimes, n’oseront pas porter plainte sur le moment, comme Joan Tarshis. « Je n’ai pas appelé la police parce que je n’avais que 19 ans à l’époque. J’avais peur et je pensais que personne ne me croirait. Bill Cosby, c’était Monsieur Amérique », a expliqué mercredi sur CNN Mme Tarshis. Sollicitée à l’époque par les tabloïds américains, elle affirme n’avoir pas voulu régler le contentieux par la voie du scandale.

Silence gênant

Tamara Green, qui était modèle dans les années 1970, s’est dite également victime des assauts du comédien. « C’est un prédateur sexuel. Je ne conteste pas le fait que cet homme a également répandu le bien autour de lui, mais il est plein de failles et il s’octroyait tous les droits des années durant en raison de son statut et de sa célébrité », affirme-t-elle dans une interview à Newsweek. Un concert d’accusation auquel l’ex-top modèle Janice Dickinson a fini par se joindre, affirmant qu’elle aussi avait été droguée et violée près du Lac Tahoe (Californie), en 1982.

Le malaise est d’autant plus grand que lorsque le 6 novembre, lors d’une interview filmée avec l’agence AP, Bill Cosby a esquivé les questions qui lui étaient posées à propos de ces accusations. « Non, nous ne répondrons pas à ça. Il n’y a pas de réponse », lâche le comédien, les yeux dans le vague. Même silence gênant lors d’une nouvelle interview avec, le 15 novembre, accordée à la radio NPR.

Manque de preuves

Depuis, l’avocat de Bill Cosby, John Schmitt, a balayé d’un revers de main les accusations. « Au cours des dernières semaines, des allégations vieilles d’une décennie et sans fondement sont revenues à la surface contre Monsieur Cosby. Le fait qu’elles soient répétées ne les rend pas plus vraies. Monsieur Cosby n’a pas l’intention de leur donner de la valeur en y répliquant. Il aimerait remercier tous ses fans pour leur soutien. Aucune autre déclaration ne sera faite. », a-t-il déclaré dimanche.

Cette ligne de défense sera-t-elle assez solide pour protéger Bill Cosby ? Même si des poursuites peuvent être menées dans un certain nombre d’États, le célèbre avocat pénaliste, Benjamin Brafman, qui avait défendu Dominique Strauss-Kahn en 2011, estime dans le New York Times, qu’il y a peu de chances qu’elles aboutissent. Le fait que ces affaires remontent à plusieurs décennies et le manque de preuves médico-légales constituent de sérieux obstacles à la procédure, affirme-t-il.

Stéphane Lauer (New York, correspondant)


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