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Salmane, 79 ans, nouveau roi d’Arabie saoudite

vendredi 23 janvier 2015

Le roi Abdallah est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi. Son demi-frère, le prince Salmane, lui succède sur le trône. Il promet une continuité politique.

Le roi Abdallah d’Arabie saoudite est mort vendredi et son demi-frère le prince Salmane, 79 ans, lui a succédé sur le trône du premier pays exportateur de pétrole, qui est aussi un poids lourd du Moyen-Orient et le berceau de l’islam. Le palais royal a annoncé dans un communiqué le décès à 23 heures (heure de Paris) d’Abdallah, qui était âgé d’environ 90 ans (sa date de naissance exacte est inconnue). Souffrant d’une pneumonie, il était hospitalisé depuis le 31 décembre à Riyad et son état de santé avait nécessité la mise en place d’un tube pour l’aider à respirer.

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Plusieurs dirigeants du monde ont aussitôt rendu hommage à l’action de celui qui aura réussi à maintenir la stabilité de la première puissance pétrolière en la préservant des tempêtes arabes, même si sa politique en matière des droits de l’homme reste très critiquée par les organisations non gouvernementales. Allié de Washington et des Occidentaux dans la lutte contre les djihadistes du groupe État islamique et d’al-Qaida, Abdallah a officiellement gouverné le royaume pendant une décennie, mais il en tenait en réalité les rênes depuis l’attaque cérébrale dont avait été victime son demi-frère, le roi Fahd, en 1995.

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Dans son premier discours, le nouveau roi Salmane a déclaré qu’il n’y aurait pas de changement dans la politique du royaume et a appelé à l’unité parmi les musulmans. "Nous resterons, avec la force de Dieu, sur le chemin droit que cet État a suivi depuis sa création par le roi Abdel Aziz ben Saoud et ses fils après lui", a dit le souverain, qui souffre de problèmes de santé et a notamment été opéré en 2010 d’une hernie discale. Il a demandé que Dieu le soutienne pour assumer cette "grande responsabilité", avant d’annoncer dans un décret royal la nomination de Mohammed ben Nayef comme futur prince héritier et de l’un de ses fils, le prince Mohammad, comme ministre de la Défense. Feu le roi sera enterré à Riyad après les prières de l’après-midi, en présence de plusieurs dirigeants étrangers. Les citoyens saoudiens seront ensuite invités à prêter allégeance au nouveau roi et au prince héritier Moqren, demi-frère d’Abdallah, au palais royal.

Rebond des cours du pétrole

Alors que le royaume tente de réaffirmer son leadership sur un marché pétrolier mondial en plein changement, le décès du roi a entraîné un sursaut en Asie des cours du brut, qui ont fortement diminué ces derniers mois en raison d’une faible demande et d’une offre abondante. Pour le chef économiste de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), Fatih Birol, la mort d’Abdallah ne devrait néanmoins pas provoquer de changement "significatif" dans la politique pétrolière saoudienne. L’Arabie saoudite avait pris la tête des pays qui ont lutté avec fermeté pour le maintien à son niveau actuel de la production pétrolière de l’Opep, au risque de voir s’accélérer la chute des prix du brut (- 50 % depuis juin).

Outre son poids pétrolier, le roi Abdallah exerçait une très forte influence sur la politique régionale. Face à l’influence grandissante des mouvements islamistes, le royaume a été un important soutien à l’actuel président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et a joué un rôle-clé dans le soutien à l’opposition au régime syrien, autorisant l’entraînement par l’armée américaine de rebelles sur son territoire. Abdallah a certes gardé la première puissance pétrolière mondiale à l’abri des crises du monde arabe, mais a déçu les attentes des réformateurs, notamment sur la place de la femme dans la société, qui ne peut toujours pas conduire et dont les droits sont bafoués. Amnesty International a ainsi dénoncé un régime "insensible aux droits de l’homme" et a accusé l’Occident de couvrir cette politique en raison du poids pétrolier du royaume et de son soutien dans la lutte anti-djihadistes.

Obama regrette "un ami précieux"

Le roi Abdallah était, comme les quatre souverains qui l’ont précédé, fils du roi Abdel Aziz, fondateur de la dynastie des Al-Saoud qui a donné son nom au pays. Le président turc Recep Tayyip Erdogan et le roi Abdallah II de Jordanie vont participer à ses funérailles, et l’Iran chiite a décidé d’envoyer son chef de la diplomatie, Mohammad Javad Zarif, à Riyad samedi pour les condoléances. Le président américain Barack Obama a été l’un des premiers à saluer la mémoire d’un "ami précieux" et d’un dirigeant "sincère". Son homologue français François Hollande a aussi "salué la mémoire d’un homme (...) dont la vision d’une paix juste et durable au Moyen-Orient reste plus que jamais d’actualité".

Dans ce pays très conservateur, qui a vu naître l’islam en 622 et abrite les deux principaux lieux saints musulmans, La Mecque et Médine, de nombreux Saoudiens se sont tournés vers les réseaux sociaux pour exprimer leur tristesse. "Je ne souhaitais pas devoir annoncer cette information", a écrit sur son compte Twitter le présentateur qui a lu le communiqué annonçant la mort du roi. "Nous n’avons pas perdu un roi, nous avons tous perdu un père", a regretté Chaïma, un autre utilisateur de Twitter.


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