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Miss France, comme si vous y étiez (déjà)

samedi 6 décembre 2014

Chaque année, c’est le même cinéma. Miss France est fière de représenter sa région, s’émeut du sort des enfants malades et remercie sa maman en pleurant.

C’est l’instant suprême. L’instant d’avant que les paillettes, tombant des cintres, ne se répandent sur la jeune et jolie tête de la nouvelle Miss France. L’instant d’avant que Jean-Pierre Foucault ne livre son nom et que ses 32 rivales s’appliquent à applaudir de bon coeur, sans froisser leurs gants blancs. Trois dauphines viennent d’être désignées, qui n’intéressent déjà plus guère les téléspectateurs : elles peuvent cuver leur amertume - si près du but ! - à l’abri des caméras. Il n’en reste plus que deux, face à face, qui se tiennent par les mains et luttent contre les premières larmes avec un brave petit sourire de composition, car il est formidable d’être arrivé si loin. Ce sont de toutes jeunes femmes encore, 21 ans, pensez ! Une musique de circonstance accroît le suspense et laisse pressentir l’enchantement. La production fait durer la chose le temps nécessaire ; elle a de cela une longue pratique. Dans les salons de 8 millions de téléspectateurs, les paris sont ouverts.

Elle n’aime pas la guerre et adore les animaux !

Enfin, on annonce le résultat. Bouleversée, ne pouvant y croire, la jeune élue se cache le visage dans les mains - ce visage qui sera pendant un an celui du charme français. Ses lisses épaules découvertes par la robe de soirée tressaillent, son maquillage coule un peu, mais son chignon ne tangue pas. Il faut bien se montrer, tout de même : sous le regard attendri mais vigilant de Sylvie Tellier, patronne du comité Miss France, vient ensuite le temps des "mercis", entrecoupés de sanglots. Des "mercis" au jury et au public, bien sûr. Mais surtout aux parents qui ont fait d’elle ce qu’elle est devenue : une jeune femme de caractère et d’ambition, qui a mené de front le parcours des Miss et un BTS action commerciale. Une jeune femme humble aussi, honorée de représenter la France et ses régions. Sensible aussi bien aux souffrances d’autrui, à la solitude des personnes âgées et aux enfants malades pour lesquels son association tâche de lever des fonds. Elle s’intéresse aux grands enjeux environnementaux, mais préférera ne pas livrer ses convictions politiques. On apprendra tout de même même qu’elle n’aime ni la guerre, ni la maladie, ni la faim dans le monde, ni le racisme, ni le mensonge. Qu’en revanche, elle adore les animaux, sa grand-mère qui la regarde, le Téléthon qui se déroule en même temps sur une autre chaîne, les gens qui font du bien autour d’eux, feu Nelson Mandela surtout. Elle assurera également que le concours a été une formidable expérience humaine et qu’une sélection pour Miss Monde serait plus fabuleuse encore. Miss France est morte, vive Miss France.


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