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K-Plim pour remplumer Martelly

samedi 27 décembre 2014

Le Nouvelliste //
C’est le grand écart pour Michel Martelly.
Le président, en moins d’un mois, a dû accepter toutes les recommandations d’une Commission consultative : libérer les prisonniers politiques, se séparer de son ami et premier ministre Laurent Lamothe, et que gagne-t-il au change (lui qui s’enorgueillissait d’avoir terrassé la classe politique traditionnelle) ? Evans Paul.
Oui, Martelly échange Lamothe contre Paul.

Pour K-Plim. Le Konpè Plim de la lutte anti-Duvalier. L’un des architectes de la victoire de Jean-Bertrand Aristide en 1991. L’ancien maire Lavalas de Port-au-Prince. Un politicien de plus de quarante ans de carrière qui représente, représentait, tout ce que Michel Martelly et son premier cercle doivent détester.

Bien entendu, la cuvée 2014 d’Evans Paul n’est pas du même cru que celle de Konpè Plim des années 80 ou de la décennie 90, mais quelle leçon de modestie que le temps administre à Martelly et aux Tèt Kale !!!

Pour avoir minimisé la politique, pour avoir décidé qu’il est le seul politicien de son régime, le président de la République doit se plier et chercher à multiplier les concessions pour apaiser les clameurs de la rue et des manifestants qui, jusque sous ses fenêtres, demandent sa démission.

Qui, mieux que quiconque, selon lui, peut lui sauver la mise ? Un politicien de l’ancienne école. Qui l’eût cru, que Martelly aurait un jour besoin d’un bouclier et qu’il ferait son marché dans les rangs des politiciens traditionnels ?

En désignant Evans Paul comme premier ministre le 25 décembre, Martelly peut donner l’impression qu’il est le maître du jeu, mais rien ne peut cacher ses faiblesses. Il n’avait pas le choix. Si l’opposition crie aujourd’hui au non-respect des principes dans la désignation d’Evans Paul, les ministres qui étaient sur la liste allaient faire face à un double rideau de protestation : sur la manière et sur leur personne.

Paul est le moins mauvais des choix dont disposait le président et c’est sans doute ce qui déplait le plus à ses opposants.

Si tout se passe bien, le gouvernement de consensus devra s’ouvrir encore plus à des visages et à des tempéraments qui ne ménagent pas le président ni ses amis. C’est à ce prix, et à ce prix seulement, que Michel Martelly passera une bonne année 2015.

Michel Martelly a besoin de temps pour que de nouvelles plumes lui poussent et qu’il soit en mesure de voler de ses propres ailes. Evans Paul ou tout autre modéré lui apportera un second souffle et permettra à tous ceux que la politique rose met en danger de se protéger d’un retour de bâton.

AUTEUR

Frantz Duval

duval@lenouvelliste.com

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