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Quand des syndicats d’enseignants deviennent plus intransigeants que jamais

samedi 31 janvier 2015

A la suite de l’échec des manifestations à répétition de la table de concertation de l’opposition pour obtenir le départ de Martelly, les syndicats d’enseignants n’ont pas tardé à entrer en grève pour revendiquer de meilleures conditions de travail au bénéfice de leurs membres. A Port-au-Prince et dans les principales villes de province, les élèves des lycées ont fait les frais du bras de fer opposant les syndicats au ministère de l’Education nationale pendant trois semaines. Les négociations engagées par le ministre Manigat avec les représentants des associations enseignantes ont permis de trouver un accord pour la levée de la grève. Si le professeur Josué Mérilien de l’Union nationale des normaliens haïtiens (UNNOH), le plus acide des dirigeants syndiqués, est favorable à la levée de la grève, il y a lieu d’espérer un dénouement dans ce mouvement qui pénalise les élèves des écoles publiques. Il demeure entendu que le doyen des syndicats d’enseignants, la CNEH, a toujours été plus favorable au dialogue qu’au bras de fer. L’important c’est de trouver une solution durable avec ces syndicats pour éviter la répétition de ces contestations qui diminuent le nombre de jours de classe dans les écoles publiques haïtiennes.

Il est généralement admis que l’Etat haïtien a toujours traité de façon disproportionnée les enseignants par rapport aux autres catégories d’agents de la fonction publique. Les revendications des enseignants sont pour la plupart justes, mais la grève contribue à diminuer le rendement des lycéens qui était déjà faible comparativement à celui des élèves des écoles privées. Les résultats des examens du bac publiés en août 2014, par établissement scolaire, montrent, sans fioriture, le bas niveau de l’enseignement dans les écoles publiques. De nombreux lycées avaient obtenu zéro comme taux de réussite. Le ministère de l’Education nationale est, sans aucun doute, le premier responsable de la débâcle au bac de l’été dernier. Les syndicats ont eux aussi leur part de responsabilité. Aucun syndicat d’enseignants ne s’était prononcé sur les causes de l’échec de l’enseignement dans les établissements publics, alors qu’il y a trente ans, les lycées étaient parmi les meilleures écoles du pays. Pourquoi aucun syndicat d’enseignants n’a jamais dénoncé les professeurs absentéistes dans les lycées ?

Il est certain que des députés et des sénateurs contribuent beaucoup à introduire des enseignants pour la plupart non qualifiés dans les écoles publiques. Le chantage politique a souvent la primauté à la qualification. Les syndicats d’enseignants sont aussi responsables en exerçant la pression sur des ministres de l’Education pour obtenir la nomination de leurs proches qui étaient détenteurs d’un permis délivré par un directeur départemental. Après CNEH, UNNOH, CONEH, GIEL et FENATEC, six autres syndicats d’enseignants ont vu le jour sans tambour ni trompette pendant ces trois dernières années. D’autres professeurs se préparent sans doute à rejoindre le rang de ces syndicats. La plupart de ces derniers ne disposent pas d’une vingtaine de membres. Le ministère de l’Education nationale doit continuer à dialoguer avec les syndicats d’enseignants afin de trouver une entente durable. Il doit également contrôler le nombre de jours et d’heures fournis par ces absentéistes qui n’attendent que la grève de ces syndicats pour prendre congé de ces institutions publiques.

Quelle serait l’attitude de l’opinion publique si le ministère décidait de publier la liste des absentéistes dans les lycées et qui sont pour la plupart membres de comités directeurs de syndicats d’enseignants ?
Lemoine Bonneau
lbonneau@lenouvelliste.com


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