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Une des leçons du 12 janvier, choisissez un bon assureur

mercredi 14 janvier 2015

Créée en décembre 2001, la Alternative Insurance Compagny (AIC) provoque depuis une lente révolution dans le secteur des assurances en Haïti. Réputées calmes et fuyant les feux des projecteurs, les assureurs haïtiens ont dû donner plus de visibilité au secteur avec l’arrivée de la AIC et de ses méthodes plus directes vis-à-vis de la clientèle. Puis vint le séisme du 12 janvier 2010 qui laissa à terre des assurés et certains assureurs. Pour faire le point, Olivier Barreau, président directeur général de la AIC, a répondu aux questions du Nouvelliste. Il prodigue des conseils, dans un pays peu assuré, sous-assuré et adepte du Bon Dieu Bon.

Le Nouvelliste : Cinq ans après le 12 janvier 2010, comment se porte le secteur des assurances en Haïti ? Il avait dû faire face à la catastrophe ?

Olivier Barreau : Le secteur des assurances en Haïti a été considérablement touché par le séisme du 12 janvier 2010. Ce secteur a dû faire face à des pertes dans l’ordre de 120 millions de dollars américains à la suite du séisme, ce qui a valu la suspension des opérations de deux ou trois compagnies d’assurances. Aujourd’hui, ce secteur qui se reprenait petit à petit doit faire face à de nouveaux défis.

En effet, le ralentissement économique du pays entrave le développement du secteur qui connait depuis ces cinq dernières années une concurrence de plus en plus soutenue avec la création de deux nouveaux assureurs sur le marché, fragilisant ainsi la stabilité acquise à long terme.

Pourtant dans un environnement avec une structure solide, l’arrivée d’autres acteurs dans le secteur témoignerait non seulement de son potentiel comme axe efficace d’accompagnement et de soutien au développement de l’ensemble des secteurs de l’économie, permettant de réduire l’incertitude et d’inciter l’exploitation des opportunités mais aussi de son dynamisme.

Aujourd’hui plus que jamais, il est fondamental que tous les acteurs s’activent avec les autorités de tutelle pour mettre à niveau le secteur, le renforcer et le dynamiser en commençant par le réglementer et garantir une bonne discipline de marché. L’absence d’un cadre légal réglementaire comme il en existe pour le secteur bancaire est une source de fragilité qui affecte tant la clientèle que les assureurs eux-mêmes. Elle limite considérablement les perspectives de croissance de cette industrie et la qualité des solutions de protection pouvant être offertes à la population.

Le Nouvelliste : Avant le séisme, les biens et les vies étaient peu assurés, la couverture s’est-elle améliorée ou croyons-nous toujours au « Bon Dieu Bon » ?

Olivier Barreau : Aujourd’hui, moins d’1% de la population haïtienne a accès à un produit d’assurance. cinq ans après, il n’y a donc pas eu de grandes avancées.

Des études montrent que l’épargne traditionnelle ne couvre que 5% du coût des pertes en cas de catastrophes tandis que l’assurance pourrait couvrir au moins 80% du coût des pertes directes.

Paradoxalement, l’épargne demeure l’outil préféré des Haïtiens pour se prémunir en cas de catastrophes. Economiquement, les Haïtiens gèrent le quotidien et n’arrivent pas à planifier l’avenir. Changer la perception d’une faible culture de l’assurance d’un peuple est un travail de longue haleine. C’est pourquoi, même après avoir vécu la catastrophe du 12 janvier 2010, la grande majorité de nos compatriotes continue encore de confier leur sécurité à la Providence.

Cette réalité vient renforcer le besoin urgent d’éducation de notre population quant à l’importance de la prévoyance. Ce n’est pas un défi que seuls les assureurs peuvent relever, car il requiert également l’implication étroite d’autres acteurs clés de la société (le gouvernement, les instances éducatives, la communauté d’affaires, etc.) .

C’est pour cela qu’à la AIC, nous maintenons un profond engagement envers nos efforts de sensibilisation pour augmenter le niveau de pénétration de l’assurance à travers le pays.

Le Nouvelliste : Même ceux qui souscrivent à une assurance sont souvent sous-assurés, quels sont les risques quand on ne se couvre pas assez ?

Olivier Barreau : Si vous n’êtes pas sûr de la fiabilité des freins de votre véhicule, l’utilisez-vous quand même pour prendre la route ?

Le but de l’assurance est d’offrir un filet de sécurité à l’assuré afin de limiter l’impact des chocs financiers en cas de sinistre. Ce filet, pour être utile, doit être très solide. Etre sous-assuré, c’est comme si ce filet de sécurité était troué et nous laissait dangereusement exposés à l’impact d’un problème (maladie, accident, catastrophe naturelle). C’est comme si les freins de notre véhicule lâchent.

Aussi, il ne s’agit pas simplement de s’assurer mais surtout de BIEN s’assurer.

S’il vous arrivait quelque chose, votre famille serait-elle financièrement à l’abri ? Et vos biens seraient-ils correctement protégés ? Faites évaluer votre maison, votre entreprise, vos équipements afin de choisir la couverture adéquate. Gardez en tête que la valeur de certains biens augmente avec le temps, aussi il faut ajuster ces valeurs pour éviter l’application de la règle proportionnelle, une clause dans le contrat d’assurance qui dit vous (l’assuré) serez pénalisé si la valeur du bien assuré est inférieure à la valeur de ce bien au moment du sinistre.

Votre bien-être n’a pas de prix, donc prenez le temps de choisir avec votre assureur les couvertures convenables et évitez les raccourcis qui peuvent engendrer des conséquences graves.

Le Nouvelliste : Quels conseils, l’assureur que vous êtes, donnerez-vous aujourd’hui, cinq ans après le séisme, à un homme d’affaires, à une mère de famille, à un jeune couple, à un propriétaire de maison ?

Olivier Barreau : La leçon principale que nous a apprise le séisme est qu’il faut se préparer car notre vie peut être bouleversée en quelques secondes.

Le 12 janvier 2010, il aura fallu de moins d’une minute pour changer drastiquement le quotidien de chaque Haïtien. Il faudra plusieurs années et des milliards de dollars d’investissement pour compléter les importants travaux de reconstruction que nécessite le pays suite au tremblement de terre.

Les familles, les entrepreneurs et les petits commerçants qui ont dû recommencer à zéro faute d’une protection d’assurance adéquate sont légion. Aussi, il est temps pour chacun d’entre nous de recadrer notre perception de l’assurance en général : elle ne représente pas une dépense futile dans notre budget, elle n’est pas une « taxe », encore moins une punition.

Au contraire, une bonne assurance est un investissement dans notre quiétude d’esprit et nous permet de savoir que dans le besoin, dans les moments critiques, nous ne serons pas seuls à y faire face.

L’assureur est en fait un partenaire devant nous accompagner tout au long de notre vie, et c’est à nous qu’il revient de le choisir. C’est une décision délicate qui doit prendre en compte des faits cruciaux tels la transparence de la compagnie, son historique quant au paiement de ses réclamations, et sa solidité financière. Le reste importe peu.

Permettez donc à un assureur solide et fiable tel que la AIC de protéger votre famille, vos biens et vous-même.

Le Nouvelliste : Quels sont les services que propose la AIC et qu’est-ce qui a changé dans votre entreprise depuis le séisme ?

Olivier Barreau : La AIC est une compagnie multiligne offrant une vaste gamme de produits d’assurance (Vie & Santé, Auto, Habitation, Entreprise, Funéraire, etc.) Le séisme fut pour la AIC une source de grands défis, mais a aussi été le catalyseur d’importants changements au sein de notre compagnie.

Depuis janvier 2010, nous avons accueilli de nouveaux partenaires stratégiques locaux et internationaux (BNC, BID) afin de solidifier notre capital de base et soutenir notre croissance. Nous avons maintenu notre engagement de transparence envers notre clientèle et le public en général à travers la publication de notre rapport annuel 2012, le premier du secteur en Haïti. Nous avons connu une croissance importante au niveau de notre équipe dont les ressources humaines ont doublé en l’espace de cinq ans.

En plus de renforcer nos pratiques de bonne gouvernance, nous avons également élargi et diversifié nos canaux de distribution à travers la distribution de nos produits dans les succursales de la Banque de l’Union Haïtienne.

Enfin, nous continuons d’innover à travers des produits d’assurance taillés sur mesure afin qu’ils répondent correctement à la réalité de notre marché. Pour ce faire, nous avons investi considérablement dans la modernisation de nos systèmes d’information pour améliorer tant nos pratiques opérationnelles que la qualité du service que nous offrons à nos assurés.

Le Nouvelliste : Après avoir provoqué la démocratisation des assurances en Haïti (publicité avec Bicha, alliance avec la BNC, assurance décès, etc.), quels sont les prochains challenges pour la AIC ?

Olivier Barreau : La AIC, en tant qu’entreprise citoyenne et responsable, continuera à encourager une législation sur le secteur des assurances en Haïti.

Nous continuerons à sensibiliser à travers l’éducation la population aux questions d’assurance. Nous croyons fermement que l’assurance peut faire une différence dans la vie de nos concitoyens. Nous pensons donc renforcer notre partenariat avec l’université Quisqueya qui nous a permis d’introduire dans les universités haïtiennes les premiers cours d’assurance.

Enfin, très bientôt nous introduirons sur le marché, comme nous l’avons fait par le passé, de nouveaux types de produits d’assurances qui prennent en considération les croyances, la culture et la capacité financière de la clientèle ; c’est-à-dire offrir une alternative solide aux produits financiers existants susceptibles d’aider ceux qui sont à la recherche de solutions flexibles, abordables permettant de faire face aux aléas de la vie sans pour autant déséquilibrer leur planification financière et ces produits seront accessibles à l’immense majorité de la population.


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