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Une vraie cohabitation demande Lavalas, Évans Paul toujours sur un siège ejectable

jeudi 15 janvier 2015

L’accord de Kinam signé le 11 janvier 2015 entre le chef de l’Etat et des partis politiques de l’opposition n’a pas pu éviter le vide institutionnel. 24 heures après la signature de cette entente, le Parlement est devenu non fonctionnel empêchant ainsi l’application du document. Ses signataires estiment que l’accord doit être modifié afin de l’adapter à la nouvelle réalité de l’heure. Parallèlement, Fanmi Lavalas rejette cet accord et somme le chef de l’Etat de cohabiter avec « la vraie opposition politique ».

Fusion, INITE et Ayisyen pou Ayiti ont rencontré à nouveau le chef de l’Etat mardi au palais national pour discuter sur comment implémenter l’accord de Kinam, a fait savoir au Nouvelliste l’ancien député de la 49e législature, Saurel Jacinthe. Aujourd’hui encore, les signataires du document ne se sont pas encore mis d’accord sur le maintien ou pas d’Evans Paul comme Premier ministre, a-t-il souligné. De ce fait, une autre rencontre est prévue ce mercredi entre les partis politiques et Michel Martelly sur le dossier.

Avec le dysfonctionnement du Parlement, les acteurs politiques vont réfléchir sur la mise en place d’un conseil de suivi et de contrôle. Le porte-parole de INITE a souligné que, dans la conception de l’accord de Kinam, le Parlement avait un rôle important à jouer. Il a rappelé à titre d’exemple les prescrits de l’article 17 du document : « Les parties signataires constatent qu’un Premier ministre a été nommé par le Président de la République sans l’accord de toutes les parties. Cette nomination étant faite, le Président de la République, dans le respect de la Constitution, prendra, s’il le désire, les mesures nécessaires en vue d’obtenir la confiance des Chambres. En cas de rejet, un nouveau Premier Ministre sera choisi par consensus et le gouvernement formé de la même façon. »

Outre l’article 17, il y a également l’article 22 qui, désormais, ne pourra pas être appliqué avec la fin du mandat de la 49e législature. Cet article stipule : « Le président et les parlementaires se mettent d’accord sur un agenda législatif et sur les moyens d’éviter un vide institutionnel. »

Selon Saurel Jacinthe, au point où on en est, l’essentiel c’est d’aller dans des élections dans un climat de confiance avec un CEP honnête et crédible. Dans cette recherche de consensus, il a estimé des acteurs comme Fanmi Lavalas, MOPOD, Pitit Dessalines, entre autres, doivent être impliqués. L’ancien député a annoncé que les négociations vont se poursuivre avec le chef de l’Etat.

Pour l’ancien sénateur Jean William Jeanty, l’un des principaux responsables de Kontrapèpla, l’accord de Kinam est dans une impasse avec la fin du mandat de la 49e législature. Selon lui, l’accord n’avait pas prévu le fonctionnement du pays sans un Parlement et avait même demandé d’éviter un vide institutionnel, comme le dit l’article 22.

Sans le Parlement, a-t-il dit, le Premier ministre est devenu automatiquement de facto. L’ancien parlementaire a plaidé pour une reprise des négociations autour de l’accord afin de l’adapter à la nouvelle réalité du pays en y apportant les corrections nécessaires.

Il a estimé que l’accord devrait maintenant trouver un autre mécanisme pour contrôler le pouvoir en l’absence du Parlement. « Aujourd’hui, nous sommes dans une situation où il n’y a ni CEP, ni Parlement, ni CSPJ, ni Primature. Il n’y a pas d’autre choix que de trouver une réponse appropriée à cette situation », a-t-il dit au Nouvelliste.

Selon Jean William Jeanty, si le Premier ministre Evans Paul forme le gouvernement de consensus sans des correctifs dans l’accord de Kinam, il signera automatiquement l’arrêt de mort du document.

Fanmi Lavalas rejette l’accord de Kinam et appelle Martelly à cohabiter

Le président Martelly a voulu arriver au dysfonctionnement du Parlement et au vide institutionnel, selon le Dr Louis Gérald Gilles, l’un des responsables de l’organisation politique Fanmi Lavalas. Aujourd’hui, a-t-il dit, le pays compte deux Premiers ministres. « Le Premier ministre a.i le Dr Florence D. Guillaume est quand même reconnu par la loi alors que le deuxième est un Premier ministre de facto qui se bat pour s’imposer lors même qu’il n’a aucune légitimité populaire ni constitutionnelle… », a-t-il dénoncé dans une interview accordée au Nouvelliste mardi.

Selon lui, le chef de l’Etat doit comprendre que, dans la situation actuelle, il ne peut rien faire sans un consensus avec toutes les forces vives de l’opposition politique comme Fanmi Lavalas, Pitit Dessalines, MOPOD et les organisations populaires de base. « Il doit assurer la véritable opposition avec le choix d’un Premier ministre sur la base d’un consensus. Il doit accepter la logique d’une cohabitation », a-t-il demandé.

Gérald Gilles ne considère plus les partis politiques signataires de l’accord de Kinam comme faisant partie de l’opposition. Pour lui, INITE, Fusion, Kontrapèpla et Ayisyen pou Ayiti, des organisations avec lesquelles Lavalas avait l’habitude de prendre des positions, sont une déception.

Selon le Dr Gilles, Fanmi Lavalas est prêt à rencontrer le chef de l’Etat dans la mesure où ce dernier accepte de choisir un nouveau Premier ministre sur la base d’un consensus. Entre-temps, le leader politique a fait savoir que Lavalas va rester mobilisé sur le terrain.

AUTEUR

Robenson Geffrard

rgeffrard@lenouvelliste.com


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