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Élections en Haïti : association de mauvais joueurs, de mauvais perdants et de mauvais arbitres

lundi 16 mars 2015

Nos élections tant attendues arrivent à grands pas. Si tout se passe bien, et on ne peut que l’espérer, un nouveau président, 20 sénateurs et 118 députés seront élus avant la fin de 2015. Et des centaines d’élus locaux, maires, Casecs, Asecs et délégués de ville.

Pour que le processus ne déraille pas avant de commencer, il faut que le Conseil électoral refrène son envie de n’en faire qu’à sa tête, cesse de mal faire ce qu’il croit bien faire. Chaque étape doit être une réussite. Il faut écouter et trancher. Pas trancher et ensuite inviter au dialogue. Jusqu’à présent, on a l’impression que des agendas cachés sont plus importants que la satisfaction des parties et des partis, dans cette affaire.

Personne n’est dupe qu’au sein de ce CEP comme dans la communauté internationale ou dans la société civile haïtienne, il y a des groupes d’intérêts, et ce CEP est largement à leur service, qui ne voient dans les élections qu’une façon de faire de l’argent. Ce bénéfice collatéral ne doit pas primer sur la finalité suprême du processus. Ne devrait pas primer.
On sait aussi que le CEP, la communauté internationale et la société civile haïtienne, plus que le pouvoir en place, sont prêts, comme à leur habitude, à trafiquer les résultats s’il le faut.

Et pourtant, le CEP, la communauté internationale, la société civile sont indispensables à la réussite de bonnes élections.

Pour que les élections réussissent, il faut aussi que les politiques, ceux qui veulent les élections, soient en harmonie avec leur envie. Vous voulez aller aux élections, mettez-vous dans la disposition d’esprit de celui qui accepte que la compétition peut être juste, honnête et inclusive mais pas moins cruelle.

Tout le monde ne va pas gagner les élections de 2015. Il y aura plus de perdants que d’élus dans un pays où aucun candidat ne veut perdre. En Haïti, des fois celui qui perd gagne et le vainqueur n’a que ses ongles à rogner. Rien n’indique, pour le moment, que cela sera différent en 2015. Tout le processus électoral demande des compromis, des négociations, des avancées et des renoncements. Personne ne va tout gagner. Cela ne porte pas chance non plus de tout remporter.

L’histoire de ces dernières années nous l’enseigne si bien. Pour trouver les points d’entente, il faut savoir avancer, dénoncer, réclamer, refuser, tempêter. Il faut aussi accepter de se courber, de perdre un jour et de se rattraper demain.

La politique en Haïti est de moins en moins une affaire de convictions, d’idées, d’idéologies, de programmes, de partis politiques. Nous faisons des coups, donnons des coups bas et naviguons à vue. Les électeurs le savent, s’en désolent et qui n’est pas convaincu que les élections, quoiqu’imparfaites, sont la façon la plus simple et la plus démocratique de renouveler le personnel politique.

De mauvaises élections ne seront au service de personne. Même les gagnants ne feront que se salir. Sauf si, encore une fois, la seule envie que se partagent les compétiteurs est de se retrouver autour de la table pour se goinfrer du gâteau. Et celle des organisateurs est d’enfoncer Haïti dans la crise pour qu’ils tirent sans peine les marrons du feu de notre décomposition comme État.

En 2015, Haïti a intérêt à stopper la machine de son autodestruction. Cela passera par un processus électoral où même les contestations devront prendre en compte les intérêts du pays.

AUTEUR

Frantz Duval


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