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Législatives dans le Doubs - Marine Le Pen : "L’artichaut se mange feuille à feuille..."

samedi 24 janvier 2015

La présidente du FN s’est rendue à Montbéliard pour soutenir Sophie Montel, la candidate frontiste à la législative partielle des 1er et 8 février.

Par Charlotte Chaffanjon, à Montbéliard

Marine Le Pen sort de sa Citroën noire aux vitres teintées et entraîne dans son sillage un essaim de journalistes. Il est 11 heures, ce vendredi 23 janvier. Direction l’usine Peugeot, coeur du pays de Montbéliard, fatigué par la crise, mais encore battant, avec ses 10 000 salariés.

Emmitouflée dans son long manteau marron, perchée sur des bottines noires, la présidente du FN se poste devant les grilles. Au programme : une distribution de tracts en vue du premier tour de la législative partielle qui se déroulera le 1er février. La candidate FN Sophie Montel, qui partage avec Le Pen la blondeur en plus des idées, tente d’attirer son attention. "Marine, il y a des ouvriers qui veulent faire des photos avec toi !" Elle va venir, "Marine", mais avant elle tient une conférence de presse improvisée sur le bitume.

"Si on veut rétablir l’ordre en France..."

D’abord, ce scrutin organisé à mi-mandat, suite à la nomination au poste de commissaire européen de Pierre Moscovici, jusque-là député de la 4e circonscription du Doubs. "Nous sommes les challengers", affirme-t-elle, sachant en réalité que son parti a des chances d’envoyer à l’Assemblée un troisième député. Ses adversaires situent Sophie Montel autour de 35 % au premier tour, le second étant difficile à pronostiquer puisque treize candidats sont en lice. Derrière le sourire de Marine Le Pen se cache une certitude : le FN continue de gagner du terrain. "L’artichaut se mange feuille à feuille", souffle-t-elle.

Ensuite, quelques mots sur Aymeric Chauprade. La veille, la patronne lui a retiré la délégation du FN au Parlement européen, ne supportant plus les sorties de cet élu d’extrême droite à l’ancienne, directes et provocantes, quand elle oeuvre méthodiquement pour dédiaboliser son parti : "Si on veut rétablir l’ordre en France, il faut que dans notre famille nous instaurions une certaine discipline." Après seulement elle rejoint la candidate et distribue des tracts aux conducteurs des voitures, camions et autocars qui entrent et sortent de l’usine. Ils ne s’arrêtent pas tous, loin de là, mais les rares qui acceptent de répondre à la presse voteront pour le FN.

"Les événements nous donnent raison"

Les tracts, Sophie Montel les a pliés le matin même, dans la salle à manger de Roland Boillot. Lui est militant frontiste depuis 1981. "Quand Mitterrand a supprimé la peine de mort, j’ai explosé ! On ne peut pas nourrir et loger, même en prison, des assassins d’enfants ou de vieillards", tempête encore ce charpentier à la retraite, qui a trouvé depuis d’autres raisons de s’ancrer au FN, jusqu’à devenir conseiller régional - il se rend à Paris une fois par mois pour la formation des élus - puis candidat aux législatives de 2012. "L’immigration, ce n’est plus possible. Tout le monde veut venir en France pour être logé, soigné, nourri", grogne-t-il, et puis il se plaint : "On me demande de déclarer mes armes pour la chasse alors que les gangsters ont des kalachnikovs dans le coffre."

"Tout va à vau-l’eau", estime aussi Sophie Montel, qui explique : "Les événements nous donnent raison. Regardez les scènes de décapitation d’otages sur Youtube, Mohamed Merah, les jeunes qui partent faire le djihad et ce qui s’est passé à Charlie Hebdo..." Les attentats de Paris sont présents dans tous les esprits, ce scrutin est le premier à se tenir après les drames. "Ça va remobiliser notre électorat, veut-elle croire. Le FN va arriver en tête."

À écouter le maire PS de Grand-Charmont, Sophie Montel a des raisons d’espérer. "Il ne faut pas se raconter d’histoires, il y a un danger FN. C’est une dynamique profondément malsaine", déplore Denis Sommer. Mais le candidat du PS refuse de se voir vaincu. "Le FN fait une campagne médiatique, une campagne de show-biz. Ils surfent sur les peurs, sur la trouille de l’autre", dénonce Frédéric Barbier, suppléant de Moscovici.

"Le derrière sur un tonneau de poudre"

Avant les attentats, la déception était si puissante à gauche vis-à-vis de la politique de François Hollande que l’abstention promettait d’atteindre des records. Désormais, sa gestion de crise unanimement saluée, les dirigeants socialistes rêvent que les électeurs se rendent aux urnes pour traduire leur "fierté". Alors, Marine Le Pen est aussi là à marteler : "Le gouvernement est incapable de régler les problèmes essentiels des Français, sur le chômage, sur l’école, sur l’insécurité." Et de décréter la partielle des 1er et 8 février porteuse "d’une force symbolique de tous les échecs" de cet "UMPS" qu’elle combat, revenant aux fondamentaux du FN : "L’immigration massive développe le communautarisme et donc le fondamentalisme islamique."

Un tract du FN édité pour cette campagne circule moins que l’officiel. On y voit, en arrière-fond d’un hexagone, des terroristes armés, sous le slogan : "Péril islamiste, protégeons les Français." Quelques minutes après nous l’avoir donné, Sophie Martel lâche : "Nous avons le derrière assis sur un tonneau de poudre."


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