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15 mars 1849. Le sergent Bertrand n’éventrera ni ne violera plus jamais de cadavres à Montparnasse

lundi 16 mars 2015

Un piège à feu posé sur le mur du cimetière du Montparnasse stoppe la carrière du plus horrible nécrophile de tous les temps.


Par Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos

Le 15 mars 1849, le sergent François Bertrand s’engage dans la rue Froidevaux qui longe le cimetière du Montparnasse. C’est un jeune soldat de 25 ans, bien noté par ses supérieurs, aimable, obéissant et même licencié en philosophie. Qui, parmi ses camarades, pourrait se douter de son curieux hobby ? Le sergent Bertrand prend son pied à déterrer les cadavres, à les éventrer avec fureur tout en se masturbant. Ces derniers temps, il prend même un petit plaisir à violer les jeunes filles mortes dans la fleur de l’âge. C’est un romantique, le sergent Bertrand !

Donc, cette nuit-là, longeant le mur du cimetière, notre homme cède, une nouvelle fois, à son péché mignon qui lui fait escalader le mur. En fait, il est incapable de résister à une pulsion nécrophile. Pourtant, il sait que les gardiens veillent car ce n’est pas la première fois qu’il s’introduit dans le cimetière du Montparnasse, laissant un champ d’horreurs derrière lui. Sur le sommet du mur, une terrible explosion le cueille à froid et une douleur fulgurante traverse son corps. Il tombe à la renverse pour se retrouver poisseux de sang sur le trottoir. Il comprend avoir été la victime d’un piège à feu. Il parvient à s’enfuir avant que des guetteurs placés autour du cimetière ne mettent la main sur lui. Salement amoché, il file à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce pour faire soigner ses blessures avant de rejoindre son régiment. Son état intrigue. Les officiers l’interrogent. Il se tait, puis, devant leur insistance, il avoue. Oui, le vampire de Montparnasse, c’est lui ! Il est finalement mis aux arrêts en juin 1849.

Confession horrible

Il se met à table, déballe tout. Sa confession est horrible à entendre. Aux médecins qui l’écoutent, il raconte que, dès sa petite enfance, il se masturbe en permanence. À 9 ans, il commence à être attiré par les filles. À 13 ans, ses branlettes sont accompagnées de fantasmes où il maltraite ses partenaires. Bientôt, son imagination lui fait malmener des cadavres tout en continuant à jouir à jet continu. L’étape suivante consiste à repêcher dans le canal qui passe derrière chez lui des cadavres de chiens et de chats pour en tirer un plaisir décuplé. D’une main, il flatte Popaul, tandis que, de l’autre, il éventre le cadavre, arrache les entrailles. Quel pied !

Vers 16 ans, Bertrand franchit une nouvelle étape. Il se met lui-même à tuer les chiens qu’il utilise pour ses jeux érotiques. C’est vers l’âge de 22 ans que l’envie d’utiliser des cadavres humains le prend. Sincèrement, il veut résister à cette pulsion, mais en février 1847, il craque. Se promenant dans un cimetière de la ville de Bléré en Touraine, il tombe sur une fosse que les fossoyeurs n’ont pas fini de combler, surpris par la pluie. Cette vue lui déclenche de violents maux de tête. Il est alors pris d’un besoin irrépressible de creuser pour s’emparer du cadavre. Malgré la présence d’ouvriers dans une vigne proche, il déterre le défunt, le frappe avec rage et l’éventre avec la pelle, faute de posséder un instrument plus tranchant. Il doit s’enfuir parce qu’un homme, attiré par le bruit, approche. Deux jours plus tard, il revient durant la nuit pour creuser la même fosse à mains nues, faute d’outils. C’est couvert de sang qu’il déterre le même cadavre, dont il ne trouve que la partie inférieure.

"Je le couvris de baisers"

Au cours des deux années suivantes, au gré de ses pérégrinations militaires, il visite plusieurs cimetières. Son rituel reste le même : d’un coup de sabre, ou de couteau, il fend l’abdomen du cadavre, arrache les entrailles toujours en se masturbant, en proie à une excitation sexuelle incontrôlable. Homme ou femme, peut lui chaut. Ses besoins assouvis, il enterre de nouveau son partenaire d’une nuit.

En mars ou en juillet 1848, âgé de 24 ans, son régiment stationne à Douai. Impossible de résister, il se rue dans le cimetière local, creuse une tombe et exhume une jeune fille d’environ 16 ans. Elle est tellement belle ! L’envie lui prend de faire l’amour à ce cadavre : "Je le couvris de baisers et le pressai comme un enragé contre mon coeur. Toute la jouissance qu’on peut éprouver avec une femme vivante n’est rien en comparaison du plaisir que j’éprouvais. Après en avoir joui environ 15 minutes, je dépeçai, comme d’habitude, le cadavre et en arrachai les entrailles. Ensuite, je l’enterrai de nouveau." Au médecin l’interrogeant après son arrestation, il avoue que le coït n’est que la cerise sur le gâteau. Ce qu’il aime d’abord, c’est le dépècement. Comme on le comprend...

"Monomanie destructive"

Désormais, il préfère les jeunes filles. Les Lilloises ont le privilège de ses premières visites, puis les défuntes de Doullens, dans la Somme. Enfin, en juillet 1848, son régiment est muté à Ivry, en banlieue parisienne. Il s’empresse de visiter le Père-Lachaise, l’hypermarché de la mort. Mais c’est le cimetière du Montparnasse qu’il préfère. Il en fait son terrain de drague favori. Certains matins, les gardiens trouvent une dizaine de corps d’hommes exhumés, dont plusieurs mutilés. Après son procès, le sergent s’expliquera dans une lettre : "J’avoue franchement que mon but en déterrant tant de corps était d’en trouver un de femme. Si j’ai mutilé un cadavre d’homme, la rage seule de ne pouvoir en trouver un de femme m’y a poussé car, je l’ai déjà dit, au lieu d’éprouver de la satisfaction, j’éprouvais une grande répugnance... j’éprouvais autant, je puis dire plus, de plaisir en mutilant le cadavre après l’avoir violé qu’en me livrant sur celui-ci à toutes sortes de profanations. Oui ! La monomanie destructive a toujours été plus forte en moi que la monomanie érotique."

Apprenant les macabres découvertes des gardiens, la presse publie des manchettes sur le vampire de Montparnasse. La terreur règne dans Paris. Les gardiens se mettent en embuscade pour surprendre le profanateur. À plusieurs reprises, ils sont sur le point de l’arrêter, mais le sergent parvient toujours à disparaître. Jusqu’au 15 mars 1849, où il est victime d’un piège en franchissant le mur du cimetière du Montparnasse. Au cours de l’été, Bertrand comparaît devant la cour martiale avec un dossier médical le présentant comme "monomane destructeur et érotique". Il n’est condamné qu’à un an de prison pour violation de sépultures. L’inculpation de viol ne peut pas tenir car, dans ce cas, il faudrait que la victime se soit défendue, qu’elle ait exprimé son non-consentement. On ne peut pas en demander autant à un cadavre. Quelques semaines après sa libération, le sergent Bertrand se suicide.
C’est également arrivé un 15 mars

1985 - Chute de la dictature militaire au Brésil.

1956 - Première de My Fair Lady à Broadway.

1937 - Décès de H. P. Lovecraft.

1906 - Fondation de Rolls-Royce Limited.

1892 - Fondation du club de football de Liverpool.

1917 - Abdication du tsar Nicolas II au profit de son frère.

1900 - Triomphe de Sarah Bernhardt dans L’aiglon de Rostand.

1493 - Retour de Christophe Colomb en Espagne après son premier voyage en Amérique.

- 44 - Assassinat de César par les conjurés et Brutus qui porte le coup ultime.


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