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Martelly, un bon élève

mercredi 24 décembre 2014

Le président Martelly fait bien ses devoirs ces dernières semaines. La communauté internationale s’en réjouit. Les grands ambassadeurs accrédités en Haïti multiplient leurs félicitations à l’endroit du président de la République. Sa dernière décision de désigner le Dr Florence D. Guillaume, ministre de la Santé publique, comme Premier ministre intérimaire fait la joie de Sandra Honoré, la responsable de la Minustah et de l’ensemble des membres du « Core Group ».

Alors que même chez les partisans les plus zélés de Michel Martelly au Parlement, le choix du Dr Florence D. Guillaume comme Premier ministre intérimaire est très critiqué, la communauté internationale salue cette décision du président de la République. « La représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies en Haïti et d’autres membres de la communauté internationale en Haïti représentés au sein du « Core Group » (les ambassadeurs du Brésil, du Canada, d’Espagne, des États-Unis d’Amérique, de France, de l’Union européenne, et le représentant spécial de l’Organisation des États américains) saluent la décision prise par le président de la République de désigner la ministre de la Santé publique et de la Population Première ministre intérimaire conformément à l’article 165 de la Constitution », selon un communiqué publié le mardi 23 décembre.

Le « Core Group », a précisé le communiqué, se félicite des efforts déployés par le président de la République visant la mise en œuvre des recommandations de la Commission consultative présidentielle et le travail qu’il a effectué, avec les présidents du Sénat et de la Chambre des députés, les représentants des partis politiques et d’autres acteurs politiques afin de dégager un accord pour la nomination d’un Premier ministre et la formation d’un gouvernement de consensus.

Parallèlement, le sénateur Fritz Carlos Lebon, réputé proche du pouvoir en place, prend le contre-pied et souligne que Florence D. Guillaume ne peut pas calmer le jeu et donc elle n’est pas l’« homme » du moment. Selon le parlementaire, elle n’a pas d’interface parmi les membres de l’opposition qui sont dans les rues. Pour lui, le Premier ministre a.i n’a pas de charisme politique. « Nous demandons au président de choisir rapidement quelqu’un qui peut être ratifié au Parlement et qui est à l’écoute de la population », a-t-il dit.

Il ne parle pas trop souvent. Visiblement, l’évolution dans l’actualité ces derniers jours ne le laisse pas indifférent. Le sénateur Fritz Carlos Lebon a carrément désapprouvé les cinq personnalités présentées par le palais national comme éventuel Premier ministre : les ministres démissionnaires Wilson Laleau, Charles Jean-Jacques et Duly Brutus ; l’ancien ministre Jude Hervé Day et le leader politique Evans Paul. Pour le parlementaire, les trois premiers noms font partie du passé et, étant des ministres au sein du gouvernement Lamothe, ils ne peuvent pas être présentés comme l’homme du moment. En outre, pour avoir été ministre et responsable de deniers publics, M. Day n’a pas de décharge, a évoqué M. Lebon.

Tout en saluant le courage d’Evans Paul et sa maturité politique, le sénateur Lebon a indiqué qu’on ne peut pas être juge et partie en même temps. Pour lui, M. Paul a été membre de la Commission consultative, par éthique, il ne peut pas remplacer Laurent Lamothe à qui il a réclamé sa démission à la tête du gouvernement.

Pour le sénateur Hyppolite Mélius, un autre supporteur du pouvoir, la proximité entre le Dr Florence D. Guillaume et la première dame fait problème. Le parlementaire a estimé que l’épouse du président a beaucoup joué dans la désignation du Dr Guillaume comme Premier ministre provisoire. Selon lui, le chef de l’Etat aurait dû faire ce choix de concert avec l’opposition politique afin de faire baisser la tension dans les rues.

Pour sa part, le chef de l’Etat a demandé au Premier ministre a.i de bien jouer son rôle pour la réussite de la transition afin d’arriver à une stabilité politique. Michel Martelly, qui participait mardi au lancement de la carte d’assurance maladie de l’OFATMA, a appelé la population au calme et à la sagesse, pour, dit-il, conserver « les acquis de développement ». Le locataire du palais national dit rester ouvert et disponible à rencontrer tous les secteurs sur la crise politique. Il n’a rien dit sur la liste de trois noms de personnes susceptibles d’être désignées comme Premier ministre annoncée par le palais national.

Par ailleurs, la communauté internationale a dit noter « avec appréciation la réponse positive par les neuf conseillers électoraux dans le cadre des mesures d’apaisement recommandées par la Commission consultative présidentielle et la bonne volonté politique et la disposition constructive manifestée jusqu’ici par différents partis politiques en répondant à l’invitation du président de la République pour une négociation. »

La cheffe de la Minustah et les ambassadeurs de grands pays accrédités en Haïti encouragent tous les autres acteurs concernés à s’engager à accepter les mesures proposées par la Commission consultative et à respecter la légitimité constitutionnelle du président de la République, « afin de préserver la stabilité et créer un climat de confiance, de sérénité et de respect mutuel pour trouver une solution rapide et compréhensive à la crise politique, qui permet la tenue d’élections équitables et inclusives dans le meilleur délai. »

AUTEUR

Robenson Geffrard

rgeffrard@lenouvelliste.com


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