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38 millions de dollars déjà collectés pour un budget électoral inconnu

mercredi 11 mars 2015

Les engagements des bailleurs de fonds internationaux pour la réalisation des élections en Haïti totalisent « un peu plus de 38 millions de dollars. Nous avons déjà reçu plus de 30 millions, il y a certains bailleurs qui doivent nous donner leur deuxième tranche », a expliqué au Nouvelliste la directrice du PNUD en Haïti, Sophie de Caen, qui gère cet argent à la place des Haïtiens. Pour l’heure, ni le CEP ni le PNUD ne sont en mesure de dire combien vont coûter les élections.

A quelques mois des élections, ni le PNUD ni le CEP ne savent pas encore le budget des élections pour élire le futur président de la République, 20 sénateurs, 118 députés et les élus locaux. Après la publication du décret électoral, le PNUD attend le calendrier électoral pour avoir une idée du coût total des compétitions électorales. « Le calendrier est important pour la révision du budget », a souligné la directrice du PNUD en Haïti dans une interview accordée au Nouvelliste mardi après-midi.

Si le CEP a promis de rendre publique mercredi une proposition de calendrier électoral, il va falloir attendre un calendrier définitif pour connaître le budget des prochaines élections, a confié au Nouvelliste un membre de l’institution électorale joint au téléphone. « Ce n’est qu’après le calendrier que nous allons travailler sur le budget », a-t-il ajouté, soulignant que même approximativement, le CEP n’est pas encore en mesure de préciser le coût éventuel des élections.

Le gouvernement haïtien est le plus important bailleur de fonds de ses propres élections avec plus de 13.8 millions de dollars américains. Vient ensuite l’Union européenne avec une contribution d’environ 6.8 millions de dollars, les Etats-Unis 6.5 millions, le Canada 5.3 millions, le Japon 4.5 et le Brésil un million de dollars.

Les membres du Conseil électoral provisoire (CEP) ne peuvent que respirer l’odeur de cet argent, dans le meilleur des cas. Selon le projet portant création de ce fonds que gère le PNUD, l’institution électorale n’en aura pas un sou directement. « Nous devons suivre ce qui est dans le document de projet qui constitue l’accord signé entre les différents partenaires. Dans ce document, il n’y a pas de fonds pour le budget spécifique du CEP qui découle de la responsabilité du gouvernement », a argumenté la patronne du PNUD en Haïti.

Madame de Caen a toutefois souligné qu’il existe certaines lignes budgétaires où le PNUP va accorder au CEP « quelques équipements, un appui technique ou un renforcement des capacités ».

Les fonds collectés par le PNUP, selon Sophie de Caen, seront utilisés dans l’opération et à l’organisation des élections. Cet argent servira également au renforcement des capacités, à l’achat des urnes et des bulletins de vote, dans la préparation des procès-verbaux, entre autres. Il y aura des commissions techniques pour les achats, des commissions pour la communication… , a expliqué madame de Caen.

Dans le précédent budget préparé dans le projet que gère le PNUD, il n’y avait pas de provisions pour l’élection présidentielle. Puisque les données ont changé, l’organisme des Nations unies veut réajuster son budget. C’est pourquoi il attend le calendrier électoral incluant le budget des élections.

Dès que la machine électorale sera effectivement mise en branle, le PNUD commencera à débloquer les fonds qu’il gère, a souligné Sophie de Caen. Dans une cérémonie mardi, le gouvernement du Japon a signé un accord avec le PNUD pour supporter les élections à hauteur de 4.5 millions de dollars.

Pourquoi c’est le PNUD qui gère l’argent des élections dans un pays qui se dit souverain ?

« A cause de l’expérience du PNUD non seulement en Haïti, mais à travers le monde », c’est l’ambassadeur du Japon en Haïti qui a donné cette réponse mardi lors de la signature de l’accord pour supporter les élections. Une réponse à laquelle s’inscrit, visiblement, la directrice du PNUD puisque c’est elle qui a rapporté au Nouvelliste la réponse du diplomate japonais. Madame de Caen a estimé que l’organisme qu’elle dirige en Haïti a une très longue expérience dans la bonne gouvernance et dans les élections.

La fonctionnaire des Nations unies, qui a reconnu que l’organisation des élections relève de la souveraineté nationale, a paradoxalement souligné que le rôle du PNUD se situe au niveau administratif, organisationnel et technique.

Comme le PNUD a des comptes à rendre aux bailleurs de fonds et comme Haïti est l’un des bailleurs, l’organisme des Nations unies lui rendra aussi des comptes.

Ce mercredi, les membres du CEP vont discuter avec les partis politiques autour d’une proposition de calendrier électoral. Les organisations politiques avaient déjà clairement fait savoir à l’institution électorale que toutes les élections doivent être réalisées cette année. Le CEP à son tour a donné la garantie que le deuxième lundi du mois de janvier 2016, la 50e législature entrera en fonction et un nouveau président de la République prêtera serment le 7 février de la même année. Des promesses !


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