MosaikHub Magazine

Haïti bientôt parmi les pays producteurs d’huile de palme

jeudi 5 mars 2015

Le ministre de l’Agriculture, Fresner Dorcin, a procédé, ce mercredi 4 mars 2015, à la signature d’une convention d’établissement entre le Ministère de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural (MARNDR) et deux firmes haïtiennes : la Société de développement des produits oléagineux SA (SODEPOL) et l’Huile de palme d’Haïti SA (HUPHASA). Ainsi, Haïti va rejoindre, dans un avenir proche, le club très sélect des pays producteurs d’huile de palme qui sont, entre autres, la Malaisie, la Colombie et la République dominicaine.

Le ministre Fresner Dorcin apposant sa signature
Daniel E Noël

×

Une semaine après son installation comme ministre de l’Agriculture, Fresner Dorcin est déjà à pied d’œuvre. En signant cette convention, le nouveau ministre ouvre la voie à un projet verticalement intégré qui va promouvoir la production nationale dans une industrie nouvelle : la plantation du palmier à huile.

« Ce projet ambitionne de planter plus de 139 000 palmiers à huile dans le Plateau central sur 4 000 hectares […] Sur 5 ans, 50 millions de dollars vont être investis au total entre la plantation des palmes à huile et l’implantation de l’usine d’extraction de l’huile brute », a précisé l’agronome Fresner Dorcin avant de procéder à la signature de cette convention d’établissement, ce document conventionnel par lequel sont fixées les conditions de l’activité des entreprises SODESOL-HUPHASA sur le territoire d’Haïti.

Jean Edouard Baker, représentant de SODEPOL, qui s’est exprimé au nom des deux firmes, se frotte les mains pour l’aboutissement de ce projet après environ un an de démarches. N’étant pas agronome lui-même, il a tenu à remercier l’actuel ministre, à l’époque secrétaire d’Etat à la Production végétale, pour avoir cru en la pertinence du projet et pour l’avoir supporté.

« Nous sommes prêts à démarrer, mes associés et moi », a lancé Jean Edouard Baker au ministre et en présence de plusieurs membres d’associations de planteurs, cheville ouvrière du projet, qui vont s’occuper de mettre en terre les palmiers. Ce dernier réclame du ministère la mise à sa disposition immédiatement de 25 hectares pour commencer à préparer les pépinières.

A l’en croire, cette industrie nouvelle, cette industrie à fort potentiel peut aider à pallier le problème de déforestation du pays. « 4 000 hectares de plantation pourraient augmenter la couverture végétale du pays de 25% », a fait savoir, sous toute réserve, Baker, qui reprenait l’avis d’un expert.

De plus, ce dernier a vanté le modèle d’alliance avec les agriculteurs qui devrait permettre l’inclusion des petits et moyens planteurs et qui, dans les 5 prochaines années, devra contribuer à la création de 4 033 emplois dans la zone du Plateau central.

« 4 000 planteurs vont devenir des entrepreneurs agricoles grâce à ce projet et 33 étrangers s’emploieront à nous former dans cette filière tout à fait nouvelle pour le pays », a fait savoir Fresner Dorcin.

Et cette assistance technique sera assurée par Oleo Flores, une firme colombienne partenaire du projet SODESOL-HUPHASA. SODESOL est responsable d’introduire et de développer la plantation, à grande échelle, du palmier à huile dans le Plateau central alors que l’HUPHASA a pour mission d’installer une usine d’extraction d’huile brute de palme, d’une capacité de 15 tonnes par heure, qui achètera les récoltes des planteurs à un prix convenu d’avance.

Le MARNDR, pour sa part, promet d’accompagner les associations de planteurs de la zone en leur accordant du crédit, des outils, des semences, des plants et toute une variété de services agricoles devant les permettre d’accroître leur production.

Tout en signalant à l’intention de potentiels investisseurs privés et étrangers qu’Haïti est le pays qui offre le meilleur cadre incitatif dans le secteur agricole pour toute la Caraïbe, le ministre Fresner Dorcin a également précisé que l’huile de palme ne peut pas être produite n’importe où dans le monde.

« La zone de production doit être comprise entre 10 degrés et 20 degrés de latitude. Haïti, bizarrement, est située à 18 degré de latitude, soit la meilleure zone pour produire de l’huile de palme », a fait savoir Fresner Dorcin.

Quid de l’huile de palme ?

C’est une huile végétale extraite de la pulpe des fruits du palmier à huile. Originaire d’Afrique de l’Ouest, le palmier à huile est aujourd’hui cultivé surtout dans de nombreuses régions tropicales. Aujourd’hui, environ 85 % de la production mondiale d’huile de palme provient des plantations indonésiennes et malaisiennes. Ce marché en plein essor voit la demande croître de 8,7 % par an depuis 1995.

L’huile de palme sert dans trois secteurs : alimentaire (80 %), cosmétologique (19 %) et énergétique (1 %). Enfin, la production d’huile de palme coûte moins que ses concurrentes et a un meilleur rendement – l’arbre fabrique des fruits toute l’année et ces derniers contiennent 50 % d’huile. Ainsi, pour produire la même quantité d’huile, le palmier monopolise huit fois moins de terre que ses concurrents. Il produit 4 tonnes d’huile par hectare, contre 0,6 tonne pour le colza et 0,5 pour le soja.

AUTEUR

Patrick SAINT-PRE

sppatrick@lenouvelliste.com


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie