MosaikHub Magazine

« La vraie opposition est dans la rue »

mercredi 21 janvier 2015

Les partis et regroupements de l’opposition dite radicale n’entendent pas rendre les armes. Ces protestataires qui occupent le macadam depuis déjà plusieurs mois continuent de réclamer le départ du président Martelly en dépit des dernières évolutions de la situation politique. Se considérant comme les « vrais adversaires » du pouvoir Tèt kale, MOPOD et alliés se posent comme solution à la crise politique.

La création d’un nouveau gouvernement avec des partis de l’opposition et les actes d’ouverture posés ces dernières semaines par le président Martelly n’ont pas su calmer la rue. Plusieurs partis et regroupements de partis étaient à nouveau dans les rues ce mardi pour réclamer le départ du chef de l’Etat. Pour ces derniers, le président Martelly se trompe sur l’identité des vrais acteurs de l’opposition.

« Les vrais adversaires de Michel Martelly sont là dans les rues. Ils sont au Bel-Air et ils ont une revendication très claire : la démission de Michel Martelly », c’est en ces termes que le militant politique Assad Volcy a lancé la manifestation. Une manifestation qui a pris du temps avant de se mettre en branle. Si les participants étaient inférieurs en nombre comparativement aux deux dernières marches de l’opposition, la détermination et les revendications de ces derniers n’ont visiblement pas changé.

La manifestation, qui a rassemblé des centaines de personnes, a démarré au boulevard La Saline avant de sillonner plusieurs quartiers populaires de Port-au-Prince. La Saline, Morne Lavoix, rue Saint-Martin sont les principales zones sillonnées parcourues par les protestataires avant de retrouver un deuxième groupe de manifestants au quartier de Bel-Air. Comme c’est le cas depuis déjà plusieurs mois, les manifestants réclament le départ pur et simple du président Martelly.

« Nous sommes incontournables et on va le voir. On a fait El Rancho et on a vu les résultats, on a fait Best Western et les résultats sont là, et l’accord de Kinam ne va pas donner de résultats non plus, martèle Assad Volcy, l’un des leaders de la protestation contre Martelly. On a toujours eu ces mauvais résultats parce qu’on n’a jamais eu de contact avec les vrais acteurs. Je l’ai dit à plusieurs reprises, les vrais acteurs sont dans les rues ».

Plusieurs autres leaders de l’opposition étaient présents sur le macadam aux côtés des manifestants. Radicaux, égaux à eux-mêmes, fidèles à leurs revendications, Turneb Delpé, André Fardeau, Louis Gérald Gilles n’entendent pas faire marche arrière. Et aux anciens partis de l’opposition qui ont décidé de faire équipe avec le président Martelly, Turneb Delpé lance un avertissement. « Ils doivent assumer les conséquences de leurs actes. Ils partiront avec le président Martelly », lance le médecin à ses anciens compagnons.

Sur tout le parcours, les manifestants ont lancé des propos hostiles au chef de l’Etat et son nouveau Premier ministre, Evans Paul. Des pancartes arborant des messages défavorables à l’équipe gouvernementale sont brandies par les manifestants. Chants, danses, tout se déroule en harmonie avec le tam-tam des bandes rara qui créent l’animation. Des unités anti-émeutes de la Police nationale d’Haïti assurent la protection de la marche qui s’est déroulée sans aucun incident.

Du quartier de Sans fil, passant par la rue Borgella et la rue Montalais, les centaines de manifestants regagnent le centre-ville. Ils prendront ensuite la direction du Portail Léogane, passant près du stade Sylvio Cator avant d’emprunter l’avenue Magloire Ambroise via la rue Nicolas. Cap sur le Champ de Mars, la destination finale. La marche s’achève comme prévu devant les locaux de la faculté d’ethnologie, dans le calme.

Sur place, les chefs de file multiplient les interventions et réaffirment leur détermination à renverser le régime Martelly-Paul. Tous, ils se donnent rendez-vous pour vendredi prochain. Cette fois, ils comptent prendre la direction de l’aéroport international Toussaint Louverture. L’objectif : aller accueillir la délégation du Conseil de sécurité des Nations unies qui sera en mission dans le pays le week-end prochain.

AUTEUR

Louis-Joseph Olivier

ljolivier@lenouvelliste.com


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