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Investiture/Prestation de serment

Le CEP installé

dimanche 25 janvier 2015

« Je jure d’appliquer et de faire appliquer les dispositions de la loi électorale et de m’acquitter de ma tâche avec dignité, indépendance, impartialité et patriotisme ». La main droite levée vers le ciel, sous les regards des honorables juges de la Cour de cassation, des membres du gouvernement, du sénateur Andris Riché et d’autres invités de marque, les neuf membres du CEP ont prêté serment ce vendredi 23 janvier 2015. Une fois installés le même jour par le Premier ministre Evans Paul, les membres du CEP ont élu Pierre-Louis Opont, qui se passe de présentation, président de la cinquième version du CEP de l’ère Martelly.

Nouveau CEP, même mission depuis trois ans. Sauf que cette fois, les membres de ce nouveau CEP ont la responsabilité d’organiser l’élection présidentielle en plus des élections pour les deux tiers du Sénat, la Chambre des députés et les collectivités territoriales. A la Cour de cassation ce vendredi 23 janvier, après que le huissier eût donné lecture de l’arrêté présidentiel les nommant conseillers électoraux, ils ont juré d’appliquer et de faire appliquer la loi électorale sans se soumettre à aucun autre pouvoir ni tierce personne. Un serment que l’équipe de Gaillot Dorsainvil avait également fait.

Dans une audience publique à la Cour de cassation, le vice-président de la plus haute instance judiciaire du pays a exhorté les nouveaux conseillers électoraux à être neutres dans l’accomplissement de leur travail. Le juge Jules Cantave a appelé les membres du CEP à n’avoir aucune sympathie partisane et à ne pas influencer les résultats des votes. « Vous avez une tâche immense à accomplir qui consiste à relever le prestige du CEP qui est à son plus bas niveau… », a-t-il dit.

Le magistrat a demandé aux membres de cette nouvelle équipe de faire mieux que leurs prédécesseurs au CEP qui ont fait l’objet de nombreuses critiques pour la plupart justifiées ». Le juge Jules Cantave qui fait office de président de la Cour de cassation après la démission de Me Arnel Alexis Joseph a fait savoir aux conseillers électoraux que leur mission consiste, entre autres, à « imposer l’ordre social là où régnait le désordre des volontés individuelles. » Il les a exhortés également à cultiver entre eux l’entente et l’harmonie.

« Selon les résultats des prochaines élections, vous serez heureux ou vous vous ferez de potentiels ennemis. Attendez-vous donc à des tentatives de corruption », a-t-il prédit. Le magistrat a estimé que le chef de l’Etat a été conciliant, compréhensif et a fait des concessions pour « juguler la crise ». Pour lui, cette façon de faire de Michel Martelly peut apporter une solution à la crise politique qui gangrène le pays depuis des années.

Evans Paul promet de laisser le CEP faire son travail librement

Avec ce nouveau CEP, le pays fait un pas en avant, a estimé le Premier ministre qui a procédé, vendredi, à l’investiture des nouveaux conseillers électoraux. « Ce jour symbolise la grandeur et la générosité politique », a-t-il dit, soulignant que des gens se sont battus pour avoir un CEP selon l’esprit de l’article 289 de la Constitution. Le chef de la Primature a félicité l’opposition politique qui, a-t-il dit, a contribué à la formation de ce Conseil électoral et le président Martelly qui, a-t-il ajouté, a fait montre de bonne volonté.

Evans Paul a promis que son gouvernement ne va pas s’immiscer dans les affaires de ce CEP. « Nous n’allons utiliser l’argent de l’Etat pour supporter aucun parti politique ni pour faire de campagne électorale pour aucun candidat, qu’il soit du pouvoir ou de l’opposition », a-t-il garanti. Selon le chef de la Primature, le citoyen qu’il est peut avoir sa sensibilité partisane, « mais la responsabilité que j’ai est au-dessus de tout clivage », a-t-il dit. C’est cette même recommandation qu’il dit avoir faite à ses ministres au gouvernement.
Selon Evans Paul, il ne peut pas y avoir de démocratie sans des élections. Des élections que le chef de l’Etat n’a pas pu organiser depuis trois ans. Le chef du gouvernement a souligné que ce n’est pas le pouvoir qui va organiser les élections. « Le gouvernement est là pour créer les conditions favorables aux élections, mettre des moyens à la disposition du CEP, créer un climat de sécurité… L’organisation des élections, c’est l’affaire du CEP… », a-t-il dit.

M. Paul a promis que le pays va montrer au monde entier qu’il est en mesure d’organiser de « bonnes élections à meilleurs coûts ».

Objet de contestations au sein du secteur des femmes qu’elle représente au CEP, Yolette Mengual qui est à sa deuxième participation à l’institution électorale n’a pas caché son contentement d’être reconduite au CEP. Elle a promis de tout mettre en œuvre pour permettre au pays d’avoir de « bonnes élections ». « Je reste convaincue que l’organisation de bonnes élections est cruciale pour la consolidation des acquis démocratiques et le renforcement de l’Etat de droit en Haïti », a-t-elle dit.

L’absence du président sortant du CEP, Max Mathurin, et des autres conseillers sortants a été très remarquée. A la place de M. Mathurin, c’est Me Frizto Canton, ancien président de l’institution électorale, qui a fait le discours sortant. Selon lui, ses collègues n’ont pas été invités à temps à la cérémonie d’investiture de la nouvelle équipe. Il a prévenu les nouveaux juges électoraux que la tâche ne sera pas facile et qu’ils seront l’objet de nombreuses critiques. Pour avoir la réputation d’être un proche du chef de l’Etat, Me Canton sait très bien de quoi il parle.

Une fois installés, les nouveaux membres du CEP se sont déjà mis au travail. Dans la même journée du vendredi 23 janvier, ils ont élu Pierre-Louis Opont président de l’institution électorale. Pour avoir été directeur du CEP qui a organisé les élections de 2011, M. Opont est sans nul doute le plus expérimenté de cette nouvelle équipe. Cependant, les fraudes électorales qui ont émaillé ces joutes et la mauvaise réputation du président du CEP de l’époque, Gaillot Dorsainvil, ne sont pas de nature à embellir son palmarès.

Les autres membres du bureau : Pierre Manigat Jr, vice-président ; Ricardo Augustin, trésorier et Vijonet Demero, secrétaire général.

A partir de ce vendredi 23 janvier 2015, tous les yeux sont rivés sur Ricardo AUGUSTIN, Vijonet DEMERO, Yolette MENGUAL, Jaccéus JOSEPH, Lucie Marie Carmelle Paul AUSTIN, Pierre MANIGAT Jr, Néhémie JOSEPH, Lourdes Edith Joseph et Pierre-Louis Opont. Ces conseillers électoraux ont la lourde tâche d’organiser les élections qui sortiront le pays de la crise ou l’y enfonceront davantage.

AUTEUR

Robenson Geffrard

rgeffrard@lenouvelliste.com


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