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Diriger par décret

Avec la communauté internationale à ses côtés, Martelly seul au pouvoir

mercredi 14 janvier 2015

Sur les quelque 30 sénateurs, 99 députés, 142 conseils municipaux et plusieurs centaines d’ASEC et de CASEC, Haïti ne compte désormais que onze élus. Le président de la République et 10 sénateurs. Depuis la fin de la 49e législature, le 12 janvier 2015, Michel Martelly dirige seul le pays. La communauté internationale qui se range dans le camp du chef de l’Etat a dit cependant déplorer le fait que le Parlement soit devenu dysfonctionnel.

Ses opposants sont très remontés contre lui. Ils pensent que c’était dans le plan de Michel Martelly de terminer son mandat seul au pouvoir sans le contrôle du Parlement. Le chef de l’Etat rejette ces allégations. « Si je dois prendre un décret se sera pour organiser les élections. Cela ne nous intéresse pas de diriger par décret ou d’être le seul pouvoir en place », a déclaré le président Martelly le 12 janvier en marge de la commémoration des cinq ans du tremblement de terre.

Le locataire du palais national a appelé la population au calme et aux manifestant de rester chez eux. Sans le Parlement, le chef de l’Etat a fait savoir qu’il va continuer à gérer le pays. « Haïti va continuer de vivre », a-t-il dit, soulignant que son Premier ministre va reprendre les projets laissés par son prédécesseur qui sont au nombre de 1000.

Pendant le temps qu’il aura à diriger le pays sans Parlement, Michel Martelly peut compter sur la communauté internationale. En tout cas, c’est ce qu’a promis le « Core Group » composé de la représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies en Haïti, des ambassadeurs du Brésil, du Canada, d’Espagne, des États-Unis d’Amérique, de France, de l’Union européenne, et le Représentant spécial de l’Organisation des États américains.

Dans un communiqué rendu public 24 heures après la fin du mandat de la 49e législature, la communauté internationale a dit déplorer le fait que le Parlement haïtien soit devenu dysfonctionnel et que la session extraordinaire convoquée par le chef de l’Etat le dimanche 11 janvier pour voter les amendements de la loi électorale n’ait pas eu lieu.

« Le « Core Group » est gravement préoccupé du fait que le Parlement haïtien soit devenu dysfonctionnel puisque les élections ne se sont pas tenues dans les délais prescrits par la Constitution. Dans ce contexte, « le Core Group » exprime son appui au président de la République dans l’exercice de son devoir constitutionnel visant à assurer le fonctionnement régulier des institutions et la continuité de l’Etat. Dans ces circonstances exceptionnelles, le « Core Group » espère que l’Exécutif et tous les acteurs politiques agiront avec responsabilité et avec mesure », lit-on dans le communiqué.

En outre, la communauté internationale a salué l’Accord politique signé le dimanche 11 janvier entre le président Martelly et plusieurs partis de l’opposition. « Dans l’intérêt supérieur de la nation, le Core Goup encourage tous les acteurs à se joindre au consensus à travers cet Accord. Reconnaissant les efforts du président de la République et d’autres acteurs afin de rétablir la confiance dans le processus politique, il exhorte toutes les parties prenantes à poursuivre les négociations avec l’objectif de former, de toute urgence, un gouvernement de consensus et un nouveau Conseil électoral provisoire s’inspirant de l’article 289 de la Constitution et d’organiser en 2015, dès que techniquement possible, des élections inclusives, justes et transparentes afin de consolider la démocratie et la stabilité. »

Par ailleurs, dans une déclaration envoyée à la presse le 11 janvier dernier, l’ambassade des Etats-Unis à Port-au-Prince avait déjà manifesté sa volonté de supporter le président Martelly même si aucune entente n’ait été trouvée le 12 janvier pour pérenniser le Parlement. « Les Etats-Unis continueront de travailler avec le président Martelly et quelles que soient les institutions du gouvernement légitime haïtien en place en vue de sauvegarder les avancées significatives que nous avons réalisées ensemble depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010. Le peuple haïtien a le droit d’élire ses dirigeants, et dans ces circonstances, les Etats-Unis s’attendraient à ce que le président se serve de ses pouvoirs exécutifs de manière responsable en vue d’organiser des élections inclusives, crédibles et transparentes, rapidement que possible », selon la déclaration.

Parallèlement, l’ancienne candidate aux élections présidentielles de 2011 a critiqué l’immixtion de la communauté internationale dans les affaires internes du pays. « … au nom du peuple haïtien, je réclame de nos voisins proches ou de nos partenaires éloignés, respect et compréhension ! Je demande à la communauté internationale en général et à l’ambassade américaine en particulier de ne pas nous imposer des solutions ou des initiatives qu’elles n’accepteraient pas chez elle. J’élève ma voix pour protester contre cette suggestion à peine voilée, de violer notre charte fondamentale », a déclaré Mirlande Manigat dans une adresse à la nation le 12 janvier.

Pour le moment, personne ne peut dire avec certitudes quand auront lieu les élections. Cependant, dans l’Accord de Kinam signé le 11 janvier entre le chef de l’Etat et des partis politiques de l’opposition, il est dit que les parties en présence « Décident de tout mettre en œuvre pour rétablir la confiance dans les institutions et parvenir à réaliser des élections législatives pour les deux tiers du Sénat et les députés, pour les collectivités territoriales et l’élection présidentielle avant la fin de l’année 2015. »

AUTEUR

Robenson Geffrard

rgeffrard@lenouvelliste.com


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