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Le Vatican reconnaît une association des exorcistes

jeudi 3 juillet 2014

Le Vatican a reconnu l’Association internationale des exorcistes (AIE), donnant son soutien à une pratique qui n’est pas admise ou appréciée par tous dans l’Eglise, révèle jeudi 3 juillet l’Osservatore Romano. Le quotidien du Vatican écrit ainsi que la Congrégation vaticane pour le clergé a signé le 13 juin un décret approuvant les statuts juridiques de l’association.

Plus souvent que ses prédécesseurs, le pape François évoque la présence nocive du « malin », du « démon », de « Satan » dans le monde, et la nécessité de lutter par différents moyens contre elle. L’exorcisme, auquel Jésus avait recours selon les Evangiles de saint Matthieu, saint Marc et saint Luc, revient à « chasser les démons », forces du mal qui « possèdent » une personne.

Peu après son élection, lors de la messe de la Pentecôte sur la place Saint-Pierre de Rome, alors qu’il remontait la file des malades, François s’était ainsi approché d’un homme dans un fauteuil roulant, avait écouté les paroles du prêtre qui se tenait à ses côtés, s’était concentré puis avait apposé ses deux mains sur la tête de ce Mexicain de 43 ans, un père de famille « possédé » par quatre démons (selon le prêtre accompagnateur), avant d’appuyer avec force. Cette scène a troublé certains fidèles et prêtres, qui l’interprètent comme une séance d’exorcisme. Le Saint-Siège a démenti, parlant simplement d’une prière intense, mais la rumeur s’est propagée.

UNE PRATIQUE « IGNORÉE ET SOUS-ÉVALUÉE »

Jorge Bergoglio vante souvent les expressions d’une religiosité populaire existant en Argentine, notamment la piété mariale, le culte des saints et les pèlerinages. L’idée de réunir dans une association les exorcistes revient au père Gabriele Amorth, célèbre exorciste de la cité du Vatican et du diocèse de Rome, alors que ces pratiques occultes commençaient à attirer un nombre croissant de fidèles en difficulté dans les années 80.

En 1991 naissait l’Association des exorcistes italiens. Par la suite, le père Amorth organisa des rencontres avec des exorcistes d’autres pays et le nom de l’association changea. Aujourd’hui, l’AIE compte 250 exorcistes dans trente pays. En France, on dénombre aujourd’hui plus de cent vingt exorcistes, contre à peine une trentaine il y a trente ans. Tous ont été nommés par leurs évêques.

Le père Francesco Bamante, exorciste de Rome et président de l’AIE, a souligné à l’Osservatore que « l’exorcisme est une forme de charité au bénéfice des personnes qui souffrent » de profonds troubles intérieurs. Il a espéré que « d’autres prêtres se rendent compte de cette réalité dramatique, souvent ignorée et sous-évaluée ».

« Ce phénomène est le syndrome d’une société en crise, en perte de repères », estimait récemment dans M, le magazine du Monde, l’historienne Florence Chave-Mahir. « Les personnes qui viennent sont en grande souffrance, insistait le père Jean Bernardi, prêtre exorciste de Nice, qui a vu sa « consultation » presque doubler en cinq ans (de 300 à 500 appels par an). Elles ne savent plus à quel saint se vouer, si on peut dire, et pensent qu’on va miraculeusement les guérir ». Pour le porte-parole de la Conférence des évêques de France, Mgr Podvin, « face à l’impasse existentielle resurgit l’hypothèse maléfique. »


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